(Critique) Film Jour de colère réalisé par Jean-Luc Herbulot
Jean Luc Herbulot est un réalisateur franco-congolais. Il s’est notamment fait remarquer pour son court-métrage « Concurrence loyale », un film de 16 minutes mêlant suspens, action et humour noir. Co-produit avec Thierry Frémont et Sagamore Stévenin, le film est acheté par Canal Plus, Orange et distribué en Italie, Espagne, en Russie et en Afrique du Nord.
En 2014, il écrit et réalise le film « Dealer », son premier film indépendant en France. C’est l’un des premiers films français achetés par Netflix . Il est également le créateur et réalisateur de la série « SAKHO et MANGANE », une série policière africaine, créée pour Canal + Afrique et 1ère série africaine francophone, distribuée par Netflix.
En 2020, il écrit et réalise son deuxième long-métrage « Saloum ». Un western horrifique tourné au cœur de la région mystique du Saloum, au Sénégal. En juin 2021, il tourne son troisième long-métrage et premier film américain « ZERO » au Sénégal.
A propos des interprètes :
JoeyStarr est avant tout un chanteur lorsqu'il débute. Depuis il a tracé son chemin et est également compositeur de musique de films, scénariste et acteur comme dans Authentiques, film dans lequel il a commencé sa carrière de comédien.
Par la suite on a pu le voir aussi bien à la télévision qu'au cinéma comme dans L'immortel, Polisse, Je ne suis pas votre nègre, etc... Il a remporté le prix Patrick Dewaere en 2012 et dans le film Jour de colère il interprète Frank.
Asia Argento est Anna dans ce long métrage. Cette actrice Italienne a plusieurs casquettes car elle est aussi bien comédienne que productrice, scénariste, réalisatrice. Parmi les rôles les plus marquants comme actrice on peut citer La reine Margot, Marie-Antoinette, Seule : les dossiers Silvercloud. On pourra la retrouver dans de nombreux rôles à venir.
Joaquim Fossi interprète Virgil. Avec 7 ans de carrière on peut nommer parmi ses films Le test, Nouveau départ, Gérald le conquérant.
Sans oublier des comédiens tels Michele Riondino, (qui jouait dans Saloum), Michaël Abiteboul, qui ont des rôles secondaires.
Note du réalisateur :
"« JOUR DE COLÈRE » est un film sur la rédemption d’un homme condamné. Symboliquement, la route qu’emprunte Frank est comparable à la rivière de Joseph Conrad dans In The Heart of Darkness. Plus Frank remonte la rivière, plus ses péchés vont lui sauter au visage comme des grenades dégoupillées, lancées dans un passé qui refait surface. « JOUR DE COLÈRE » c’est deux côtés de la route : devant lui il y a Virgil, derrière lui il y a César. Le début et la fin. Le passé et le présent.
Le passé, c’est César et toute la vie que Frank tente de fuir. Le futur c’est Virgil et ce que Frank ne veut pas devenir. Frank est un homme coincé entre deux mondes, entre deux bourreaux, entre deux destins et littéralement, entre deux genres de films, le polar et le film fantastique. C’est là, où « Interstate », le script d’origine d’Anthony Jaswinski réussissait un tour de force : marier deux genres, tout en liant le tout avec des personnages en trois dimensions, et un large panel d’émotions.
Frank n’est pas seulement un tueur avec des remords qui se bat contre deux bad guys, c’est quelqu’un qui va lentement réaliser qu’il n’y a aucune issue à les combattre et que ce voyage est une traversée du Styx pour le salut de son âme. Au milieu de tout cela, tout est émotions : émotion liée à la trahison envers un ami d’enfance (César), émotion liée à la culpabilité en voyant ce qu’il aurait pu devenir si la haine l’avait consumé (Virgil), émotion liée à l’amour perdu (sa relation avec Anna, la femme qu’il veut emmener avec lui), émotion liée à sa rédemption (son passé et ce qu’il a fait).
« JOUR DE COLÈRE » est bien plus qu’un polar, bien plus qu’un film fantastique, bien plus qu’un film d’action, c’est un film somme, qu’il est important d’incarner et de faire incarner. C’est en même temps, un film d’action et un tiroir à symboliques. C’est le miroir posé en face d’un homme qui va mourir et qui va lentement décider de choisir sa mort, dans une apothéose.
C’est un film à double lecture : au premier degré, c’est l’histoire d’un anti-héros, qui après une vie de violence, se convainc que tout peut encore changer. En filigrane, c’est bien l’amour inconditionnel et tardif pour une femme, qui en est le déclencheur. Mais, cet anti-héros, c’est JoeyStarr, le bad guy préféré des français ! Donc le spectateur est avec lui dès le début, et s’identifie à ce gangster dépourvu de haine. C’est un peu le mélange de « Driver » du film de Winding Refn et de Winston Wolfe dans « Pulp Fiction ». C’est aussi un gangster « gentleman » parce que prêt à aider une femme en détresse, rencontrée sur le bord de la route, ou plus loin, un étudiant perdu au milieu de la nuit.
Au premier degré, on frissonne pour Frank lors de son voyage, lorsque le destin met sur sa route, un psychopathe de plus en plus redoutable, à mesure qu’il avance vers son objectif. De psychopathe, il va passer à un personnage surnaturel : le diable en personne, qui ne peut laisser échapper un si bon serviteur. Mais en deuxième lecture, c’est la lutte entre le nouveau Frank, celui qui croit en la vie et en l’amour d’Anna, la seule femme probablement qu’il ait aimée. Et l’ancien Frank, le tueur qui a vécu une vie entière de violence. C’est un face-à-face quasi biblique entre deux parties de sa conscience. La mise en scène laisse le spectateur dans l’ambiguïté. Est-ce que Virgil existe réellement ? (Il n’y a aucune interaction à l’écran entre Virgil et un autre personnage que Frank jusqu’au twist final). Les différentes victimes qui jalonnent le parcours de Frank, peuvent aussi bien être son œuvre. Est-ce que Frank n’a pas finalement exécuté Tony comme il devait le faire ? L’étudiante n’était-elle pas une jeune femme enlevée pour le trafic de prostitution de César, puis tuée parce qu’en fuite ? Est-ce que le policier Belge n’a pas tenté de l’arrêter ? De même que Stefano, le garde du corps de César ? Et le chemin avec toutes ces routes existe-t-il réellement ? N’est-ce pas plutôt un cheminement mental ?
Dans la mise en scène et le choix du casting, j’ai voulu superposer ces deux niveaux de lecture, et ces deux genres de façon à dire au spectateur qu’il est dans un film de gangster, mais que quelque chose cloche. Types de plans, mouvements de caméras, musique, ça commence avec le motif du gangster solitaire. Mais bientôt, le sound design dans la forêt et la musique qui introduit progressivement des leitmotivs angoissants, envoient des alertes au spectateur.
Le personnage de Frank ressemble au parcours de nombreux voyous marseillais qu’on rencontre dans les faits divers, extrême violence comprise, et ceux des chefs, sont malheureusement bien proches deceux de « Gomorra ». Comme l’histoire veut se concentrer sur le voyage de Frank, il n’y avait que très peu de place pour les personnages secondaires. Anna et César n’ont chacun que quelques scènes avant de retrouver Frank. Ainsi, était-il nécessaire de choisir des acteurs dont le charisme et la filmographie nourrissent d’eux-mêmes les personnages. Avec Asia Argento, on sait immédiatement à qui on a à faire, et Michele Riondino que j’ai découvert au casting, porte l’histoire du cinéma de gangster italien sur son visage !
« JOUR DE COLÈRE » est fondamentalement un film noir, et mystérieux. J’ai essayé de varier le rythme et les scènes pour plonger le spectateur dans une forme de malaise inexplicable sans pour autant ne jamais cesser de le divertir. - Jean-Luc Herbulot
Pour les amateurs de thriller, celui-ci en est un dans tous les sens du terme. Action, bagarres, ambiance froide et sordide. Sans compter JoeyStarr qui se fond dans son personnage de dur, mais qui au fond de lui même a une part de tendresse que l'on découvre au fur et à mesure du film.
Jour de colère débute sur une route avec une voiture qui roule à vive allure, et avec la bande musicale de Pierre Nesi nous sommes de suite baignés dans le bain.
En croisant une voiture abandonnée, puis cette jeune femme apeurée qui fuit dans la nuit, et la rencontre avec Virgil, tous ces moments vont faire que les plans établis par Frank vont s'en trouver quelque peu contrariés.
Jour de colère, à la base appelé Interstate, oscille entre polar et fantastique. On retrouve bien la patte de Jean-Luc Herbulot, déjà bien ressentie et pressentie par son genre, dans son précédent film Saloum.
Rythmé ce long métrage l'est. Glacial également de par son histoire et ce qu'il se passe et par l'interprète principal qui montre peu ses émotions. Pourtant Frank en a avec son passé que l'on va découvrir petit à petit, et par ce futur en compagnie d'Anna celle avec qui il veut poursuivre sa vie mais différemment. Ses plans vont être contrariés en croisant la route de Virgil quelque peu fou et machiavélique.
Si on ne cherche pas un cinéma pointilleux, on peut se laisser prendre au jeu de Jour de colère qui, avec la signature cinématographique du réalisateur que l'on ne peut pas nier, nous entraîne dans une histoire étrange, dérangeante, mais qui a du sens.
Bien entendu il y a quelques imperfections dans ce long métrage, mais tout n'est pas à jeter, comme j'ai pu le lire dans certaines critiques à mon avis trop sévères.
Pour ma part, jusqu'à la fin, ce polar/thriller/fantastique, m'a tenue en haleine et les interprétations sont cohérentes et crédibles.
Le final m'a quelque peu déstabilisée et je ne savais plus trop quoi penser. Jour de colère est réellement un film de genre on ne peut pas l'interpréter autrement et qui nous entraîne vers les ténèbres.
En fait, Jean-Luc Herbulot, si on lit bien la note citée plus haut, nous ouvre des pistes, à nous de les interpréter comme on le souhaite. Pour ma part j'ai choisi la fin que je veux donner à ce film, et vous ?
Festival :
BIFF International Competition 2024
Crédits photos et vidéo : KapFilms
Je pense tout simplement que Franck perd la raison. Devient incontrôlable. Il incarne le mal absolu. D'ailleurs son amie a compris et a pris la fuite.
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