à janvier 27, 2025

(Critique) Film Slocum et moi réalisé par Jean-François Laguionie

janvier 27, 2025 Add Comment

SORTIE EN SALLE LE 29 JANVIER 2025

SLOCUM ET MOI

Réalisé par Jean-François Laguionie

Avec les voix de Elias Hauter, Grégory Gadebois, Coraly Zahonero de la Comédie Française, André Marcon, Mathilde Lamusse

Ecrit par Anik Le Ray et Jean-François Laguionie

Musique de Pascal Le Pennec

Distribué par Gebeka Films

Genre : Animation

Origine : Luxembourg, France

Durée : 1 h 16

A partir de 8 ans

Synopsis :

Entre ses rêves d’aventures et un regard tendre sur ses parents, le jeune François passe de l’enfance à l’âge adulte.

Début des années 50, sur les bords de Marne, François un jeune garçon de 11 ans découvre avec intérêt que ses parents entament, dans le petit jardin familial, la construction d’un bateau, réplique du voilier du célèbre marin Joshua Slocum.

Au long des années, dans une France d’après-guerre, le jeune François va voguer de l’adolescence à l’âge adulte. Au fil de la construction du bateau, tout en portant un regard tendre et poétique sur sa mère et son père, le jeune garçon entamera sa propre aventure, celle qui le mènera sur le chemin de ses passions, la mer et le dessin.

Film Slocum et moi réalisé par Jean-François Laguionie

A propos du réalisateur :

Né en 1939 à Besançon, Jean-François Laguionie se passionne dès l’enfance pour le dessin. Après des études aux Arts Appliqués, il rencontre Paul Grimault qui l’initie à l’animation et dont il va partager l’atelier pendant près de dix ans. Là, il va concevoir ses premiers courts métrages. Le succès en festivals est à chaque fois au rendez-vous, jusqu’à la Palme d’Or du Court Métrage au Festival de Cannes pour La Traversée de l’Atlantique à la rame. En 1979, il se lance dans la grande aventure du long métrage avec Gwen, le livre de sable accompagné une petite équipe installée dans une ancienne filature, La Fabrique. Le studio se tourne ensuite vers la production de collections de films TV et de courts métrages. Associé à d’autres studios européens, il travaille sur plusieurs séries en gardant la fabrication en Europe. En 1999, il réalise Le Château des singes, un film beaucoup plus ambitieux et grand public que le précédent. Il collabore ensuite avec Blue Spirit Productions et JPL films pour ses longs métrages suivants.

A propos des personnages :

Joshua Slocum est le premier navigateur à avoir réussi le tour du monde à la voile en solitaire. Il nous a laissé un passionnant journal de bord dans lequel il raconte son aventure. Parti de Boston le 24 avril 1895, il y revint le 27 juin 1898, après avoir parcouru plus de 46.000 milles à bord de son bateau.Il n’avait pas conscience de faire un exploit héroïque, et son récit est plein d’humour. Capitaine à la retraite, il partait pour découvrir le monde et ses habitants. Les photos montrent un homme simple, déjà âgé. (Dans le film, le dessin du personnage est directement inspiré de ces photos)Mais son expérience de la mer lui permet de faire face aux situations les plus aventureuses, avec un calme et une sorte d’élégance, valorisés bien sûr par le regard de François…Des deux côtés de l’Atlantique, Joshua Slocum est à l’origine de nombreuses vocations maritimes et reste aujourd’hui encore une référence pour les amateurs de voile. A New-York par exemple, son aura est telle qu’il possède une place à son nom dans le quartier de Brooklyn.

Au début de la construction du bateau, François a onze ans. Un air effacé. Une allure chétive. De petits yeux noirs qui semblent à l’affût de tout, pour compenser un fort penchant à la rêverie. Une rêverie qui se nourrit de récits d’aventure. Cet oiseau solitaire ne s’intéresse guère à ce que font ses parents... jusqu’au jour où son père commence la construction d’un bateau.La vie à la maison devient soudain fantastique !... Le journal de bord de Slocum ne quitte plus sa table de chevet… Peu à peu, il y a pour lui deux voyages : le vrai voyage de Slocum autour du monde, et la construction du bateau dans le jardin, un rêve auquel il aimerait participer au risque de décevoir ce père qu’il aime profondément.Par moments, à la lumière de quelques petits drames, François et Pierre s’éloignent l’un de l’autre… puis se rapprochent à nouveau. Le bateau est là pour ça !...Avec le temps, la construction s’éternise et les rêves changent. Son regard sur ses parents qui sont toujours aussi amoureux évolue. Si le bateau ne se termine pas, ce n’est pas grave ! Il a tiré le meilleur profit de cette aventure, la vie l’appelle ailleurs sur d’autres océans, et il a appris à construire ses rêves lui-même.

En 1950, l’année où il entreprend la construction de son bateau, Pierre, le père de François, a 37 ans. Représentant de commerce, c’est un homme sérieux qui donne l’impression de diriger sa vie et d’assumer pleinement ses responsabilités…Même si Geneviève et ses copains de billard l’appellent affectueusement Slocum, il ne risque pas de se prendre pour le grand navigateur américain... Pourquoi alors s’est-il mis en tête de construire ce bateau ? Il se comporte comme s’il voulait donner à leur trio familial (créé pendant la guerre avec beaucoup d’amour) une sorte de nid dont il serait à la fois le créateur et le capitaine... Le fait-il pour ce gamin qui n’est pas le sien aux yeux de l’état civil et qui lui ressemble si peu ? Maladroit comme bien des pères, sa tendresse a du mal à s’exprimer... Il s’imagine que François ne l’aime pas comme un père « véritable », celui-là même qui vient d’apparaître comme un fantôme…Mais ce bateau, ne le fait-il pas aussi pour d’autres raisons ?...

Geneviève, la mère, est grande et solide, des yeux clairs plein de malice et de lucidité. De caractère très différent de son homme, elle a décidé de partager avec lui toutes les aventures que ce soient les difficultés d’argent ou, pourquoi pas, la construction d’un bateau…Elle sait qu’il a besoin d’elle à tout moment et prend tout cela avec humour. Elle se documente, se procure les plans ou les ouvrages nécessaires, l’encourage et se prend au jeu… tout en assurant la vie de la maison et du jardin.Elle sait aussi que son gamin est solitaire et ne va pas lui disputer l’attention et la tendresse qu’elle donne à Pierre. Et puis elle connaît ses hommes. La construction du bateau sera vécue pour l’un comme pour l’autre comme une épreuve. Aussi, quand le jeu devient collectif, elle considère que le bateau a atteint son but. Si les cartes marines ne servirent guère, peu importe, ils auront fait un beau voyage !...

Plus jeune que son frère Pierre de deux ou trois ans, Jean est différent. Souriant, très ouvert, toujours une histoire à raconter, il a un tempérament plus aventureux. Et la guerre les a séparés.Lorsqu’il découvre le projet de Pierre, il retrouve les années d’adolescence où son frère, entre deux bagarres, lui apprenait à construire des cabanes sur la rivière.Aussi est-il heureux de partager leur vie pendant quelques semaines, le temps de finir le bateau… Mais en réalité, il connaît mal son frère, et il passe à côté du rêve de cette famille.

Le réalisateur, qui s'inspire de sa jeunesse pour ce long métrage, nous emmène faire un beau voyage. En effet, quelques années après la guerre, non loin de Paris, on visite les bords de Marne avec ses guinguettes et les gens qui profitaient enfin de la vie et de la liberté. Le pont de Nogent, la capitale avec le BHV, etc...

Après une libération durement acquise, les gens paraissaient heureux et de nombreuses constructions en bois naissaient. Ce fût le cas pour Pierre, qui en dehors de ses heures de travail avait décidé de construire un bateau dans son jardin.

On voit donc l'évolution, et le temps qu'il lui faudra, c'est à dire des années, pour s'atteler jour après jour à son ouvrage. Son fils, qui découvrira certaines vérités, comme celle que son vrai père est un autre, se passionnera pour ce bateau et pour la mer. Il lira le récit de Slocum et à travers ses mots on découvrira la traversée de ce dernier.

On le verra grandir, vivre des expériences, et bien que très proche de sa mère, cette passion pour le bateau le rapprochera le temps aidant de son (beau) père qu'il considère comme le vrai. François évoluera au cours des années, en plus de la lecture se passionnera pour le dessin, et découvrira les premiers émois.

Le couple que forme Pierre et Geneviève est en symbiose. Ils s'aiment, sont complémentaires, ils se comprennent et sont heureux ensemble. La mère est très fusionnelle également avec son fils.

Au niveau des dessins, qui pour certaines, juste au niveau des paysages m'ont fait penser à Sempé (ce n'est qu'un ressenti très personnel), ils sont excellents, et avec des images animées qui se mêlent à des images fixes, l'animation en 2D est superbe ainsi que les couleurs jamais criardes. Un tableau vivant en aquarelle. Au niveau de la reconstitution de l'époque, tout a été étudié avec soin.

Quant aux voix choisies, elles collent parfaitement aux personnages et l'on reconnait aisément celle de Gregory Gadebois. La musique est très présente également et a été conçue par Pascal Le Pennec, compositeur de musique et jouée par l’Orchestre National de Bretagne

Une aventure familiale dans un monde clos, celui du jardin, mais qui s'inscrit dans l'époque d'après guerre et l'on se rend compte que les gens étaient enfin heureux. En fait, ce film d'animation, cette histoire simple, et ce bateau, nous fait plus faire un voyage immobile mis à part l'histoire de Slocum et de son tour du monde.