à septembre 23, 2023

Musique, Dope Lemon - Nouvel Album Kimosabè

septembre 23, 2023 Add Comment

Pour entrer dans l'univers de Kimosabè, le quatrième album resplendissant et doré de Dope Lemon, il faut prendre l'avion. Il s'agit d'un Cessna vintage appelé Susie Q, dont l'intérieur est recouvert de velours rouge écrasé. Il ne vole que vers un seul endroit : une vieille ferme de canne à sucre au milieu de nulle part, au centre de laquelle se trouve un grand manoir ancien, une capsule temporelle remplie de trésors arcaniques du monde entier. Entrez et détendez-vous ; asseyez-vous, buvez un verre, rappelez-vous tous les souvenirs que vous pensiez avoir oubliés de votre passé - et imaginez les routes que vous pourriez emprunter à partir de là.

Tous ces détails sont réels et existent dans la vraie vie - Angus Stone a vraiment enregistré sa dernière missive sous le nom de Dope Lemon dans un luxueux manoir rural parfaitement préservé, avec son propre avion aménagé. Stone n'avait pas l'intention d'enregistrer un nouvel album si peu de temps après Rose Pink Cadillac, mais le vaste mystère de Sugarcane Mountain l'a attiré. Une distorsion temporelle au milieu de nulle part, c'est le genre d'endroit qui vous supplie de découvrir ses secrets - et de redécouvrir certains des vôtres.

Même si tout le monde ne peut pas visiter les véritables studios de Sugarcane Mountain, tout le monde peut plonger dans les étendues de Kimosabè. C'est un album de chansons classiques (parmi les meilleures de Stone) et de grooves luxuriants, des hymnes de route pour un voyage psychique dans le cosmos. Il y a des vignettes qui se déroulent dans des tanières de péché inondées de soleil ("Miami Baby") et à l'intérieur de vieilles caravanes déglinguées ("Derby Raceway") et des chansons comme "Just You and Me" et "Slinging Dimes", qui font remonter des histoires de la jeunesse de Stone comme des bouteilles de champagne d'épaves rares. C'est une bête rare, ce quatrième album de Dope Lemon - une mémoire de sa vie et une bande-son parfaite pour la vôtre.

Kimosabè est un univers divin, à bras ouverts, sans limites. C'est le premier album de Dope Lemon qui révèle le visage de Stone, l'impresario du projet, sur la pochette, parce que "ce disque est tout ce qui est moi". "Dans le passé, l'artwork était vraiment anonyme, d'une certaine manière, parce que j'essayais d'explorer ces styles, et avoir ce bouclier devant moi était magnifique - je pouvais en quelque sorte me faufiler dans l'ombre sans que le public ne puisse juger la personne qui se cachait derrière", explique Stone. "Pour cet album, j'ai eu des moments de clarté en réfléchissant à mon enfance et j'ai pu voir ce que je voulais faire à l'avenir. Me mettre sur la pochette m'a semblé juste".

Après deux albums spectaculaires et tentaculaires au niveau de la chanson, Kimosabè tire consciemment les choses vers le bas : il s'agit d'une musique rassasiante, dense en nutriments, d'une nourriture pour l'âmesous forme de sons. S'inspirant de la force motrice des piliers de l'indie rock des années 90 comme Weezer, du surf rock classique et même d'instrumentistes hip-hop chaleureux comme Madlib, c'est un album pour ces journées chaudes qui s'étirent en soirées humides et étoilées. Le premier titre de l'album pose les jalons : sur un rythme funky et louche, Stone implore jovialement "please, don't go fuck with my vibe", écrivant un hymne à l'autonomisation à sa manière, décontractée et immédiatement reconnaissable. "Au cours de votre vie, vous rencontrerez des gens qui... vous pouvez soit les laisser vous emmerder, soit continuer à faire ce que vous faites", déclare Stone. "La deuxième option vous donnera plus d'énergie, de vie et d'amour pour aller de l'avant dans la stratosphère - et cette chanson parle de cela. » Cette énergie - cette devise et ce motif - imprègne le reste de l'album. La chaleureuse et euphorique "Derby Raceway" est un hymne à des temps plus faciles, louant les vertus d'une vie simple et sans complication, son groove de guitare évoquant les plaisirs élémentaires et les sensations faciles. En écoutant "Miami Baby" - une chanson sur la mystique et la beauté d'un endroit comme Miami, qui semble n'exister que dans les yeux de l'esprit - vous pouvez pratiquement sentir le sable entre vos orteils, les angoisses se dissiper. Kimosabè prêche l'évangile de la vie sans contrainte et de la célébration de la vie.

C'est ce qui ressort le plus clairement des chansons où Stone s'interroge sur les contours de sa vie. « Just You and Me", l'une des plus belles chansons que Stone ait jamais écrites et un futur classique du mariage, traduit la facilité d'être avec un être cher et le réconfort de se remémorer des temps meilleurs. « Golden God", qui associe un groove de guitare facile à un spoken word brumeux, imagine Stone se retirant sur une plage quelque part, vivant ses dernières années dans une oasis de bonheur. "Lorsque j'avais une vingtaine d'années, j'ai toujours eu l'impression que j'étais destiné à parcourir le monde, et c'est ce qui s'est passé. Je ne suis jamais resté trop longtemps au même endroit - j'ai passé dix ans à le faire. Beaucoup de ces chansons me ramènent à cette époque, avant que je ne commence à voyager, où je me retrouvais avec quelqu'un assis sur la plage, à parler de quitter cet endroit", explique-t-il. « Golden God » est le contraire : Je me projette dans l'avenir et je me vois mourir dans une vieille cabane au bord de la mer. » C'est une chanson qui résume l'esprit magnanime et magnifiquement ouvert de Kimosabè. « Golden God » est peut-être une chanson sur les dernières années d'une vie, mais elle est joyeuse et chaleureuse, célébrant le fait que "j'ai pu vivre libre". Certaines personnes passent leur vie à ne pas trouver cet endroit ; Kimosabè canalise ce sentiment - au moins pour un moment.