Film, L'histoire de Souleymane disponible en DVD et BLURAY
A propos du réalisateur :
Normalien, agrégé de philosophie, auteur d’une thèse sur « Crise et Histoire », Boris Lojkine décide, à l’issue de sa thèse, de quitter l’université. Il referme les livres et part au Vietnam où il avait vécu précédemment et dont il a appris la langue, pour y vivre l’aventure. Il y réalise deux films documentaires, Ceux qui restent (2001) et Les Âmes errantes (2005), deux films qui racontent, côté vietnamien, le deuil impossible des hommes et des femmes dont la vie a été traversée par la guerre. Avec Hope (2014), sa première fiction, il change de continent pour se plonger dans l’Afrique des migrants. Le film est présenté à la Semaine de la Critique à Cannes et reçoit des dizaines de prix dans les festivals internationaux (notamment 2 Valois au festival d’Angoulême).
En 2019, Camille reçoit le prix du public sur la Piazza Grande au festival de Locarno, ainsi que le Valois et le Lumière de la meilleure actrice pour Nina Meurisse. Présenté au festival de Cannes 2024 dans la section Un Certain Regard, L’histoire de Souleymane remporte le prix du jury et le prix d’interprétation masculine pour Abou Sangare.
A propos des interprètes :
"Presque tous les acteurs du film sont des non-professionnels sans aucune expérience de jeu. Avec Aline Dalbis, nous avons fait un long casting sauvage, arpenté les rues de Paris à la rencontre des livreurs. Nous avons plongé dans la communauté guinéenne et c’est finalement à Amiens, par l’intermédiaire d’une association, que nous avons rencontré Abou Sangare, un jeune de 23 ans arrivé en France sept ans auparavant, alors qu’il était encore mineur. Son visage, sa parole, l’intensité de sa présence à la caméra nous ont d’emblée saisis. C’était lui.
Pendant plusieurs mois, avec Sangare (les Guinéens s’appellent plus volontiers par leur nom que par leur prénom) puis avec les autres interprètes du film, nous avons fait de nombreuses répétitions. Le poids pour Sangare était énorme. Il est de toutes les scènes, presque de tous les plans. Dans la vie, il est mécanicien, pas livreur. Pendant plusieurs semaines, il a fait de la livraison, pour se familiariser avec les gestes quotidiens, le vélo, le téléphone, l’appli, le sac, la manière de se présenter aux clients, aux restaurateurs. Peu à peu il est entré dans le rôle. Ce temps de répétition permettait aux comédiens de se préparer. Il me permettait aussi de réécrire le scénario en l’adaptant à leur manière de parler singulière, à des détails de leurs personnes.
C’est ce que j’aime dans le travail avec les comédiens non professionnels : ils viennent avec ce qu’ils sont, porteurs de leur monde. A moi de savoir accueillir leur singularité. Pendant les 40 jours du tournage, Sangare nous a tous bluffés. D’une beauté parfois stupéfiante, le visage changeant, très expressif, passant par toute une gamme d’émotions, il était toujours juste, et souvent bouleversant. - Boris Lojkine
La genèse :
"Pour moi, faire des films a toujours voulu dire échapper aux assignations de ce que je devrais être et serais supposé raconter, me projeter dans d’autres vies que la mienne. Depuis quelques années, j’avais envie de réaliser un film sur ces livreurs à vélo qui sillonnent la ville avec leurs sacs bleu turquoise ou jaune vif, siglés de l’application pour laquelle ils travaillent, tellement visibles et pourtant totalement clandestins - la plupart sont sans- papiers.
Hope, mon premier film de fiction, racontait l’histoire de Léonard et de Hope, un Camerounais et une Nigériane qui se rencontrent sur leur chemin vers l’Europe. Dans les débats qui ont suivi la sortie du film, beaucoup de gens m’ont demandé si je ne voulais pas écrire la suite et raconter le sort qui leur serait réservé en France. J’ai beaucoup résisté à cette idée car le voyage fait depuis le début partie de mon désir de cinéma. J’ai tourné tous mes films dans des pays lointains : Maroc, Vietnam, République centrafricaine.
Mais l’image de ces livreurs à vélo me travaillait, et je me suis demandé : et si je filmais Paris comme une ville étrangère dont on ne connaîtrait pas les codes, où chaque policier est une menace, où les habitants sont hostiles, pleins de morgue, difficiles d’accès ? Des HLM de grande banlieue aux immeubles haussmanniens du centre, des MacDo aux immeubles de bureau, des centres d’hébergement d’urgence aux wagons de RER, c’est bien ma ville que j’ai filmée, parfois au coin de chez moi, mais sous un angle radicalement différent. L’autre dans le film, c’est nous : le travailleur pressé qui commande son burger, le passant bousculé qui peste contre les livreurs à vélo, la fonctionnaire qui se tient face à Souleymane". - Boris Lojkine
Festivals et prix :
Festival de Cannes 2024, Sélection officielle, Un Certain Regard
Prix du jury et Prix d'interprétation masculine
Prix Fipresci de la Critique internationale
Prix d’ensemble François Chalais
4 Coups de cœur des Rencontres Art et essai (exploitants / 15- 25 ans / Jeunes Pass Culture / étudiants)
César 2025, 8 nominations : Meilleur film – Meilleur réalisateur – Meilleure révélation masculine – Meilleure actrice dans un second rôle – Meilleur Scénario Original – Meilleur Son – Meilleure photo – Meilleur montage
Bonsoir, un des films de mon top de 2024. J'ai été bouleversée par l'histoire de Souleymane et je suis contente que son interprète ait enfin eu des papiers pour au moins un an. Bonne soirée.
RépondreSupprimerD'ailleurs je pense que c'est pourquoi il est autant nommé dans différents festivals et notamment pour les César. A bientôt
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