(Critique) Film, La bella estate réalisé par Laura Luchetti
SORTIE EN SALLE LE 27 NOVEMBRE 2024
LA BELLA ESTATE
Réalisé par Laura Luchetti
Avec : Yile Yara Vianello (Ginia), Deva Cassel (Amelia), Nicolas
Maupas (Severino), Alessandro Piavani (Guido), Adrien Dewitte
(Rodrigues)
Distribué par OutPlay Films
Genre : Drame
Origine : Italie
Durée : 1 h 41
Synopsis
1938, à Turin. Ginia a quitté avec son frère le foyer familial pour trouver du travail en ville. Elle se montre particulièrement créative pour la couture dans l’atelier où elle est employée tandis qu’elle est fascinée par sa rencontre avec une jeune femme modèle pour des artistes.
A propos de la réalisatrice :
Réalisatrice et scénariste, Laura Luchetti a signé des films, séries télévisées, courts-métrages d’animation, documentaires et pièces de théâtre.
Son premier long-métrage, Febbre da fieno (2010), distribué en Italie par The Walt Disney Company Italia, a été présenté dans de nombreux festivals internationaux.
Elle a également réalisé deux courts-métrages d’animation : Bagni (2016), finaliste aux Nastri d’Argento, et Sugarlove (2018), sélectionné à la Semaine Internationale de la Critique à Venise et récompensé par un Nastro d’Argento. Son deuxième long-métrage, Fiore Gemello (2018), a été sélectionné à l’Atelier du Festival de Cannes et au Sundance Screenwriters Lab, et a été projeté dans des festivals prestigieux comme Toronto, Londres et Busan. La série Nudes (2021), qu’elle a réalisée (et pour laquelle elle a reçu le Prix Maximo), a été diffusée sur RaiPlay, atteignant plus d’un million de spectateurs dès la première semaine. Son dernier film, La Bella Estate, a été sélectionné en Piazza Grande au 76e Festival de Locarno.
Note d'intention de la réalisatrice :
" Cesare Pavese, en parlant de son roman La Bella Estate, le décrit comme l’histoire d’« une virginité qui se défend ». Dans le film, cette virginité devient peut-être celle « d’une transformation ». C’est l’histoire du corps de Ginia, qui grandit, désire, veut être vu et aimé. L’histoire de toutes les femmes qui entrent dans l’âge adulte, peu importe l’époque ou le lieu.
Le regard « féminin » et délicat de Pavese sur le monde, sur les désirs, l’amour et les hommes, a été le point de départ de cette adaptation cinématographique. Un saut réalisé avec autant d’amour que de crainte. Le roman de Pavese, écrit il y a près de quatre-vingt-cinq ans, m’a immédiatement touchée dès ma première lecture. Il m’a paru incroyablement universel, profondément moderne.
Ginia, jeune femme en quête d’elle-même, craignant de ne pas être à la hauteur et de ne pas pouvoir explorer sa sexualité, rencontre Amelia, une autre jeune femme qui la conduit dans un monde nouveau, plein de tentations, de faux rêves et de fragilité. Elle l’entraîne dans un univers bohème, libre, audacieux, sans préjugés : celui de l’art et de la représentation. Car le film est aussi une réflexion sur le désir d’être vu à travers les yeux d’un autre, d’être peint, photographié, immortalisé, et donc d’exister. Ginia poursuit cette illusion dans les années 1930, tout comme une jeune fille d’aujourd’hui qui aspire à voir son image sur les réseaux sociaux, être admirée, validée, pour enfin devenir « quelqu’un ».
Le roman résonne tellement avec notre époque qu’en racontant l’histoire de Ginia, j’ai eu l’opportunité de voir le monde à travers ses yeux, ceux d’une jeune femme, comme tant d’autres, dans ce moment crucial où l’on se découvre, où l’on se confronte à sa sexualité, à la croissance et à la quête de liberté Les hommes, cette fois, restent dans l’ombre, pris entre leur rôle de prédateurs et leur propre fragilité, victimes de leur condition. Pavese porte sur eux un regard sévère, mais j’ai voulu atténuer cette dureté tout en restant fidèle à son récit.
Ginia, sous la pression de la société, de son éducation et de son environnement, cède à un homme, car c’est ce que font toutes ses amies. Pourtant, dans la douleur de cette trahison envers elle-même, elle découvre la vérité de ses sentiments et trouve le courage de se libérer.
Seul le personnage du frère, une petite liberté artistique que je me suis permise, apporte la douceur d’un frère moderne, un frère d’aujourd’hui, qui comprend le tourment de sa sœur. Il joue à être un père, mais contrairement aux autres, il ne la juge pas.
L’été de Ginia est l’été de toute jeune femme confrontée à un choix. Le film raconte cet instant décisif et universel où l’on devient adulte, où l’on retient son souffle pour exercer la plus grande des libertés : celle de choisir comment aimer, sans peur ". - Laura Luchetti
A propos des interprètes :
Yile Yara Vianello est une actrice italienne qui a débuté assez jeune dans le cinéma avec Corpo Celeste. Depuis on a pu la voir dans Sème le vent, Bae, La chimère.
Elle tient l'un des deux rôles principaux celui de Ginia.
Deva Cassel porte un nom célèbre et on ne peut faire que le rapprochement par son patronyme avec son père Vincent Cassel, et par sa ressemblance et sa beauté avec sa mère Monica Bellucci. Après avoir défilé pour de grands couturiers, égérie pour Dolce & Gabbana, fait de nombreuses couvertures comme mannequin, elle débute ici au cinéma dans le rôle de Amélia
Elle sera prochainement au générique de Bethlehem et du film Le Guépard.
Adapté du roman éponyme de Cesar Pavese, j'ai pris plaisir à visionner ce film qui nous emmène à Turin ville que je connais que trop bien désormais.
Voir les protagonistes déambuler Piazza Castello, Via Roma et autres, nous fait découvrir une Italie que j'adore.
Au niveau de l'histoire, on parle ici d'amour mais pas que. En effet, on aborde ici la question du choix, celui de vivre à la campagne ou en ville, la question d'aimer un homme ou une femme, la question de travailler avec un métier sûr ou d'être artiste mais de ne pas toujours manger à sa faim.
Avec une jolie reconstitution au niveau des décors, des costumes, la réalisatrice nous propose des gens assez modernes dans leur façon d'être et d'exister. Elle aborde aussi beaucoup l'apparence, tellement importante de nos jours, mais elle l'est aussi dans ce long métrage pourtant situé dans une autre époque.
Coup de cœur certain pour Yile Yara Vianello qui a le rôle le plus important en jouant Ginia. Bien que Deva Cassel soit très belle, grande, mannequin et qui pose nue pour des peintres avec un corps parfait dans cette œuvre en interprétant Amelia, il s'avère que Yile a nettement plus de charisme et nous offre une magnifique interprétation.
Les autres interprètes ne sont pas en reste, mais en étant de toutes les scènes elle apporte énormément à La Bella Estate.
Le désir, la sexualité sont largement abordés mais la réalisatrice ne tombe jamais dans la vulgarité, et tout est doux et jamais déplacé. Elle parle de Mussolini, et peut être justement là, aurait-il fallu insister un peu plus sur l'époque et ce qu'il se passait. En fait, ce long métrage parle de l'attirance féminine, et bien que diamétralement opposées elles ne peuvent lutter contre.
Bien qu'assez lent dans son rythme et s'attachant surtout à Ginia, ce long métrage est soigné, esthétiquement beau et captivant à visionner.
MA NOTE : 3.7/5
Festivals et prix :
Festival de Locarno
Cinemed – Festival du Film Méditerranéen de Montpellier
Festival Écrans Mixtes Lyon
Festival du Film Italien de Lyon
Festival du Film Italien de Nice
Festival du Film Italien de Porto Vecchio
Festival du Film Italien de Nice
Festival du Film International de Chicago
Les Journées du Cinéma Italien 2024 à l’Espace Magnan de Nice
Festival du Cinéma Européen de Meyzieu
Crédits photos et vidéo : Outplay Films
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