(Critique) Film, Jules au pays d'Asha réalisé par Sophie Farkas Bolla
Sophie Farkas Bolla est une cinéaste montréalaise qui partage son temps entre la scénarisation, la réalisation et le montage. Petite-fille d’un réfugié politique hongrois qui se réinvente en promoteur immobilier dans les Laurentides, Sophie grandit en jouant dans les bois. Elle restera marquée par cette période de sa vie où l’imaginaire et la nature sont rois. Comme cinéaste, elle se replonge dans cet univers en racontant des histoires où les jeunes sont les héros. Elle a réalisé plusieurs courts-métrages qui ont voyagé dans les festivals de films pour enfants à travers le monde. En 2023, elle sort son premier long-métrage, Jules au pays d’Asha.
Copyright Laurence Grandbois Bernard
Note d'intention de la réalisatrice :
Quand j’étais petite, je passais mes étés à la campagne à jouer avec mes sœurs dans le bois derrière notre maison. L’imaginaire était roi et il n’y avait pas de limite à nos aventures. J’accompagnais aussi souvent mon grand-père maternel, mon nagy papa, ce réfugié politique hongrois qui s’était réinventé en promoteur immobilier, sur ses terrains. Je l’aidais avec ses piquets d’arpentage et de retour à la maison on s’imaginait des chasses aux trésors avec les plans de lotissement que je trouvais dans son bureau. Mais lorsque les terrains étaient vendus et les arbres coupés, je me sentais impuissante face à la réalité. Avec le temps, j’ai réalisé combien ces moments ont été porteurs de sens pour l’adulte que je suis devenue. Lorsque j’ai commencé à réaliser des films, mon premier instinct était toujours de raconter des histoires qui me permettaient de replonger dans l’imaginaire de mon enfance. Mais l’adulte en moi cherchait aussi à mieux comprendre le monde dans lequel je vivais. Ma rencontre et ma collaboration à titre de monteuse avec la réalisatrice Inuk Alethea Arnaquq-Baril a été déterminante pour moi en ce sens. En même temps que je montais Angry Inuk (2016), le rapport de la commission vérité et réconciliation du Canada est sorti. L’horreur des pensionnats indiens étaient révélés au grand jour et je ne comprenais pas pourquoi nous n’avions pas appris ça à l’école. S’il y avait une vérité c’est qu’il y avait eu un mensonge. Je me sentais flouée. Jules au pays d’Asha est l’aboutissement créatif d’un long processus de réflexion. Je le vois comme un dialogue entre le monde dans lequel j’ai grandi et les enjeux politiques et sociaux d’aujourd’hui. C’est l’histoire d’un petit garçon qui sort de l’enfance, le moment charnière de sa vie où il quitte le monde de l’imaginaire pour entrer dans la réalité. Et même s’il perd ultimement ses illusions, il va aussi prendre conscience qu’il a une place à prendre dans ce nouveau monde et, à mes yeux, c’est là que se trouve le cœur de mon film.
Alex Dupras a débuté dans le milieu du cinéma dès l’âge de 5 ans. Il commence à se forger une place en obtenant rapidement plusieurs contrats publicitaires pour, entre autres, Arctic Garden et Le Lait. Il a incarné aussi des rôles importants à la télévision dans Une autre histoire, Survivre à ses parents, et Zoomizoom. Tout dernièrement, il a interprété le rôle de Louis Gauvreau dans le dernier film de Lyne Charlebois, Dis-moi pourquoi ces choses sont si belles… et bien sûr, le rôle de Jules dans Jules au pays d’Asha réalisé par Sophie Farkas Bolla. Alex est charmant, talentueux et doté d’un naturel désarmant !
Fougueuse, attachante, émotive, sensible, Gaby Jourdain adore chanter et sait comment obtenir ce qu’elle veut. Lorsqu’elle apprend qu’une réalisatrice vient à Maliotenam, la communauté innue où elle vit, à la recherche d’une jeune actrice pour le rôle principal d’un film, Gaby s’inscrit immédiatement pour passer l’audition et... elle décroche le rôle ! Jules au pays d’Asha est son premier film.
Kevin Papatie est originaire de Kitcisakik, une communauté anicinape située à 90 km au sud de Val-D’or. Grâce à Wapikoni Mobile, il a développé une passion qui l’a amené à se mobiliser pour son territoire et sa culture afin de la protéger et de la partager.Il a réalisé plusieurs films, dont L’Amendement (2007), qui a fait le tour de plusieurs festivals à travers le monde. Ses films traitent de l’injustice, de l’histoire, et sont tous en anicinapemowin. Il est membre fondateur de Minwashin, une organisation culturelle pour les Anicinape, où il joue le rôle de mentor culturel. Il travaille également pour sa communauté sur un projet de recherche avec l’Université McGill afin de donner aux étudiants kitcisakik une trousse d’accès au territoire. Jules au pays d’Asha est son premier film en tant qu’acteur.
Marilyse Bourke est une actrice canadienne, qui a débuté assez jeune dans une série télévisée. Des années 90 à nos jours elle a tourné dans de nombreuses séries, téléfilms.
Au cinéma nous avons pu la remarquer dans La mystérieuse Mademoiselle C, La dernière incarnation et Le sens de l'humour.
Nous sommes ici dans un conte assez rafraîchissant qui nous offre de belles images, nous fait découvrir une autre culture, qui plaira sans doute aux plus jeunes comme aux plus âgés.
Alors qu'il doit changer d'endroit pour vivre en suivant sa famille, hormis son père, Jules se sent exclus chez son oncle, très autoritaire, qui n'a pas les mêmes idées que lui, et qui lui fait bien comprendre qu'il est différent puisqu'il souffre d'une maladie de peau et qu'il ne doit pas côtoyer de près, d'abord ses proches, puis les enfants de l'école, dixit son oncle.
Jules se réfugie dans un livre qu'il a découvert et qui parle de tribus qui ont vécu sur leurs terres, avant d'être chassés.
Alors qu'il cherche son chien, Jules va rencontrer Asha avec qui il va vite devenir ami.
De là, ce long métrage va prendre une autre tournure et nous allons suivre, les aventures et mésaventures de ces deux gamins au demeurant impeccables dans leurs rôles.
En fait, ce film est plus profond que l'on ne pourrait croire, car il aborde les premiers et véritables autochtones qui ont été délogés des endroits où ils vivaient et quelque peu parqués comme les indiens d'Amérique.
Il montre aussi que le fait que Jules ait une maladie fait qu'il soit mis à part alors que celle-ci n'est pas contagieuse.
Il nous prouve qu'il faut savoir s'ouvrir aux autres, les accepter tels qu'ils sont, que l'amitié est une chose précieuse qu'il faut préserver tout en nous distrayant avec ce long métrage familial parfait pour les futures vacances à visionner en famille.
MA NOTE : 3.5/5
Festivals et prix :
Fifem, Grand Prix de Montréal ; Children's Film Award ; Biky, Kids and Youth ; Sélection officielle 63 Zlin Film Festivak 2023, Sélection officielle Griffoni
Festival de cinéma de Florac
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