Asfar Shamsi, c’est l’histoire d’une enfant qui aime se perdre entre les bacs de la FNAC, jamais loin des bornes d’écoute CD et de leurs casques trop grands. D’une adolescente qui découvre le rap et s’en éprend au point d’écrire ses premiers textes. D’une jeune adulte qui, après plusieurs mois - salvateurs et musicaux - ̀ Beyrouth, se décide à partager les morceaux qu’elle façonne dans sa chambre.

Après Au Revoir Février, Asfar Shamsi préun deuxième EP pour 2025, aux rimes tranchées et ̀ l’écriture soignée, aux textes rap dans leur construction et pop dans leur couleur, aux productions intimes, électros aériennes. Une musique ̀ l’image de tout ses influences.

Lauréate du Fair cette année, deux ans après avoir été sélectionnée au tremplin Rappeuz, Asfar Shamsi s’est réappropriée les genres pour en tirer une musique limpide et enivrante. Un savant mélange entre Sheldon, Luidji et Laurent Voulzy.

C’est avant tout par l’écriture que la musique d’Asfar Shamsi a commencé. Notamment à travers celle très codifiée, puissante et fluide des grands titres de rap. “Le plus important pour moi à cette époque, c’était les rimes. Mais lorsque j’ai acheté un micro, une carte son et que j’ai appris à m’enregistrer, ça a changé ma façon de faire de la musique. Je me suis ouverte aux mélodies”, se souvient-elle. Dans son deuxième EP, Le dilemme du hérisson, ça se ressent. L’urgence de poser des mots pour quelqu’un de pudique et discret se mêle à un sens de la mélodie qui ne laisse pas indifférent. Accompagnée par Wolby et Loufox dans la composition musicale des titres, Asfar Shamsi nous fait danser sur des rythmiques électroniques autant qu’elle cajole nos pensées sur des productions plus minimalistes. Un peu comme lorsque le soleil nous brûle autant qu’il nous caresse l’âme.

Dans ce projet, il y a boîte à musique, aux sentiments de Madeleine de Proust, animal sur le désir de revenir à une existence fidèle aux émotions et aux instincts, escrocs, sur les bandits du cœur. Il y a nuage bleu aussi, pensée comme une comptine pour enfants. Si Asfar Shamsi s’interroge sur l’état du monde avec parfois désenchantement (“on va pas changer le monde ou les hommes en faisant rimer toutes les voyelles”) ou solitude (“j’ai peur d’abîmer les autres”), c’est aussi dans une quête d’équilibre et de sens qu’elle tente de trouver des réponses (“le monde est à toi / les montagnes avec”).

Le dilemme du hérisson est un sublime aveu de vulnérabilité (“j’trouve plus la paix quand je marche / j’tiens plus debout dans le noir”) à travers lequel Asfar Shamsi devient la plume chantante de toute une génération en quête de sens. Une génération qui aime le rap comme la pop, les textes comme les prods, qu’elles soient dansantes ou lancinantes. Ce nouvel EP est un espace sécurisant et intime à toutes celles et ceux qui apprécieront pour sûr ses textes touchants sur ses productions vaporeuses. A travers Le dilemme du hérisson, Asfar Shamsi nous emmène dans sa grande chambre brumeuse avec détermination.

Le dilemme du hérisson est une analogie sur l’intimité humaine. Deux hérissons sont ensemble dans l’immensité glaciale de Sibérie et le froid est si pénétrant qu’il les paralyse presque. Les deux hérissons grelottent et se sentent défaillir : encore quelques minutes exposés à cette température et ils décèderont. Leur vient alors l’idée de se rapprocher l’un de l’autre pour se prémunir du froid. Cependant, à mesure qu’ils se rapprochent, leur manteau piquant vient s’enfoncer dans la chair de l’autre. Ils s’éloignent donc, mais retombent sous les forces glaçantes du climat sibérien. Que faut-il faire : s’approcher trop, ou s’éloigner définitivement ? Existe-t-il un juste milieu ? Leur mort est-elle inéluctable ?

Tracklisting :

boîte à musique
qu’est-ce-que je sais faire de mieux ?
escrocs
sans personne
nuage bleu
les montagnes avec
grands ensembles
animal
un pommier dans mon ventre 

En concert le 14 mai 2025 à la Boule Noire

Véritable talent à suivre....

Crédits photos et vidéo : Coraline Benetti - Asfar Shamsi