(Critique) Film Les jours réalisé par Geneviève Dulude-De Celles
Note d'intention de la réalisatrice :
"Le cancer du sein est la maladie la plus répandue dans ma famille maternelle. Ma grand-mère en a souffert dans la cinquantaine. La plupart de ses sœurs l’ont eu. Leur mère et leur tante aussi. C’est dire que cette maladie tristement populaire est courante dans mon entourage, changeant complètement la trajectoire de certains proches… Comme celle de ma bonne amie et coproductrice derrière ce projet, ayant perdu sa mère à un jeune âge des suites d’un cancer du sein.
À l’approche de la quarantaine, j’en suis venue à m’intéresser davantage à cette maladie, à son impact sur le corps de la femme, sur son identité. Pour ce faire, j’ai voulu aller à la rencontre de femmes venant tout juste de recevoir leurs diagnostics. J’avais comme projet de les suivre tout au long de leurs traitements, en faisant avec elles une série d’entrevues hebdomadaires. Je voulais observer quel impact pouvait avoir une maladie s’attaquant à des symboles féminins forts — les cheveux, les seins- sur le plan physique et psychologique. Nous avons entamé nos recherches de protagonistes à l’automne 2020. En plein cœur de la deuxième vague de la COVID, d’un énième confinement, trouver une femme dans un état si fragile et prête à s’engager sur un tournage à long terme fut un défi. Autrement dit: nous cherchions une aiguille dans une botte de foin.
Or la chance — ou ma bonne étoile — m’a amené à rencontrer Marie-Philip. Elle venait tout juste de recevoir un diagnostic de cancer du sein, stade 3. C’était une semaine avant sa fête de 29 ans.
J’ai eu un coup de cœur pour Marie-Philip. J’ai été troublée par sa jeunesse. De 5 ans ma cadette, je pouvais plus facilement m’identifier à elle, me projeter dans son histoire. Marie-Philip m’a rapidement accueillie dans son cercle rapproché. Je suivais ses tribulations sur un groupe privé où elle publiait des vidéos de son « aventure » pour tenir au courant ses proches, éloignés par la COVID. Tranquillement, le projet que j’avais en tête a pris les contours de sa vie à elle. J’ai ainsi décidé qu’elle serait mon unique protagoniste.
Marie-Philip avait pris l’habitude de se raconter en documentant tout via son téléphone cellulaire. Ses vidéos, sorte de journal intime, m’apparaissaient plus parlantes que les entrevues que j’avais imaginées. J’ai délaissé mes entrevues en lui donnant plutôt accès à une petite caméra amateur, qu’elle pouvait traîner partout avec elle, à une période où l’accès aux hôpitaux était proscrit.
En complément à ses images me donnant accès à son quotidien, j’ai aussi voulu camper mon regard : celui de la narratrice extérieure à la situation. Le contexte pandémique nous obligeant à limiter les contacts, j’ai été amenée à prendre la caméra afin de réduire l’équipe au minimum. Je me suis donc immiscée dans la vie de Marie-Philip de façon très intime, à la manière d’une nouvelle amie à qui l’on se confie. Finalement, cette proximité nous a rapprochées, créant entre nous une réelle amitié. Le documentaire m’a également permis de rencontrer la famille de Marie-Philip; ses parents l’hébergeant lors de ses traitements. J’ai été très émue par le soutien indéfectible de ses proches, central dans son parcours. Leur vécu m’a sensibilisé aux répercussions que peut avoir la maladie sur l’entourage, sur la difficulté de devoir soutenir la personne dans le besoin lorsque l’on est directement affecté par la situation. Ses parents, mais aussi son frère et sa sœur, se sont naturellement taillés une place dans notre récit, allant même jusqu’à prendre la caméra pour documenter les évènements lorsque Marie-Philip n’était pas en mesure de le faire. Ainsi, le documentaire s’est construit à partir de leurs images et des miennes, en misant toujours sur l’intimité.
Par ce portrait, nous souhaitions donner une voix à une jeune femme aux prises avec le cancer du sein, plus souvent associé dans l’imaginaire collectif et les campagnes de sensibilisation à des cas plus âgés. C’est donc sous cet angle, celui de la jeunesse, et plus particulièrement de la trajectoire de Marie-Philip, que nous avons voulu témoigner des hauts et des bas de cette maladie, avec honnêteté et humour". - Geneviève Dulude-De Celles
La protagoniste :
Marie-Philip détient un baccalauréat en traduction et une maîtrise en linguistique hispanique. Elle poursuit ses études doctorales en éducation des langues secondes. Actuellement, elle enseigne comme chargée de cours dans différentes universités et elle s’occupe de la conception du programme de français d’une institution financière canadienne. Elle parle français, anglais, espagnol, allemand et un peu catalan et portugais. Elle adore la grammaire, les chats et Harry Potter.
Ce documentaire poignant débute étrangement. En effet, un portable posé quelque part, nous fait plus entendre que voir une jeune fille qui vient d'apprendre qu'elle est atteinte d'un cancer. Cette personne est Marie-Philip.
A la suite de ces premières images ont pourrait croire qu'elle va s’effondrer et en fait on découvre une jeune femme pleine de pep's, souvent souriante, bien vivante, qui lutte contre cette maladie.
Cette dernière est retournée vivre chez ses parents car elle a besoin de soutien et d'aide et il faut dire qu'ils mettent tout en œuvre pour la soutenir. Sa sœur et son frère également, qui iront même jusqu'à se raser le crane tout comme elle. D'ailleurs, ce documentaire est plus axé côté familial que côté médical.
La réalisatrice a filmé des images, mais Marie-Philip puisque l'on était à l'époque du Covid, et qu'il était difficile de la suivre tout le temps, s'est enregistrée également, souvent chez elle, et laissait transpirer des moments assez intenses et privés.
*PREMIERE: Doxa Documentary Film Festival, 2023
*Film d’ouverture, Festival Vues sur Mer, 2024
*Nomination Meilleur conception sonore dans un long métrage documentaire, Prix écrans canadiens, 2024
*QuebecineMX, Mexico, 2024
*Quebecuá, Espagne, 2024
*Rendez-vous Québec Cinéma, 2024
*Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ), 2023
*Festival international du cinéma francophone en Acadie (FICFA), 2023
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