à janvier 14, 2024

Critique film Stella une vie Allemande de Kilian Riedhof

janvier 14, 2024 Add Comment

SORTIE EN SALLE LE 17 JANVIER 2024

STELLA UNE VIE ALLEMANDE

Réalisé par Kilian Riedhof

Avec : Paula Beer, Jannis Niewöhner, Katja Riemann, Damian Hardung

Distribué par Kinovista

Genre : Drame, Biopic

Origine : Allemagne

Durée : 2 h 00

Synopsis :

Stella grandit à Berlin sous le régime nazi. Elle rêve d’une carrière de chanteuse de jazz, malgré toutes les mesures répressives. Finalement contrainte de se cacher avec ses parents en 1944, sa vie se transforme en une tragédie coupable. Inspiré de la véritable histoire de Stella Goldschlag.

A propos du réalisateur :

Kilian Riedhof naît en 1971 en Allemagne. Il étudie la réalisation de 1994 à 1996 à Hambourg et tourne plusieurs séries et téléfilms dès 2000.En 2012, son téléfilm Home video remporte un total de 20 prix dans une multitude de festivals allemands et internationaux.L’année 2013 voit la sortie de son premier long-métrage, Sa dernière course, primé aux German Film Awards. En 2019, sa série Gladbeck : Un hold-up sans précédent est notamment sélectionnée aux BAFTA Awards.

Note du réalisateur :

"C'est l'histoire d'une Juive allemande qui rêve de devenir une célèbre musicienne de Broadway, mais qui se trouve vivre à la mauvaise époque : le Berlin des années 40. Forcée de vivre dans la clandestinité puis capturée et torturée par la Gestapo, elle décide de trahir son propre peuple pour sauver sa vie et celle de ses parents. Cette histoire est vraie. Elle est basée sur nos recherches détaillées dans les dossiers du tribunal militaire soviétique en 1946 et sur les procédures devant le tribunal de district de Moabit (un quartier de Berlin, NdT) en 1957.J'ai été fasciné par Stella dès l’instant où j’ai découvert son histoire. Bien sûr, je m’interroge sur l’origine de cette fascination. Peut-être parce qu'elle semble être un personnage très moderne, qui aspire non seulement à survivre, mais aussi à s'épanouir et à prospérer. Elle est à la fois coupable et victime. Il n'est pas facile de la juger. Plus d'une fois, je me suis surpris à penser que j'aurais pu agir comme elle. Je me suis senti terriblement proche d'elle. En fin de compte, c'est un film qui nous interroge. Que feriez-vous si vous étiez dans une telle situation ? Que feriez-vous si vous étiez un jeune être humain vivant dans une dictature ? Il est évident que le sujet est aujourd’hui plus que jamais pertinent. La dictature est à l’heure actuelle beaucoup plus proche de nous que nous nous plaisons à le croire. Nous devrions donc profiter de cette occasion pour réfléchir à nos principes éthiques, car nous serons peut-être obligés, tôt ou tard, de choisir un camp. Ce film s'est toujours voulu radical. Cela se voit à la fois dans la narration et dans l'esthétique. Il n'y a pas de zone de confort pour le public, pas d'excuses, pas de distance historique qui vous permette de mettre ce film de côté comme s'il s'agissaitd'un autre film d'époque sur le nazisme. Berlin nous apparaît comme une métropole moderne, rapide et presque séduisante à laquelle on voudrait appartenir à tout prix. Ce film interpelle le spectateur à la fois émotionnellement et intellectuellement, et nous place dans les mêmes conditions physiques et mentales que Stella. Souvent, les choix éthiques doivent être faits en une fraction de seconde. Sommes-nous prêts pour cela." - Kilian Riedhof

A propos de Paula Beer qui interprète Stella :

Paula Beer naît en 1995 à Mayence de parents artistes. Scolarisée dans une école Montessori, elle commence le piano à six ans et le théâtre à huit ans.Son rôle dans Polld e Chris Kraus en 2010 lui vaut de remporter le prix du meilleur espoir féminin aux Bayerischer Film preis.Le public francophone la découvre en 2016 dans Frantz de François Ozon qui lui permet de remporter le prix Marcello-Mastroianni du Meilleur Espoir à la Berlinale.En 2019, elle incarne le rôle de Diane dans Le Chant du loup d’Antonin Baudry. Elle obtient en 2020 l’Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale pour son rôle dans Ondine de Christian Petzold, avec qui elle collabore également dans Le Ciel rouge, qui a obtenu le grand prix du jury à la Berlinale 2023.

A propos de Stella Goldschlag :

- 1922 : Elle naît le 10 juillet à Berlin. Fille unique, elle est élevée dans une famille juive de la classe moyenne.

Début des années 1930 : Promulgation des premières lois antijuives: Stella Goldschlag est interdite d’école publique, son père perd son travail.

1938 : Nuit de Cristal. La famille Goldschlag cherche à fuir l’Allemagne en vain, faute de visas.

1939 : Stella Goldschlag se marie au musicien juif Manfred Kübler. Ils travaillent ensemble avec le statut de travailleurs forcés juifs dans une usine d'armement à Berlin.

1942 : Elle entre dans la clandestinité. Son apparence «aryenne» (blonde aux yeux bleus) lui permet d'échapper aux rafles, à l'époque des grandes déportations de Juifs berlinois vers les camps d'extermination ; elle n'est jamais identifiée comme juive et n'a par conséquent jamais à présenter ses papiers d'identité.

1943 : Arrestation de Stella Goldschlag. Pour protéger ses parents de la déportation, elle collabore avec le pouvoir nazi. Elle traque les Juifs clandestins, auprès desquels elle se fait passer pour une résistante prête à aider, ce qui lui permet d'obtenir des informations sur d'autres caches de clandestins, qu’elle transmet à la Gestapo. Malgré cette collaboration importante, elle ne peut sauver ses parents de la mort. Son époux et sa belle-famille sont d'abord arrêtés puis déportés en 1943 à Auschwitz. Elle poursuit pourtant son rôle de dénonciatrice jusqu'en mars 1945, date du dernier transport de déportés de Berlin vers le camp de concentration de Theresienstadt

1945 : Elle est arrêtée et condamnée à 10 ans de détention dans les camps soviétique

Sa peine purgée, de retour à Berlin-Ouest, elle est de nouveau condamnée à 10 ans d’emprisonnement, peine qui n’est pas appliquée au titre des années de détention déjà effectuées.

1994 : après plusieurs tentatives, Stella Goldschlag se suicide à l’âge de 72 ans.D’après les documents réunis lors de ses procès, Stella Goldschlag aurait provoqué par ses dénonciations la mort d’entre 600 et 3000 Juifs.

Pour aller plus loin, un livre est paru contant la vie de cette femme :

«Un livre dont on ne sort pas indemne.», Joël Dicker

"Berlin, 1942. Friedrich, jeune Suisse installé à Berlin, rencontre Kristin dans une école d’art. Elle l’entraîne dans les folles nuits de la capitale, l’enivre de cognac dans des cabarets clandestins et lui donne son premier baiser. À ses côtés, la guerre semble bien lointaine. Mais un matin, la réalité le rattrape. Kristin frappe à sa porte, le visage tuméfié. Elle ne lui a pas dit toute la vérité. Son vrai nom est Stella, elle est juive. La Gestapo l’a démasquée et l’oblige à conclure un pacte inhumain : dénoncer des Juifs pour sauver sa famille. Ce roman, inspiré de l’histoire vraie de Stella Goldschlag, dresse le portrait d’une femme prise dans l’engrenage tragique de l’histoire". - Stella - Takis Würger, 2023. 256p., J’ai Lu.

Vous l'aurez compris ce film est complètement inspiré de la vie de Stella Goldschlag. En général les œuvres sur la guerre de 40 traitent plus de personnages ayant fait du bien que du mal.

Il est toujours bon de découvrir des personnes qui ont marqué l'histoire, et dans le cas présent ce n'est pas forcément en bien.

Ce long métrage, durant sa première partie est assez décousu et les scènes s'enchainent sans vraiment se terminer. On peut être décontenancés, mais je pense que le réalisateur a voulu relater les premières années avant et pendant que la guerre arrive, mais on s'y perd parfois.

La seconde partie est plus prenante, et bien qu'ayant cerné une femme qui se sait belle, attirante, qui vit dans l'insouciance et qui pense plus à sa carrière, sa réussite, on découvre une personne prête à tout pour que ses parents, comme elle même ne soient déportés.

Paula Beer est impressionnante au niveau de son jeu et est réellement convaincante.

Ce film nous permet de découvrir un personnage, peu ou pas connu en France, et Stella est un être que l'on aime ou pas. Elle est bien entendu victime de cette horrible guerre mais faut-il en arriver à la délation telle est la question.

On voit que le réalisateur s'est beaucoup documenté sur la vie de cette femme et la reconstitution des décors, des costumes, de l'époque est parfaite.

Malgré tout le mal commis, on se demande si la protagoniste a ressenti du remord par rapport à tous ces gens qu'elle a pu dénoncer. En effet, elle reste froide et hautaine comme ci rien ne pouvait l'atteindre. A la fin on comprend que sans doute elle culpabilise, mais il se sera écoulé des années et des années avant qu'elle commette l'irréparable.

J'avoue n'avoir jamais éprouvé la moindre empathie vis à vis de Stella Goldschlag mais on peut se poser des questions en sortant de la séance. Après tout pour sauver sa peau et celle de ses proches aurions-nous jusqu'à été trahir notre peuple ou aurions-nous pu endurer tortures, déportations et tout ce qui s'ensuit mais sans trahir nos convictions car maintes êtres humains l'ont fait ? Pour moi la question ne se pose même pas.

Ce "poison blond" comme elle a été surnommée vaut la peine d'être visionné afin de livrer son propre avis.