Critique, film Eviction réalisé par Mathilde Capone
Depuis 2010, Parthenais accueille entre ses murs la vie de toute une communauté queer. Iels sont gay, lesbiennes, trans et vivent ensemble dans le quartier Centre-Sud en plein cœur de Montréal, dans un triplex qui tombe en ruine. Entre les partys qui accueillent parfois plus de deux cents personnes jusqu’au petit matin, les soupers collectifs, les grandes joies et les petits désespoirs, ce vieil appartement a transformé la vie de ses locataires. Douze ans plus tard, la bâtisse est rachetée par une famille aisée qui désire y habiter, gentrification oblige. C’est la fin d’un espace mythique qui a transformé une décennie de la scène queer montréalaise. Les cartons sont trop petits pour contenir toutes les histoires qui se sont déroulées entre ces murs.
A propos de la réalisatrice :
Mathilde Capone vit et travaille dans « Lanaudière » depuis plusieurs
années. Cinéaste, travailleur-euse autonome et animateur-rice en
éducation populaire, elle cherche à façonner d’autres possibles en
donnant la parole à des communautés marginalisées et en créant des
outils d’éducation et d’émancipation. À travers sa maîtrise en
anthropologie sociale à l’Université de Montréal, elle a documenté la
résistance des Ilnu-es de Pessamit face aux violences systémiques et a
réalisé avec elles et eux un long-métrage, Paroles d’Ilnu-e-s. Dans le
projet Des-terres-minées, elle a co-réalisé 30 courts-métrages donnant
la parole à des femmes autochtones et allochtones au « Québec » autour
de leurs visions du territoire. Militant-e féministe, anticolonial-e et
queer, passionné-e de recherche, elle est impliqué-e dans diverses
initiatives collectives qui donnent matière à penser et à transformer.
Depuis plusieurs années, elle fait partie d’un groupe de jeunes
lesbiennes qui créent des liens intergénérationnels avec d’autres
lesbiennes qui ont activement façonné l’histoire et les archives de
cette communauté.
ÉVICTION est le récit de cette page qui se tourne, alors que les habitant(e)s désemparé(e)s cherchent un nouveau lieu où s’établir, en pleine crise du logement et de spéculation foncière.
Le lieu où se déroule ce film est Parthenais, nom donné à l'endroit où ils résident.
C'est à Montréal que la réalisatrice nous mène. Alors qu'une communauté queer était installée dans un endroit où ils s'épanouissaient, ils apprennent qu'ils doivent partir, et nous vivons en leur compagnie leurs derniers jours dans ce lieu où ils ont vécu nombre de choses.
Ils doivent trouver à se reloger et savent pertinemment qu'ils vont perdre ce lien qui les unissait. Ensemble ils avaient bâti une communauté, une intimité et tout d'un coup tout s'écroule.
On assiste tout de même à leurs derniers moments dans cet endroit, où on eu lieu nombre de fêtes, à leurs repas en commun, où chacun s'épanche sur sa vie, son vécu. Ils avaient, pour certains rejoint une famille et ceci ils ne le retrouveront sans doute pas, se retrouvant dispersés à droite et à gauche.
Ces quelques co-locataires, au nombre de 5/6, sont comme une communauté. Ils se revendiquent queer et savant très bien que plus rien ne sera comme avant.
Avec ce documentaire la réalisatrice livre un hommage à ces personnes, à la communauté queer, à ce bel appartement aux moulures où ils auront vécu tant de moments, et nous fait comprendre ce qu'est la crise du logement au Canada.
Un film qui force à la réflexion sans aucun doute.
Prix Pierre-et-Yolande-Perrault aux Rendez-vous Québec Cinéma en 2024
Crédits Crédits mathilde capone - Vues du Québec Distribution
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Vous êtes passés me lire, laissez moi un petit mot - Merci