Avec : Trine Dyrholm, Vic Carmen Sonne, Besir Zeciri, Joachim Fjelstrup
Distribué par Bac Films
Genre : Drame historique
Origine : Danemark, Pologne, Suède
Durée : 2 h 02
Synopsis :
Copenhague, 1919. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre.
Alors
qu’elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique
qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort se crée entre
les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.
Ma critique :
Inspiré d'une histoire vraie, ainsi que d'un livre, ce film de Magnus von Horn nous propose de nous mener dans le début des années 1900, ou plutôt après la première guerre mondiale.
Une jeune femme Karoline, se fait expulser de son logement, travaille durement dans une usine et ne sait pas ce qu'est devenu son mari parti à la guerre.
N'ayant aucune nouvelle de son époux, et le croyant décédé, elle va céder à Jørgen
son patron et va tomber enceinte. Croyant épouser ce dernier, elle va déchanter et de là sa vie va prendre un tout autre tournant. Alors qu'elle tentait de joindre la vie par les deux bouts, elle va tomber dans la misère jusqu'au jour où elle va faire la connaissance de Dagmar. Un conte qui n'en n'est pas un mais qui nous montre vraiment comment se déroulait la vie à cette époque.
Ce long métrage est intéressant par son histoire, par ses interprètes, avec une mention spéciale aux deux femmes principales du film, mais aussi par son côté glacial qu'il peut procurer par ce que l'on va découvrir.
De plus, le réalisateur nous montre la manière dont les autochtones vivaient au Danemark, et nous plonge dans les bains pour femmes sans jamais tomber dans la vulgarité. Il aborde l'avortement, mais aussi les femmes qui adoptaient les enfants abandonnés pour leur trouver une bonne famille.
Ici il nous fait découvrir une commerçante qui fait cela pour aider les femmes esseulées et perdues, contre rémunération bien entendu, mais qui ne va pas être une nounou comme les autres.
Autant Dagmar est une femme de tête, autoritaire, froide, austère, autant Karoline, même si elle a du caractère, est une personne attachante qui va tomber dans les mailles du filet de Dagmar et sous son emprise. A son contact elle découvre une autre manière de vivre, elle a un toit fixe et apprend un métier qui lui était inconnu. En fait, Karoline est résiliente vis à vis de Dagmar, jusqu'à ce qu'elle découvre la vérité sur cette femme.
Magnifiquement réalisé en noir et blanc, ce qui apporte un côté plus authentique pour l'époque et plus froid par son récit, le réalisateur offre de belles scènes, restitue bien les décors, les costumes et la manière de vivre du début du XXe siècle. Sans compter les gueules cassées qu'il évoque via le mari de Karoline.
Horrifique, ce long métrage l'est, et nous montre de quoi la gente humaine est capable. La jeune femme à l'aiguille vous glacera certainement le dos, car sans tomber dans des visuels d'horreur, ne pas montrer, mais suggérer est sans doute encore pire.
Point de tricot dans cette histoire, de point de mousse, à l'envers, ou autre, et même si La jeune fille à l'aiguille n'est certainement pas le film que vous pensiez aller visionner, vous découvrirez une histoire impensable, mais aussi deux actrices incroyables et une photographie léchée et un esthétisme pour ce film en noir et blanc admirable.
Pour en savoir plus :
A propos du réalisateur
Né en 1983 à Göteborg, en Suède, Magnus von Horn vit depuis près de vingt ans en Pologne. Diplômé de l’école Nationale de Cinéma de Lodz, où il enseigne à l’heure actuelle, il s’est imposé, dès ses courts métrages, comme un cinéaste prometteur et ses films ont été projetés dans des festivals comme Sundance et Locarno. Aimant particulièrement travailler dans plusieurs langues, il tourne son premier long-métrage, LE LENDEMAIN, en suédois : le film est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs, à Cannes, en 2015 et remporte le Guldbaggen (Oscar suédois) du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Film. Il tourne son deuxième long-métrage, SWEAT, en polonais et le présente en Sélection Officielle au Festival de Cannes en 2020. Son troisième film, LA JEUNE FEMME A L’AIGUILLE (2024), produit par Nordisk Film, est en danois.
Note d'intention du réalisateur
Dans LA JEUNE FEMME A L’AIGUILLE, on rencontre une ouvrière vivant dans un grenier, un prince sur un cheval blanc qui se révèle être un lâche, un monstre sans visage mais au cœur pur et une sorcière cachée dans un magasin de bonbons. Autant d’archétypes dignes d’un conte. Mais il s’agit d’un conte de fées pour les grands. C’est le genre que nous avons adopté pour raconter une histoire qui s’est déroulée il y a très, très longtemps, mais qui aborde un sujet extrêmement actuel : celui des êtres non désirés et le traitement que nous leur réservons dans la société.Le personnage de Karoline, lutte pour s’en sortir. Peut-elle y parvenir sans renier ses principes ? Quand on évolue dans un monde déshumanisé, on adopte des méthodes qui le sont tout autant, et les repères moraux de Karoline sont rapidement chamboulés.Dans un monde d’apparence, les êtres généreux sont repoussants, et les lâches sont beaux. Karoline tente de s’affranchir de la pauvreté et découvre qu’on peut facilement s’éprendre du diable, mais qu’aimer exige un véritable effort. Après avoir perdu son mari à la guerre, elle vit une histoire d’amour humiliante et se retrouve enceinte sans le vouloir. Pour Karoline, c’est la descente aux enfers. Dans ce film, je voulais questionner sur l’intégrité de nos actes lorsqu’on n’a plus le choix.LA JEUNE FEMME A L’AIGUILLE s’inspire de l’affaire criminelle la plus controversée de l’histoire du Danemark. Un traumatisme national qui a traversé les générations et qui nous renvoie à notre volonté de ne pas regarder en face, encore aujourd’hui, les horreurs qui se produisent dans la société.
A propos des interprètes
Actrice et scénariste vivant à Copenhague, Victoria Carmen Sonne a toujours cherché à susciter au cinéma des émotions fortes chez le spectateur en bousculant les conventions et en mettant en lumière les difficultés, souvent passées sous silence, de l’être humain. En 2016, elle est à l’affiche de IN THE BLOOD de Rasmus Heisterberg qui lui vaut un Bodil de la Meilleure Actrice (Prix de la Critique du Danemark). Peu de temps après, elle tourne sous la direction de Hlynur Palmason pour WINTER BROTHERS, qui lui vaut le Prix Robert Award (Prix de l’Académie du Cinéma du Danemark) du Meilleur Second Rôle. En 2018, elle tourne dans HOLIDAY d’Isabella Eklöf, sélectionné au Festival de Sundance, qui lui vaut le Bodil de la Meilleure Actrice. Un an plus tard, elle siège au jury du Festival du Film d’Oslo, spécialisé dans les films LHBTQIA2S+ et QTIBIPOC. Elle a encore remporté le Prix de la Révélation à la Berlinale en 2020. En 2022, elle est à l’affiche de GODLAND de Hlynur Pálmason, présenté au Festival de Cannes et en lice pour les Oscars.
On la retrouvera dans AZRAEL de E.L. Katz, BULLSHIT de Milad Alami, la série THE HELICOPTER HEIST de Ronnie Sandahl et Daniel Espinosa pour Netflix.
Trine Dyrholm est l’une des comédiennes les plus distinguées et plébiscitées de Scandinavie. Elle s’est imposée au cinéma et à la télévision, dans son pays et à l’international. Elle se fait connaître en 1998 avec FESTEN de Thomas Vinterberg, lauréat du Prix du Jury au Festival de Cannes.En 2016, elle retrouve le cinéaste danois pour LA COMMUNAUTÉ qui remporte l’Ours d’Argent à la Berlinale. On l’a encore vue dans LOVE IS ALL YOU NEED (2010) de Susanne Bier, la série LES HERITIERS de Pernilla August, NICO, 1988 de Susana Nicchiarelli, lauréat du Prix Horizon à la Mostra de Venise en 2017 et DRONNINGEN (2019) de May el-Toukhy, Prix du Public au Festival de Sundance, qui lui a valu le Prix de la Meilleure Interprétation au Festival de Gothenburg.
On l’a encore vue dans THE ALMOND AND THE SEAHORSE (2022), avec Charlotte Gainsbourg et POISON (2024), drame intimiste avec Tim Roth. En 2023, elle a joué dans BIRTHDAY GIRL de Michael Noer et elle est à l’affiche de la série MARY & GEORGE.
On la retrouvera bientôt dans la minisérie REMATCH de Yan England, qui a remporté le Prix à Séries Mania.
Né à Copenhague en 1990, Besir Zeciri est d’origine albanaise et danoise. Très jeune, il n’envisageait pas de devenir comédien car il avait peur de s’exprimer en public. Mais il a toujours souhaité venir en aide à sa communauté et a même pensé devenir policier.
Il s’est surtout fait connaître pour ses rôles de composition et sa capacité à camper des personnages complexes. Au cours de ses études, il se voit confier le rôle de Mads dans WILDLAND qui lui vaut une nomination au Prix Bodil. En 2021, il incarne Mohammed dans OUTLAW qui lui vaut le Robert Award. Puis, il choisit d’attendre un rôle qui lui correspond vraiment – et c’est celui de Peter dans LA JEUNE FILLE À L’AIGUILLE
Tout change en 2009 lorsqu’il intègre une compagnie de théâtre pour surmonter son trac. Il part en tournée à travers le Danemark et, en 2010, il se produit dans Électre. Il joue aussi dans 1864 et Le Pont.Nourri par différentes cultures, il décide de se consacrer au métier d’acteur et de s’exprimer à travers son art. en 2019, il est diplômé de l’École Nationale d’Art Dramatique du Danemark.
Acteur danois plébiscité, Joachim Fjelstrup a été diplômé de l’École Nationale d’Art Dramatique du Danemark en 2013. Il a été consacré Meilleure Révélation à la Berlinale en 2015.Il campe Klaus Rifbjerg dans TOVE’S ROOM autour du célèbre poète danois Tove Ditlevsen qui lui vaut le Danish Academy Award du Meilleur Second Rôle.On l’a encore vu dans WILDLAND de Jeanette Nordahl, avec Sidse Babett-Knudsen, THE BLUE ORCHID qui lui a valu une nomination au Danish Academy Award du Meilleur Acteur, et ITSI BITSI qui lui a permis de décrocher une nomination au Prix du Meilleur Acteur de l’Association de la Critique du Danemark.Plus récemment, il interprète le gourou inquiétant des ENQUÊTES DU DEPARTEMENT V : PROMESSE. Il incarne encore Mads dans la série suédoise ALL AND EVA qui a été nommée au Prix de la Meilleure Série dans la section Panorama à Séries Mania.Parmi sa filmographie, citons encore HYGGE ! de Dagur Kari, et la série THE DREAMER : BECOMING KAREN BLIXEN présenté à Cannes Séries en 2022
MA NOTE : 3.9/5
Prix / Festival :
En Compétition Officielle - Festival de Cannes 2024
Nominé aux Ocars et Golden Globes 2025 catégorie meilleur film étranger
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