(Critique) Film Anaïs, 2 chapitres réalisé par Marion Gervais
SORTIE EN SALLE LE 11 SEPTEMBRE 2024
ANAÏS, 2 CHAPITRES
Réalisé par Marion Gervais
Distribué par La vingt-cinquième heure
Genre : Documentaire
Origine : France
Durée : 1 h 44
Synopsis :
Anaïs,
24 ans, s'installe comme agricultrice en Bretagne. Rien ne l'arrête. Ni
l'administration, ni les professeurs misogynes, ni le tracteur en
panne, ni les caprices du temps... 10 ans plus tard, Anaïs est
maintenant mariée avec un jeune Sénégalais, Seydou. La dure loi des
frontières compliquant tout, ils vont devoir se relever les
manches...Ensemble.
A propos de la réalisatrice :
Marion Gervais est réalisatrice de films documentaires. Auparavant elle a été directrice de casting pour de nombreux cinéastes (Bruno Podalydès, Claire Denis ou encore Chantal Akerman). Ce sont les livres, la route et les voyages à travers le monde qui l’ont construite.
En 2009, son premier court-métrage, La Bougie n’est pas faite de cire mais de flammes réalisé dans le cadre des Ateliers Varan, suit une petite fille rom dans son quotidien entre les squats, l’école et la rue.En 2013, Anaïs s’en va-t-en guerre, son premier film documentaire qui suit une agricultrice bretonne pugnace et pleine de convictions, est sélectionné dans de nombreux festivals, vu près d’1 million de fois sur internet et récompensé d’une Étoile de la Scam. Elle réalise en 2015 La Bande du skatepark, une websérie documentaire pour France TV Nouvelles Écritures et en 2017 La Belle Vie reçoit le Prix du Jury documentaire au Festival de Luchon et une Étoile de la Scam.
En 2023, elle est de retour avec Anaïs s’en va aimer, suite des aventures d’Anaïs qui n’est plus seule mais amoureuse. Elle a rencontré Seydou au Sénégal. Ils se sont épousés, là-bas. Anaïs, 2 chapitres fait le lien entre deux moments d’une vie espacée par près de10 ans. Le diptyque sortira le 11 septembre 2024 en salle.
Note d'intention de la réalisatrice :
"Lorsque j’ai rencontré Anaïs, il y a 10 ans, en plein hiver, au milieu de son champ, seule dans sa caravane, sans eau ni électricité, à trier sa menthe fraîchement ramassée, elle venait tout juste d’avoir 23 ans. Sauvage mais pas arrogante, d’une simplicité désarmante, foisonnante de vitalité, je l’écoutais raconter le combat passionné qu’elle commençait à mener. Celui de monter sa petite installation de plantes aromatiques coûte que coûte. Et ce malgré un monde agricole machiste, une administration kafkaïenne, un maire plus enclin à faire de son village une carte postale pour touristes qu’à donner un coup de pouce à une toute jeune femme qui veut monter sa petite exploitation agricole. Sa parole était intense et authentique, son regard sur le monde sans concession. Elle était entière, solaire, drôle, rock n roll, rebelle. Une bourrasque de fraîcheur dans un monde en demi-teinte. Une fille libre.
Je l’ai tout de suite aimée. J’ai tout de suite été touchée par cette fille de vingt ans, les mains dans la terre, droite dans ses bottes, qui ne triche ni avec la vie, ni avec les autres. J’ai eu un coup de foudre pour son franc-parler qui dit son monde avec des mots simples. La filmer monter sa ferme fut une évidence tant ce qui émanait d’elle était fort et me semblait aussi raconter quelque chose d’à la fois universel et intime. Ensuivant cette jeune femme qui refuse de subir sa vie, qui ne«veut pas travailler pour des cons et ni à l’usine» et pour qui «faire ce qu’elle veut» est la moindre des choses, je voulais aussi qu’elle nous ramène à l’essentiel : ça veut dire quoi, vivre sa vie ?
Après 2 ans de tournage intense, Anaïs s’en va-t-en guerre sort en avril 2014 et touche le public. Il y a eu un engouement fort pour cette jeune femme qui donnait un coup de vitalité dans les vies formatées qu’offre notre société. Des vies propres, bien rangées et qui ne font pas de vague. Le contraire d’Anaïs. De ce film est née une amitié solide. Durant ces 10 dernières années, je n’ai jamais cessé de l’observer grandir, s’accomplir, travailler sans relâche ou se révolter contre les absurdités du monde. Son esprit acéré et sincère ne s’est pas asséché avec le temps. Ni son humour. Au contraire. La maturité lui donne plus d’épaisseur, sans rien entacher de sa rage ni de sa joie de vivre. J’aime encore plus la femme qu’elle est devenue. Entière, déterminée et toujours en accord avec elle-même. Son impulsivité a donné place à une rage plus rassemblée mais ses colères comme ses joies restent intenses. Elles continuent de nous interroger.
A l’aube de ses 33 ans, Anaïs m’a confié, à son retour d’un voyage au Sénégal, être tombée là-bas follement amoureuse de Seydou, un jeune homme de son âge. Très rapidement, ils se sont mariés en Casamance. Après cela, Anaïs n’avait plus qu’une idée en tête : vivre avec Seydou dans «son bidonville heureux», comme elle nomme sa ferme, d’une vie simple qui leur ressemblerait, en harmonie avec la nature et leurs convictions profondes. J’ai décidé de reprendre ma caméra et de filmer une nouvelle fois Anaïs traversant une grande étape de sa vie : l’amour.
J’aime filmer les moments où l’existence ouvre le champ des possibles et raconte les grandes étapes de la vie, en plein élan : l’amour, les ruptures, le premier boulot, les trahisons, la mort. Elles sont universelles et nous tendent un miroir. Je ne pouvais qu’avoir envie de filmer Anaïs retrousser ses manches encore une fois et l’observer se battre. Cette fois-ci, contre les préjugés, contre les administrations poussiéreuses, contre l’absurdité des paperasses, contre le racisme décomplexé ou inconscient qui surgit sans crier gare, contre le RN qui gangrène son village breton. La regarder aussi aimer et se dépatouiller avec la rugosité d’une vie à deux. Dans sa manière d’être au monde, Anaïs insuffle quelque chose de politique à sa vie.
Après la sortie d’Anaïs s’en va aimer en avril 2023, ma productrice, Juliette Guigon, m’a suggéré de regarder les 2 films l’un à la suite de l’autre, en une fois. Pourvoir. J’ai aimé. Beaucoup. Découvrir 10 ans d’une vie simple et combative se déployer en 1h44, sous mes yeux, m’a profondément touché et interpellé sur la puissance du documentaire. Le cinéma documentaire nous permet d’accéder à des destins, à des luttes, à des combats et à des histoires d’une manière très sensible. C’est de l’ordre de l’expérience. Avec Anaïs, 2 chapitres, c’est cela que j’ai voulu partager. Une belle expérience : celle de découvrir Anaïs grandir sous nos yeux et traverser quelques-unes des grandes étapes de son existence". - Marion Gervais
Biographie d'Anaïs :
Anaïs naît en 1987 et passe son enfance en Bretagne. Après une année en faculté d’histoire en 2005, elle part seule avec son sac à dos arpenter l’Inde pendant 6 mois. A son retour en 2007, elle se lance dans une formation d’herboriste qu’elle achève en 2011. L’année suivante, elle s’installe à Sains, petite commune de 500 habitants à proximité de Saint-Malo et tente de monter son installation de plantes aromatiques. En 2013, la jeune femme se fait connaître du grand public avec le documentaire Anaïs s’en va-t-en guerre. Elle y racontait ses galères et les difficultés à s’installer quand on est une femme et que l’on n’est pas issue du milieu agricole. Trois ans plus tard, elle achète une ferme et des terres suite à l’engouement du documentaire et grâce à une campagne de financement participatif où plus de 19 000 euros sont récoltés.
En 2019, elle rencontre son futur mari Seydou, un jeune sénégalais, et commence l’écriture de son livre Anaïs s’en va t’en guerre qui sort l’année suivante. Cette rencontre amoureuse donne l’envie à Marion Gervais de la filmer une nouvelle fois dans une seconde partie intitulée Anaïs s’en va aimer. En 2021, ils se marient au Sénégal et Seydou arrive sur le territoire français pour s’installer avec elle en Bretagne. L’année suivante voit la naissance d’Anouk, leur fille.
Il y a 10 ans je n'ai pas vu le premier documentaire concernant Anaïs. C'est donc tout à fait novice que j'ai découvert celui-ci.
Cette jeune femme est pétillante, n'a pas les deux pieds dans le même sabot et ne ménage pas sa peine pour obtenir ce qu'elle désire. Anaïs est rafraichissante et combat tous ceux qui veulent entraver sa manière de vivre. Elle ne veut pas de patron, vivre la vie qu'elle veut avec l'homme qu'elle aime et le fait bien savoir quitte à se battre contre vents et marées.
Depuis toutes ces années, le temps a passé, des choses ont évolué et on va suivre le parcours d'Anaïs et les difficultés qu'elle a pu rencontrer.
Au travers des images on ressent la complicité qui peut lier Anaïs à la réalisatrice. Relier les deux histoires et nous montrer la métamorphose de la jeune agricultrice est une bonne idée.
Bien qu'affrontant d'autres problèmes comme le racisme, l'administration, Anaïs même si elle a vieillit, a toujours la hargne et ne lâchera rien car elle veut vivre comme elle l'entend et en cela on ne peut que lui dire bravo. Une jeune fille à laquelle on s'attache sans problème.
MA NOTE : 3.5/5
Festivals et prix :
Grand prix à Cinéma For change
Festival Étonnants voyageurs
Crédits photos et vidéo : La vingt-cinquième heure
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Vous êtes passés me lire, laissez moi un petit mot - Merci