Critique film Les lueurs d'Aden de Amr Gamal
Quand Isra’a apprend qu’elle est à nouveau enceinte, le couple doit faire face à une nouvelle crise. Ils savent tous les deux qu’ils ne peuvent pas se permettre un quatrième enfant, d’autant qu’ils doivent déménager dans un logement moins cher et qu’il faut payer les frais d’inscription d’école. Ensemble, ils décident d’avorter. Une amie médecin va peut être les aider….
Son film Les Lueurs d’Aden est le premier film de fiction yéménite à être distribué en France.
Pour en savoir un peu plus sur le Yémen :
LA PLACE DE LA CHARIA DANS LE DROIT
Le Yémen fait partie des pays dans lesquels l’islam est religion de l’État. À ce titre et aux côtés de l’Arabie saoudite, de l’Iran, du Pakistan ou de l’Afghanistan, il applique la charia et la Constitution (1990, art. 159) prévoit que le président de la République, le vice-président, le premier ministre, les ministres et les membres de l’Assemblée représentative doivent prêter serment sur le Coran et la Sunna.
L’AVORTEMENT AU MOYEN-ORIENT ET EN AFRIQUE DU NORD
Près de 80 % des femmes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord vivent dans des pays où le droit à l’avortement est restreint. Voire, pour 55 % d’entre elles, dans des pays où l’IVG n’est autorisée que pour sauver la vie de la mère. En général, les autorités religieuses musulmanes considèrent que l’avortement interfère avec la volonté de Dieu qui, seul, a droit de vie et de mort. Cependant, les différents courants de l’islam n’ont pas tous le même point de vue sur la question. Les Lueurs d’Aden aborde cette tension à l’intérieur de l’islam sur la règle commune. Ainsi, dans le chafiisme qui domine certaines régions d’Afrique, l’IVG est autorisée jusqu’à 40 jours de grossesse, certains imams chafiistes tolérant l’avortement jusqu’au 120e jour. Dans le courant hanbalite, majoritaire en Arabie saoudite et aux Émirats Arabes Unis, certains chefs religieux autorisent également l’avortement jusqu’au quatrième mois alors que le malikisme qui prédomine en Afrique du Nord, considère le fœtus comme un être vivant en devenir et interdit totalement l’avortement. L’enjeu de l’avortement est la protection de la mère, et au Yémen les avortements ne sont autorisés que « pour sauver la vie d’une femme enceinte », ce qui en fait l’une des lois sur l’avortement les plus strictes du Moyen-Orient et du monde.
Il est rare de voir un film Yéménite sur les écrans français, et pourtant celui-ci y trouve toute sa place, par son sujet et l'intérêt que nous procure le réalisateur. D'ailleurs, ce dernier s'est inspiré d'une histoire vraie pour son scénario.
L'avortement est donc la thème central de ce long métrage. Il va toucher un couple, et le mari va se sentir autant concerné que sa femme car ils n'ont foncièrement pas les moyens d'accueillir un nouvel enfant. De ce fait, bien que croyants, ils vont adapter leur religion suivant des textes mais qui vont dans leur sens. Reste à trouver la personne qui voudra bien le faire.
Nous suivons donc le parcours de ce couple, qui cherche à tout prix à ce que la femme avorte. D'ailleurs dans le monde, l'avortement refait surface et polémique dans de nombreux pays comme nous avons pu le constater récemment.
De nombreux plans fixes, font que les comédiens paraissent plus naturels dans cette œuvre que l'on peut parfois apparenter à un documentaire par le fait que l'on voit vraiment ce qu'il se passe dans cette ville chaotique et comment vivent les autochtones, car rien n'est occulté.
Les lueurs d'Aden a une certaine esthétique car la lumière joue beaucoup surtout avec les coupures de courant qui donnent des scènes parfois très sombres ou alors enveloppées par une lumière vive parfois blanchâtre que procure l'énergie solaire.
Ce long métrage tellement réaliste nous permet de suivre le parcours d' Isra'a et Ahmed, ainsi que de Muna, la personne qui serait le plus susceptible de les aider mais restera t'elle sur ses convictions qui lui dictent de ne pas faire le geste irréparable ou cèdera t'elle ?
Ces personnages de classe moyenne nous embarquent dans leur vie bouleversée et compliquée, car ils n'ont plus de moyens, perdent leur logement, avec l'arrivée d'un énième enfant qui se présente et qui leur complique la vie moralement, ils ne savent vraiment pas de quoi demain sera fait. Ils sont livrés à une lutte contre le temps et malgré cela ils restent toujours dignes.
Les lueurs d'Aden nous montre une réalité qu'il faut prendre en compte, car nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne, et accepter ce que l'ont voit car les gens dans le monde ne sont pas égaux et ce film, d'une sobriété totale, ne peut que nous faire nous questionner.
MA NOTE : 3.8/5
Festival(s) & Prix :
Berlin 2023 - Panorama - Prix Amnesty International
Chicago 2023 - Gold Hugo / Grand Prix
Crédits photos et vidéo : Paname Distribution
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