Critique film Black box diaries réalisé par Shiori Ito
EN SALLE LE 12 MARS 2025
BLACK BOX DIARIES
Réalisé par Shiori Ito
Avec Shiori Ito
Distribué par Art House
Genre : Documentaire
Origine : Japon, Royaume Uni, États-Unis
Durée : 1 h 42
Synopsis :
Depuis 2015, Shiori Itō défie les archaïsmes de la société japonaise
suite à son agression sexuelle par un homme puissant, proche du premier
ministre. Seule contre tous et confrontée aux failles du système
médiatico-judiciaire, la journaliste mène sa propre enquête, prête à
tout pour briser le silence et faire éclater la vérité.
Alors qu'elle a été abusée sexuellement, après avoir été droguée en 2015, Shiori Ito décide de ne pas en rester là, et chose que l'on voit rarement au pays du Soleil Levant, elle veut porter plainte mais ce ne sera pas chose aisée.
En effet, c'est un homme assez influent et ayant des relations dans les hautes sphères, qui l'a violée.
Difficile de lutter contre la loi, des personnalités qui lui mettent des bâtons dans les roues. Shiori Ito est pugnace et décide d'aller jusqu'au bout mais craint pour sa sécurité. Plus possible d'habiter chez elle, elle ne peut plus aller travailler et se retrouve confinée la plupart du temps chez une amie. Elle sera même obligée de s’exiler dans un autre pays.
La population la traitera de tous les noms, comme une moins que rien, et il n'y aura qu'une poignée d'hommes et femmes qui la soutiendront.
Cette lutte contre son agresseur va durer 8 ans, et on va suivre la caméra de Shiori Ito qui nous fait entrer dans sa vie, mais aussi durant les auditions, au tribunal et lors de conférences de presse.
Elle va avoir des moments de doute, des moments de faiblesses, de grandes faiblesses même, mais quelle femme, avec un caractère bien trempé et qui a pris une décision à laquelle elle ne dérogera pas. Elle doit être un exemple on ne peut que l'admirer pour son courage indéniable.
De plus, il fallait oser prendre la caméra et ne pas demander à quelqu'un de l'aider dans cette tâche, tout en s’attelant à l'écriture d'un livre, duquel est tiré cette histoire.
Le Japon bien que développé dans certains domaines, a du retard en ce qui concerne les abus contre les femmes et rien n'est fait pour les aider. De nombreuses lois seraient à rectifier et ce que nous allons découvrir avec le témoignage vibrant de la protagoniste.
Le mouvement #Metoo pris donc son ampleur avec cette femme qui a su, tout comme dans L'affaire Nevenka, faire front à un homme l'ayant souillée physiquement et moralement.
La culture nippone, par rapport à de tels faits doit vraiment évoluer. Shiori Ito en est un exemple même, car aucune femme, ne devrait avoir à subir ce qu'elle a pu endurer et le pays du soleil levant devrait réellement ouvrir les yeux et se réveiller.
Pour en savoir plus :
A propos de la réalisatrice et protagoniste de ce fait
SHIORI ITŌ
Réalisatrice, productrice
Shiori Itō est journaliste, écrivaine et documentariste. Elle s’intéresse principalement aux questions de genre et de droits de l’homme. Elle cofonde Hanashi Films, une société de production basée à Tokyo et à Londres, qui a notamment collaboré avec la NHK, la BBC et Al Jazeera.En 2017, Shiori Itō écrit La Boîte noire, où elle raconte son viol et son combat pour traduire en justice son agresseur.
Révélant les violences sexuelles au Japon, le livre est récompensé par la Free Press Association of Japan. Traduit en plusieurs langues, il est publié en France en 2019 (aux Éditions Picquier). Symbole du mouvement #MeToo au Japon, Shiori Itō est élue par le Times comme l’une des 100 personnalités les plus influentes de l’année 2020. En 2023, elle adapte son livre en documentaire et réalise Black Box Diaries. Il est présenté au Festival du film de Sundance en 2024 et remporte la même année le prix HUMAN : RIGHTS au Festival international du film documentaire de Copenhague. Au Festival du Film de Zurich, il est sacré meilleur documentaire et reçoit le Prix du public.
NOTE DE SHIORI ITŌ
"Je m'appelle Shiori Itō, je suis journaliste et réalisatrice. Le 29 mai2017, j'ai déclaré publiquement avoir été violée par Noriyuki Yamaguchi, l’ancien directeur du bureau américain de la chaîne télévisée Tokyo Broadcasting System, un journaliste proche du Premier ministre de l'époque, Shinzo Abe. Au Japon parler de viol reste tabou, ainsi seules 4 % des victimes signalent leur agression à la police. Les victimes et leur entourage prennent le risque d'être stigmatisés, voire marginalisés socialement et ma famille s’opposait à mes démarches. L'enquêteur de police en charge de ma plainte m'a lui-même mise en garde. Je risquais de ruiner ma toute jeune carrière journalistique. Le fait est que, à quelques minutes de l’arrestation de mon agresseur, l’enquêteur a reçu un appel «d’en haut» mettant un terme à celle-ci. Cela n’a fait que renforcer mon profond désir de faire éclater la vérité et de changer la société japonaise pour éviter à d’autres femmes de vivre le même chemin de croix que moi.
Le film commence quelques semaines avant ma conférence de presse, le jour où j'ai commencé à enregistrer des témoignages vidéo sur mon iPhone, confessant ma peur de ce qui allait arriver. Je n’avais qu’une vague idée de l’utilisation future de ces enregistrements, l’origine du matériel utilisé pour ce film répondait à un besoin de me protéger. L'année précédente, après la mise sous silence de mon affaire par les divers organes de pouvoir du système japonais, j'ai enregistré en secret des conversations avec la police et d'autres interlocuteurs. Je suis devenue non seulement la victime, mais aussi l'enquêtrice de ma propre affaire.Ma prise de parole a choqué l'opinion publique. Il y a eu une violente riposte de l'ultra-droite, sous forme d’une campagne en ligne de messages haineux et de menaces de mort, et s’y sont ajoutées des critiques de la part de citoyens japonais ordinaires qui se sont attaqués à mon apparence et à mon histoire. Pourquoi le bouton de mon chemisier était-il défait lors de ma conférence de presse ? C’était la preuve que j'étais une « salope ». Dans la vie réelle, un Japonais ne se permettrait jamais de parler de cette manière. Le 16 juin 2017, lors du changement historique de la loi japonaise sur le viol, j'ai senti que j’avais atteint mon objectif et j’ai cru pouvoir retrouver une vie normale. Mais il était trop tard. J’étais devenue une héroïne, une méchante, une icône-mais je ne me retrouvais plus.
Le terme de boîte noire est utilisé pour qualifier un système dont le fonctionnement interne est caché ou difficilement lisible. Le Japon est une terre de boîtes noires, et j'ai appris ce qu’il arrive lorsque l’on commence à les ouvrir dans cette société. Ce film ne traite pas d’une quête de justice face à mon agresseur, ni des politiques de gauche et de droite. Il s'agit plutôt du témoignage de l'expérience d'une femme —ma boîte noire, exposée aux yeux de tous" - Shiori Ito
Ce film était nommé aux derniers Oscar dans la catégorie meilleur film documentaire.
A savoir que ce documentaire n'a pas encore trouvé de distributeur au Japon. Une pétition existe pour que ce long métrage voit le jour là-bas. Je mets le lien pour celles et ceux qui voudraient participer.
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