(Critique) Film What a fantastic machine ! Réalisé par Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck
A propos des réalisateurs :
Les cinéastes Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck collaborent depuis 2013 sous la bannière de la société de production suédoise Plattform Produktion, lauréate de deux Palmes d’Or (The Square et Sans Filtre de Ruben Östlund). Plattform Produktion est une petite entreprise qui travaille comme un collectif : les artistes se nourrissent mutuellement de conversations et d’idées et veillent à ce que leurs films sortent de la meilleure façon possible. Comme dans leurs travaux précédents, le premier long métrage d’Axel et Maximilien, WHAT A FANTASTIC MACHINE !, étudie également le comportement humain, mais cette fois du point de vue de notre paysage médiatique moderne : lorsque l’image s’impose par rapport aux autres formes de communication, modifie-t-elle nos comportements humains fondamentaux ? FANTASTIC MACHINE utilise près de 100 % d’images d’archives pour créer une aventure amusante, intense et éducative, en replaçant l’être humain au centre.
Les courts métrages primés du duo ont été présentés en avant-première à la Berlinale, Cannes, Toronto, Hot Docs, Aspen, Palm Springs et Sundance. Dans leur court métrage le plus connu, Ten Meter Tower, les deux cinéastes ont demandé aux gens de grimper au sommet d’une tour de plongée et de décider s’ils devaient sauter… ou redescendre. Ils voulaient étudier le comportement humain face à la question du dilemme. Ten Meter Tower (2016), en sélection à la Berlinale avant de concourir dans plus de 100 festivals, dont Sundance et Palm Springs, a remporté les prix du jury et du public à Clermont-Ferrand. Des millions de personnes ont vu le film en ligne et il est devenu viral sur le site Internet du New York Times. Il a été acquis par le Musée finlandais d’art moderne et exposé à la Biennale de Venise ; a remporté plus de 30 prix internationaux, a été sélectionné pour un Oscar en 2017 et nominé pour un Emmy Award. Ten Meter Tower, ainsi que leur court métrage le plus récent, Jobs for All !, peuvent être vus sur le site Web Op-Docs du New York Times.
Note d'intention des réalisateurs :
« La personne qui dépeint son monde avec la caméra façonne l’image de notre société tout en étant son propre miroir. FANTASTIC MACHINE est une tentative d’aiguiser notre regard et de changer notre perspective sur les images que nous consommons. » L’appareil photo est une machine fantastique. D’une part, la caméra est un prolongement de nos yeux, un élargissement de notre champ de vision. De l’autre, il y a toujours quelqu’un derrière la caméra, dirigeant son regard en fonction de ses propres intentions, son idéologie, ses intérêts financiers…
Nous sommes désormais arrivés à l’heure des 45 milliards de caméras sur la planète : ces milliards d’images aiguisent-elles notre vision du monde ou ne font-elles que la brouiller ? La révolution numérique a changé nos habitudes de visionnage.
Où nous retrouvons-nous maintenant pour partager et discuter autour de ces images ? La consommation de
l’image ne peut-elle se faire que dans une recherche individuelle de dopamine ou permettrait-elle aussi de
construire un espace de réflexion ? Est-il vrai que la caméra ne ment jamais ? Est-il vrai que ce que nous voyons dans ces images une « vérité » ? Si ce n’est pas le cas, peut-on alors faire confiance à l’ouverture d’une discussion collective ?
À mesure que la consommation d’images vues sans œil critique se développe, nous constatons que le monde devient de plus en plus polarisé.
Depuis 2010, le nombre de pays se transformant en dictatures est supérieur au nombre de pays se transformant en démocraties. L’UNESCO affirme que « l’éducation aux médias et à l’information » doit devenir un droit humain, car elle considère cette éducation comme élémentaire pour contrer cette logique troublante.
L’essor exponentiel de l’appareil photo et de son produit, à savoir l’image photographique, est devenu un moyen de communication moderne comparable à la révolution de l’imprimerie de 1450. Cependant, pendant que nous passons nos années d’école à apprendre à interpréter la communication – à apprendre à écrire et à être critique des écrits des autres - on enseigne très peu de choses en matière d’images photographiques, même si près de 80% de nos impressions sensorielles sont enregistrées par nos yeux. En tant que cinéastes, nous aimons la caméra. On ne peut cesser de s’émerveiller de la possibilité de « laisser la nature se représenter » (comme on peut le lire dans les articles de journaux de 1839, année où l’invention de l’appareil photo a été révélée au public). Nous croyons en la caméra comme un outil qui peut relier l’humanité en partageant nos expériences et créer une compréhension commune. En tant que cinéastes, nous sommes à la fois des anthropologues visuels et des sociologues : chaque fois que nous voyons des exemples incroyables, complexes ou horribles de l’impact de la caméra sur la société, nous les
enregistrons dans nos archives personnelles.
L’étape suivante est venue tout naturellement : mettre toutes ces images dans un film ; faire de la caméra le sujet central pour contextualiser ces images et montrer au public notre point de vue à travers notre montage. Nous espérons que ce film favorisera la pensée critique. Il couvre près de 200 ans d’histoire, de 1839 à aujourd’hui, depuis les toutes premières images jusqu’à ce que nous appelons aujourd’hui notre «industrie du contenu». Le titre FANTASTIC MACHINE fait bien entendu référence à l’appareil photo lui-même. De plus, la « Machine fantastique » s’adresse aux mondes qui utilisent cette machine particulière : le commerce, la culture et l’industrie de l’image.
C’est quelque chose que nous devrions façonner ensemble pour répondre à nos besoins en tant que société, car « comme l’énergie atomique, (elle) peut être utilisée pour un bien incalculable, mais elle peut aussi causer des dommages irréparables ». (Eamon de Valera, président de l’Irlande).
La caméra restera ; nous devons maintenant commencer à formuler, ensemble, son potentiel et ses limites. Il est temps pour nous de façonner cette « Machine Fantastique ». - Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck
Voici un documentaire des plus intéressants dont je ne m'attendais pas à ce qu'il me passionne autant.
Remontant au début de la photographie, puis celle de la caméra, avec de très nombreuses images fixes ou vivantes, les réalisateurs nous montrent l'évolution de ces objets. Sur plus d'un siècle, je pourrais dire même presque deux, on peut voir des clichés en noir et blanc, puis en couleur, la télévision faire son apparition, la publicité également et nous faire comprendre comment nous sommes conditionnés dès notre plus jeune âge afin d'être attirés par quelque chose dont nous n'avons pas spécialement besoin.
Nous voyons les images des années 60, puis 70, jusqu'à nos jours. Nous en arrivons aux années 2000 qui deviennent - surtout maintenant - une ère qui nous pousse à toujours aller plus loin pour attirer des followers, et le voyeurisme s'installe progressivement dans notre monde, alors qu'il y a quelques années certains êtres sur terre n'avaient encore jamais vu leur visage sur une photo.
Tout est allé très vite, je dirais trop vite et l'on vient à se demander s'il ne faudrait pas arrêter là cette évolution grandissante.
En effet, alors qu'au début de la photo, du film, on prenait un certain plaisir, qu'est-il devenu de celui-ci puisque c'est la course au nombre de vues et l'on peut se poser la question si cet appareil est toujours le bienvenu dans notre vie car il nous gâche des moments de bonheur que l'on pourrait vivre à côté sans lui étant donné le temps que nous y consacrons.
Le film s'enchaine à vitesse grand V, passant d'un plan à un autre, même s'ils n'ont rien à voir entre eux, mais le montage est tellement bien fait, avec un narrateur qui nous explique au fur et à mesure ce que nous voyons, que nous n'avons aucun mal à suivre ce documentaire et qui s'avère très explicite quant à notre rapport à l'image.
De la lune, nous passons à une influenceuse narcissique toujours prête à aller plus loin, puis à des hommes armés qui font du recrutement via l'image, à un homme qui se retrouve sur un plateau de débat alors qu'il était venu pour une embauche en tant que comptable, etc... Il y a celles et ceux à l'aise devant un objectif et celles et ceux qui ne le sont pas.
On découvre, bien que nous n'étions pas sans le savoir, qu'avant même l'intelligence artificielle, des procédés arrivaient à nous faire croire des choses via des montages, qui en fait étaient truqués.
Outre le fait qu'il soit intéressant, instructif, ce documentaire est aussi amusant et nous fait souvent sourire.
Les réalisateurs ont un but au travers de cette œuvre nous pousser à nous questionner : "quelles sont les conséquences de l’exposition aux milliards d’images qui rivalisent constamment pour attirer notre attention ?" et on peut avouer qu'ils réussissent justement à ce que l'on s'interroge.
What a fantastic machine ! est un film ambitieux mais largement abouti.
SUNDANCE – WINNER
world cinema documentary special jury award: creative vision
BERLINALE
generation special mention
LES ARCS
Section Jeunesse
FESTIVAL DU FILM ROMANTIQUE DE CABOURG
Séances scolaires
Crédits photos et vidéo : Singularis Films - Little Dream Pictures
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