Critique film Universal Theory réalisé par Timm Kröger
SORTIE EN SALLE LE 21 FÉVRIER 2024
UNIVERSAL THEORY
Titre original : Die Theorie von allem
Réalisé par Timm Kröger
Avec : Jan Bülow, Olivia Ross, Hanns Zischler, Gottfried Breitfuß, David Bennent, Philippe Graber
Distribué par UFO Distribution
Genre : Thriller
Origine : Allemagne, Autriche, Suisse
Durée : 1 h 58
Synopsis :
1962 : lors d’un congrès de physique dans les Alpes suisses, le jeune
Johannes défend une théorie sur l’existence de mondes parallèles. Mais
personne n’y croit, pas même son tuteur.Les mystères s’accumulent
pourtant : une curieuse formation nuageuse dans le ciel, la présence
fantomatique de Karin, cette jeune pianiste qui l’obsède et semble tout
savoir de lui… Et ces personnes victimes d’accidents étranges dans la
montagne ? Le réel semble bien fragile en ce lieu.
A propos du réalisateur :
Né en 1985 à Itzehoe (Allemagne), Timm Kröger étudie à l’European Film College de Ebeltoft (Danemark), puis à la Filmakademie BW de Ludwigsburg (Allemagne).Son premier long métrage, The Council Of Birds qui est aussi son film de fin d’études, est présenté à La Mostra de Venise en 2014 lors de la Semaine de la critique.Il collabore également en tant que directeur de la photographie sur deux des films de Sandra Wollner, The Trouble With Being Born et The Impossible Picture.Depuis 2018, il fait partie de The Barricades, une société de production à Berlin, en collaboration avec Viktoria Stolpe. Universal Theory est son premier long métrage en tant que co-scénariste et réalisateur à sortir en salles.En 2023, le film est sélectionné en compétition internationale dans plusieurs festivals : la Biennale-Mostra International du film de Venise où il reçoit Le Bisato d’Or du Meilleur Film remis par la critique indépendante, L’Etrange Festival où il reçoit le Grand Prix Nouveau Genre du Meilleur Film et le Prix du Public, le Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg.
A propos des interprètes :
L’acteur allemand Jan Bülow naît à Berlin en 1996 et réside maintenant à Vienne. Il étudie à l’Académie d’Art Dramatique Ernst Busch de Berlin, mais quitte l’école avant l’obtention de son diplôme. Jan Bülow est engagé par le Schauspielhaus Zürich, devenant membre à part entière de la compagnie pour la saison 2018/2019. Le premier rôle qu’il interprète est le rôle principal dans la pièce de William Shakespeare, Hamlet, mise en scène par la directrice artistique Barbara Frey. Bülow rejoint ensuite l’ensemble du Burgtheater de Vienne pour la saison suivante.Dès 2012, il apparaît sur les écrans de cinéma notamment dans Radio Heimat de Matthias Kutschmann (2016) et Cut Off de Christian Alvart (2018). En 2018, on le retrouve dans L’Inciseur de Christian Alvart (sorti en France en VOD en 2020 et disponible sur Prime Video) et en 2020 dans Dogs of Berlin (une série originale Netflix inédite en France). La même année, dans Lindenberg ! Do Your Thing d’Hermine Huntgeburth (inédit en France), qui raconte la jeunesse du chanteur de rock Udo Lindenberg, Bülow incarne le rôle principal tout en interprétant luimême plusieurs chansons. Pour ce rôle, il reçoit Le Prix du cinéma bavarois dans la catégorie Meilleur Nouveau Talent, et lui vaut également une nomination pour un Lola (équivalent des César en France) en tant que meilleur acteur.
Olivia Ross est une actrice franco-britannique née à Paris. Elle étudie l’art dramatique à la Guildhall School of Music and Drama de Londres et débute sa carrière théâtrale au Shakespeare’s Globe Theater. Au cinéma, on la retrouve plusieurs seconds rôles de productions françaises : Tout est pardonné (2007), Le père de mes enfants (2009) et Eden (2014) réalisés par Mia Hansen-Løve, Je l’aimais de Zabou Breitman (2009), Personnal shopper (2016) et Doubles vies d’Olivier Assayas. En 2016, elle décroche le premier rôle dans le drame Souffler plus fort que la mer de Marine Place.
Prochainement, en dehors de la sortie en salles de Universal Theory, on la retrouvera dans le biopic consacré à Niki de Saint Phalle, Niki, réalisé par Céline Sallette. Dès 2013, elle se fait connaitre du grand public en apparaissant dans de nombreuses séries à succès : Virage Nord, la minisérie Guerre et Paix, Killing Eve, Les Sentinelles et Knightfall (produit par Jeremy Renner) où elle incarne le premier rôle féminin. Elle est aussi actrice de théâtre et reprend depuis la rentrée 2023 quelques représentations pour la création La Philosophie de la maison, sur la place des Vosges à Paris.
Né en 1958 en Autriche, Gottfried Breitfuss suit, de 1982 à 1984, une formation pour devenir acteur au Mozarteum de Salzbourg. Ses engagements le mènent ensuite au Residenz theater de Munich, au Schillertheater de Berlin, à la Freie Volksbühne de Berlin et au Theater Basel en Suisse. Après douze ans passé là-bas, il rejoint l’ensemble du Stuttgart Staatstheater, où il a joué joue de nombreux rôles principaux et dirige plusieurs productions. Depuis 2005, il est membre de la compagnie du Zürich Schauspielhaus.Il a travaillé avec de nombreux réalisateurs renommés et a régulièrement participé à la série télévisée Tatort en Autriche et en Suisse. Ses apparitions les plus récentes incluent Les amitiés invisibles et Bis ans Ende der Nacht, tous deux réalisés par Christoph Hochhäusle.
Né en 1947, originaire de Nuremberg, Hanns Zischler a, jusqu’à présent, joué dans environ 200 productions cinématographiques et télévisuelles nationales et internationales. Ses apparitions comprennent des rôles principaux dans des films de réalisateurs tels que Wim Wenders, Steven Spielberg, Andrew Birkin, Olivier Assayas, Claude Chabrol, Yves Boisset, Bob Swaim, Pascal Bonitzer, Costa-Gavras, Liliana Cavani, Jean-Luc Godard, Agnieszka Holland, István Szabó et Rudolf Thome (avec qui il a réalisé tourné huit longs métrages au total).
En 2000, il remporte l’Ours d’or à la Berlinale pour sa contribution exceptionnelle, aux côtés de l’ensemble du casting, pour Paradiso : Sept Jours avec sept femmes. En 2005, il joue le rôle de l’agent du Mossad Hans dans Munich de Steven Spielberg. En 2022, on a pu le voir au cinéma dans Servus Papa, See You in Hell de Christopher Roth et sur le petit écran dans quelques épisodes de la série à succès allemande créée par Tom Tykwer, Hendrik Handloegten, Achim von Borries Babylon Berlin (Série Netflix diffusée en France sur Canal+). Entre 2004 et 2018 il est décoré à de nombreuses reprises (dont L’Ordre du Mérite de la République Fédérale d’Allemagne en 2011). Il fut aussi éditeur et traducteur pour des philosophes français.
Né à Lausanne en 1966, David Bennent bouleverse le monde entier grâce à son rôle d’Oskar dans Le tambour de Volker Schlöndorff (1979). Par la suite il tourne avec Yves Boisset dans Canicule (1984), Legend de Ridley Scott (1985), She Hate Me de Spike Lee (2004). En 2007, il retrouve Volker Schlöndorff dans Ulzhan. En 2013, il joue au côté de Mads Mikkelsen dans Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières et en 2016 il est dans Planetarium de Rebecca Zlotowski. En 1985, pour le petit écran, il joue dans plusieurs épisodes d’Inspecteur Derrick. Fils de l’acteur Heinz Bennent et de de la danseuse Diane Mansart, il vit entre l’Allemagne et la France.
Note d'intention du réalisateur :
"Ce film a commencé ( je sais que c’est cliché de le dire !) comme un rêve… Un paysage de montagne étrange, mais étrangement familier. Un congrès de physique qui semble t-il ne se tiendra jamais. Et une histoire d’amour absorbée dans une « conspiration » qui reste opaque jusqu’à la fin du film. Ce film est justement censé se ressentir comme un rêve ; une image qui peut être aussi déconcertante que divertissante et qui évoque le cinéma d’antan. Ou plutôt un amalgame de souvenirs du cinéma d’antan. Un peu comme si Hitchcock et Lynch (et d’innombrables autres, connus ou oubliés) faisaient l’amour sur la moquette d’un vieux hall d’hôtel ! Cela inclut également la musique, comme celle de Herrmann ou de Paul Misraki dite « musique utilitaire», qui peut être pathétique, drôle et naïve, mais aussi complexe, fragile et indisciplinée. Le genre de musique qui, comme les images en mouvement qu’elle accompagne, semble parfois prisonnière du romantisme tardif (fin 19e), mouvement dont le développement s’est arrêté rapidement, mais qui a su se développer, durant cette période, avec autant d’ironie que d’émotion sincère.C’est justement cette simultanéité d’émotions contradictoires qui m’intéresse le plus. Lorsque nous suivons Johannes dans ce film, assistons-nous à l’histoire tragique (et peut-être trop familière) d’un génie inconnu, ou observons-nous les aberrations paranoïaques d’un idiot chassant des ombres métaphysiques ? Ce film fait invariablement les deux.
Le Chat de Schrödinger est, pour ainsi dire, à la fois un génie et un mort cérébral. Tout comme le film, qui raconte avec sérieux sa mystérieuse histoire d’amour, mais ne manque pas de voir l’abîme (et le pathétique potentiel de comédie) qui se cache sous ce que l’on appelle le destin. L’histoire semble profondément enracinée dans le XXe siècle, ce siècle long et étrange qui, malgré toutes ses horreurs réelles et la découverte des psychédéliques chimiques, n’a toujours pas réussi à détruire complètement la vieille idée du génie individuel guidé par le « destin ». L’idée opposée, à savoir que nous vivons dans un univers indifférent et chaotique, reste pratiquement insupportable jusqu’à aujourd’hui, même si les preuves semblent parfois accablantes (personnellement, je trouve les deux options tout aussi intrigantes).Mais tout cela nous laisse avec une question sans réponse : qu’est-ce que tout cela signifie ? La réponse se trouve selon moi dans le multivers du cinéma, qui synthétise nos rêves collectifs avec les pièges de la réalité. Tout comme Johannes, nous ne savons peut-être pas qui a écrit la musique étrange qui traverse le couloir, mais nous reconnaissons certainement la mélodie". - Timm Kröger
Pour mieux comprendre Universal Theory :
Qu'est-ce que le multivers ?
Le terme de multivers est utilisé par les scientifiques pour décrire l’idée selon laquelle, au-delà de l’Univers observable, d’autres univers pourraient également exister. Des théories scientifiques prédisent les multivers sous l’angle de différents scénarios possibles, allant de régions de l’espace situées dans d’autres plans de notre Univers, à des univers-bulles indépendants du nôtre et qui naissent en permanence.Toutes ces théories ont un point commun : elles suggèrent que l’espace et le temps que nous connaissons ne sont pas la seule et unique réalité.
Qu'est-ce que l'interprétation de Copenhague ?
Il s’agit de l’interprétation standard de la mécanique quantique, essentiellement mise en forme par Niels Bohr en 1927 à partir des résultats obtenus par Werner Heisenberg et Max Born, quant à l’interprétation de la mécanique matricielle de Born-Heisenberg-Jordan et celle, ondulatoire, de De Broglie-Schrödinger. Elle est basée sur le principe de complémentarité de Bohr. Ce principe tire son inspiration de l’exemple de la théorie de la relativité, dans lequel la solution des contradictions de la mécanique newtonienne avec l’électromagnétisme de Maxwell a consisté à remettre en cause l’existence d’un temps absolu et d’une existence indépendante de l’espace et du temps. De la non-mesure d’un mouvement absolu et de l’existence d’une vitesse limite pour tous les signaux causaux dans l’univers, on en déduisait la vacuité du concept de mouvement absolu, et une fusion de l’espace et du temps en la géométrie de l’espace-temps.
Qu'est-ce que Le chat de Schrödinger ? Une expérience de pensée imaginée en 1935 par le physicien Erwin Schrödinger afin de mettre en évidence des lacunes supposées de l’interprétation de Copenhague de la physique quantique, et particulièrement mettre en évidence le problème de la mesure.Selon la mécanique quantique, deux réalités contradictoires peuvent exister en même temps : un atome intact et désintégré à la fois, un chat mort et vivant à la fois. C’est comme si l’univers se divisait en deux lorsque l’on ouvre la boîte : d’un côté, le chat est vivant, et de l’autre son sosie est mort
Absolument déroutant, mystérieux, intriguant, ce film l'est, et ce dès le début. Alors qu'il commence dans un format très spécifique en couleur, ou découvre un personnage Johaness, qui deviendra celui central, lors d'une émission de télévision, et qui après avoir présenté son livre propose une théorie dont tout le monde se moque.
Ensuite on découvre, dans les Alpes Suisses, deux gamins qui vont vivre un fait marquant mais on n'en saura pas plus.
Le film débute réellement à ce moment là et en noir et blanc.
Alors que Johaness Leinert quitte sa mère pour se rendre avec le Dr Julius à une conférence dans les Alpes, on apprend qu'il fait des études de médecine par rapport à sa mère qui veut un Dr dans la famille. Dès lors on suit le trajet de celui-ci dans un train qui les mène à destination, et l'on comprend que ce long métrage ne sera comme aucun autre.
Avec une ambiance Hitchcockienne, nous ne sommes pas sans penser au grand maître du cinéma. Dès leur arrivée à cet hôtel, perdu au milieu de nul part, on sent une autre patte au niveau de la réalisation.
De là s'ensuit des rencontres, des échanges et surtout un tête à tête pour Johaness avec l'envoutante Karin.
Alors que Johaness qui planche sur son mémoire, et qui croit dur comme fer en l'existence de mondes parallèles, va se retrouver confronté à des faits étranges.
Il faut absolument bien suivre l'histoire, car le scénario est assez compliqué, et le réalisateur nous perd parfois dans une suite d'évènements.
Entre ce jeune - futur - Dr, son tuteur qui ne croit que moyennement en lui, le professeur Blumberg, qui lui pense comme Johanness, cette jeune femme énigmatique qu'est Karin, de jeunes enfants qui ont vu des choses, et tous ces autres protagonistes qui gravitent autour, nous sommes plongés dans un lieu et une œuvre décontenançante et réellement étrange.
Des morts qui ne le sont plus, des cadavres ensanglantés au niveau de la tête et des inspecteurs bizarres, ce film intrigue autant qu'il ne dérange.
Sommes-nous dans une histoire vraie, dans un rêve ? Autant de questions qui nous traversent l'esprit. Qui sont réellement certains de ces hommes, ces femmes ?
Le noir et blanc apporte cette ambiance mystérieuse, tout autant que la manière de filmer, ainsi que la musique ambivalente. Des interprétations réussies, une photographie léchée, on peut avouer que Timm Kröger laisse son empreinte au niveau de Universal Theory.
Nous sommes vraiment spectateurs, et subissons sans vraiment savoir si ce long métrage nous apporte des réponses à nos questions et si, ce ou ces mondes parrallèles existent.
Universal Theory n'est pas un film comme les autres. En effet, dans un même long métrage, on trouve plusieurs histoires et lesquelles sont vraies, lesquelles sont fausses. Peut-être que toutes sont vraies ou fausses, et le réalisateur nous perd sur des pistes. A nous de tenter d'imaginer le récit et la fin.
Avec toutes ces facettes on reste dans l'expectative et l'on ne ressort pas de la séance sereins mais plutôt énigmatiques car ce film complexe ne laisse pas indifférent. Il nous fascine tout en nous déstabilisant. En effet, difficile à expliquer, mais cette œuvre bouleverse nos pensées et nos croyances sur la vie et l'existence, c'est le moins que moins que l'on puisse dire.
Une critique aussi ambiguë que ne l'est ce long métrage. Pour bien le comprendre et vous faire votre propre opinion allez voir Universal Theory et faîtes connaissance avec la théorie d’Everett afin de mieux saisir ce long métrage.
MA NOTE : 3.8/5
Festivals et prix :
Festivals :
Bisato d'or du meilleur film remis par la critique
indépendante (Mostra Venise 2023), "Prix du public" et le "Grand prix
nouveau genre Canal+" (L'Étrange Festival 2023), Prix de la critique
(SITGES Festival 2023)
Crédits photos et vidéo : UFO Distribution
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