(Critique) Film Hijo de sicario réalisé par Astrid Rondero et Fernanda Valadez
SORTIE EN SALLE LE 21 AOUT 2024
HIJO DE SICARIO
Réalisé par Astrid Rondero & Fernanda Valadez
Avec : Juan Jesús Varela, Yadira Perez Esteban, Sandra Lorenzano, Alexis Jassiel Varela, Jairo Hernández Ramírez, Kevin Uriel Aguilar Luna, Karla Garrido
Distribué par Damned Distribution
Genre : Drame
Origine : Mexique, États-Unis, France
Durée : 2 h 05
Synopsis :
Après l’assassinat d’un sicario dans une petite ville mexicaine, Sujo
son fils de quatre ans se retrouve orphelin et en danger. Sa tante est
obligée de l’élever isolé à la campagne, mais l'ombre de la violence va
poursuivre Sujo à chaque étape de sa vie. Comme si le destin de son père
devait se confondre avec le sien…
Astrid Rondero et Fernanda Valadez sont deux artistes mexicaines qui travaillent ensemble depuis plus de 15 ans, en tant que réalisatrices, scénaristes et productrices.
Après trois courts métrages, OF THIS WORLD (2010), EN AGUAS QUIETAS (2011) et 400 MALETAS (2014), elles produisent en 2017 THE DARKEST DAYS OF US, le premier long-métrage d’Astrid Rondero, puis SANS SIGNE PARTICULIER (2021) réalisé par Fernanda Valadez et qui remporte les Prix du public et du Meilleur scénario à Sundance.
En 2024, elles remportent le Grand Prix de Sundance avec HIJO DE SICARIO qu’elles ont coréalisé.
Note de réalisation :
"Nous pensons que la force de nos films vient de notre appartenance à une minorité et qu’ils nous engagent à raconter les histoires de notre époque. Et quelle époque au Mexique… Des milliers d’enfants se sont retrouvés orphelins à cause de la violence des cartels de la drogue. Certains sont les enfants des victimes, « les dommages collatéraux » du narcotrafic, mais d’autres sont les filles et les fils des responsables de ces massacres. Le film est une histoire sur ces « autres ». Quel est l’héritage de ces enfants, qu’est-ce qui les attend ? Et surtout, la question qui a construit cette histoire : que faudrait-il à un jeune homme pour qu’il puisse remettre en question ce qui semble être son destin ?
HIJO DE SICARIO est un récit ayant deux origines : celle d’un nom et celle d’un homme. Avec l’histoire d’un tueur donnant à son fils le nom d’un cheval, le film s’intéresse à la transcendance, à l’héritage caché, aux rêves que nous réalisons sans le savoir : des rêves qui viennent de l’esprit de nos mères et pères, et de leurs parents avant eux. Comme un flux d’expérience humaine qui nous relierait tous, sans ignorer les espoirs des générations précédentes. Formellement, HIJO DE SICARIO est un film de passage à l’âge adulte raconté par différents personnages qui ont compté dans la vie de Sujo : les gens qui l’ont aimé, qui lui ont appris et qui l’ont laissé continuer sa route. Le film est construit en épisodes, et c’est l’un des aspects qui nous enthousiasmaient le plus, que l’on puisse se permettre une exploration narrative, formelle et visuelle de l’histoire. Le récit visuel change à chaque épisode car les personnages secondaires sont comme des nouvelles saisons de la vie de Sujo. Nous voulions que chaque partie ait sa propre atmosphère. Chaque épisode a été tourné avec des objectifs de prise de vue différents explorant ainsi de nouvelles textures, lumières et atmosphères.
Le film avance sur différents niveaux de réalité. Nous cherchions à travailler sur des choses plus anciennes et primales, comme les croyances et les images qui viennent des premières femmes et des hommes, des éléments aussi magiques que mystérieux et réels, comme le feu, comme une nuit étoilée, comme la mort. Nous voulions que les épisodes soient comme les visages d’un prisme, chacun ajoutant un morceau et une couche d’un objet plus complexe. Au final, le film est un portrait de ce jeune homme, Sujo, mais aussi une promesse de l’homme qu’il mérite d’être.
À l’époque où nous travaillions sur SANS SIGNE PARTICULIER, nous sommes tombées sur Levantones, chroniques écrites par Javier Valdez, grand journaliste mexicain qui fût lui-même plus tard victime de violences. Ce ne sont pas tant les histoires qui ont retenu notre attention mais davantage l’atmosphère qu’il a su partager avec humanité et respect : des récits réels à la fois de victimes et d’auteurs, de femmes, d’hommes et d’enfants, tous pris pour une raison ou une autre dans la violence des cartels de la drogue qui sévit au Mexique.
Il y a également l’inspiration de Jude l’Obscur de Thomas Hardy, qu’apprécie beaucoup Astrid. Les histoires d’orphelins turbulents sont une façon de chercher à comprendre les choses sous une lumière plus pleine d’espoir. Et enfin, le nom Sujo vient d’une légende mongole que Fernanda lisait enfant, une histoire d’amitié entre un garçon et un cheval.
Comme à notre habitude, le projet est né de rencontre d’idées, de souvenirs et de choses auxquelles nous tenons, et nous a menées à HIJO DE SICARIO, l’histoire d’un orphelin qui grandit dans un Mexique violent et lutte contre la fatalité en cherchant son vrai moi".
A propos des interprètes :
Juan Jesús Varela, comédien mexicain, commence à être connu pour son interprétation dans Sans signe particulier, mais il explose réellement avec ce premier rôle de Sujo.
Le récit de ce garçon, né d'une mère décédée à sa naissance et d'un père tueur à gages, élevé par sa tante est prenant de bout en bout.
Alors que Nemesia qui s'occupe de lui alors qu'il est encore très jeune, loin de tout à la campagne, et que l'on voit grandir, après de mauvaises fréquentations, prenant quelque part le chemin de son père, doit faire face à certaines situations et fuir au loin et trouver sa voie.
Avec une exceptionnelle interprétation de Juan Jesus Varela, ce long métrage va crescendo et ne reste jamais dans le même registre.
Après avoir abordé la sorcellerie avec la tante, la violence avec son père puis plus tard avec deux jeunes garçons qu'il fréquente, on va le voir plongé dans la grande ville de Mexico où là il devra choisir son chemin.
Tout au long de ce film, le sens de son prénom est évoqué, sans que l'on sache que qu'il indique. La fin de cette œuvre nous dévoilera enfin la signification et une grande part de mystère sera levée.
Intelligemment les réalisatrices abordent le sujet du cartel au Mexique et de tout ce qui s'y passe. Violence, tuerie, trafic, rien n'est occulté. Les femmes montrées à l'écran y sont fortes, et malgré la peur risquent leur vie pour ces enfants, qui quelque part n'y sont pour rien.
Ce film est composé de 4 parties qui feront à chaque fois référence à un ou des personnes. Comme des pages d'un chapitre que l'on tourne.
Avec un solide scénario, de superbes plans, une jolie photographie, ce long métrage est réussite et nous tient en haleine.
Un film fort qui montre qu'avec la volonté de s'en sortir, malgré un lourd passé, rien n'est impossible.
MA NOTE : 3.9/5
Festivals et prix :
COUP DE CŒUR AFCAE / INÉDITS
SUNDANCE 2024 - GRAND PRIX
CINELATINO TOULOUSE 2024 - PRIX CINE+
FESTIVAL INTERNATIONAL DE SOFIA - GRAND PRIX
Crédits photos et vidéo : Damned Distribution
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