Critique film La fille et le garçon de Jean-Marie Besset
D'étape en étape, Jean et Paula vont apprendre à connaître Denis et Malina, glissant de la prostitution à l’amitié, de désirs inavoués à une affection plus sincère, de l’amour enfin à la famille, famille d’un genre nouveau, désir d’enfant compris. Dépassant épreuves et tabous, ce quatuor pose en grande liberté, charnelle et intellectuelle, les bases concrètes d’un nouvel idéal amoureux.
La réalisation est signée Jean-Marie BESSET, ainsi que le scénario et les dialogues, d'après sa pièce éponyme en collaboration avec Régis de MARTRIN-DONOS.
Jean-Marie Besset est auteur dramatique, traducteur, adaptateur, metteur en scène, producteur. Il a écrit quelques 30 pièces originales. Pour le cinéma, il a signé le scénario original du film d’Ismael Merchant, LA PROPRIETAIRE, avec Jeanne Moreau. Il a également développé plusieurs scénarios à partir de ses pièces, dont GRANDE ECOLE, réalisé par Robert Salis (2004), et LA FILLE DU RER par André Téchiné (2008). Il a écrit les dialogues français du film d’Alain Resnais AIMER, BOIRE ET CHANTER, adaptation française de la pièce d’Alan Ayckbourn (2014), film lauréat d’un Ours D’Argent au Festival de Berlin 2014. Depuis 2020, poussé par le confinement qui empêchait de faire du théâtre, il est passé à la réalisation, en tournant à Limoux, la ville de son enfance, deux longs métrages d’après ses pièces éponymes : MISTER PAUL (2022) édité en DVD à l’Harmattan, et LA FILLE ET LE GARCON (2023).
Circonstances :
Pendant le deuxième confinement du covid, les théâtres étant de nouveau fermés, Jean-Marie Besset décide de faire un film de sa pièce, LA FILLE ET LEGARCON, et de le tourner dans sa ville natale de Limoux, et dans ses environs (Toulouse, Carcassonne, Leucate...). Il choisit une distribution prestigieuse, mêlant des acteurs chevronnés, célèbres et deux jeunes comédiens prometteurs. Son directeur de production assemble une jeune équipe, de techniciens fraichement diplômés de leur école de cinéma. Tout cela au service d’une histoire nouvelle et radicale, à contre-courant des modes, qui ne cesse de conjuguer des contraires : prostitution/amour, vieux/jeunes, sexe/religion, bourgeois/précaires, Français/migrants, ceux qui ont la maitrise du langage, des codes et de la culture contre ceux qui en sont dépourvus.
NOTE DU RÉALISATEUR :
Il ne s'agit nullement d'un essai de sociologie, mais d'une histoire singulière, idiosyncratique, romanesque. Même si elle décline pour notre présent des formes de vie en commun sans précédent et d'un genre nouveau, car pour des raisons de morale, de biologie ou de bioéthique elles n'auraient pas été possibles auparavant.
Quelques films marquants ont posé les jalons de ces nouvelles voies: Théorème de Pasolini, Violence et passion de Visconti, Women in Love de Ken Russell, Sunday Bloody Sunday de John Schlesinger, Le Dernier Tango à Paris de Bertolucci, Pourquoi pas de Coline Serreau, Tenue de Soirée de Bertrand Blier, Qui a peur de Virginia Woolf d’Albee/Nichols... pour citer en désordre quelques œuvres très diverses dans leur esthétique de ces cinquante dernières années, qui ont nourri ma réflexion. J'ai déjà mis en action ces formes et ces questionnements dans mon œuvre théâtrale, principalement dans LA FONCTION (1990), L'AGE DE FEMME DE MARIE HASPARREN (2000), LES GRECS (2006). Je souhaite aujourd'hui continuer cette exploration au cinéma.
Je m’inscris dans la continuité d’un cinéma français littéraire, celui de Rohmer (Ma nuit chez Maud), de Duras (India Song), celui de la mise à l’épreuve du présent et de l’actuel par la stratification des expériences passées. La présence d’Arielle Dombasle participe à cet héritage rohmerien (Pauline à la plage 30 ans après...). Quant au choix de Mina Kavani, (moderne Irène Papas) jeune actrice iranienne exilée en France, devenue une des figures de la protestation contre la République Islamique, ou celui de Louka Meliava, franco-géorgien, il affirme l’ailleurs de civilisations orientales parmi nous, comme un afflux de sang neuf venu irriguer et renouveler notre vieux corps européen.
Esthétiquement, se posera la coexistence de l'ancien (la civilisation) et du nouveau (la liberté sexuelle), du cru et du cultivé, des tableaux et des livres inanimés et des corps désirants et vibrants. Du sage et du débridé. Du classique et du convulsif. Du jeune et du vieux. Des leçons de l’art et de la philosophie (Michael Sweerts, Denis Diderot...) dans nos vies d’aujourd’hui. A cet égard, sur le dérangement d'une routine tranquille et cultivée par l'irruption d'un torrent de jeunesse indomptée, j'essaierai de retenir les leçons de Visconti dans son avant-dernier film VIOLENCE ET PASSION. Aussi bien sûr, j'essaierai de résoudre la question de la représentation des actes sexuels : montrer la tension érotique et la fièvre du désir en restant en-deçà de la pornographie. La lumière, très contrastée dans ses clairs-obscurs jouera un grand rôle dans la monstration (montrer sans montrer) des corps nus ou plus ou moins vêtus (choix crucial des pièces de sous-vêtements et vêtements) en action. Des œuvres de maîtres anciens (références picturales, cinématographiques, littéraires, religieuses) viendront jalonner, ponctuer, mettre en perspective les trajectoires des personnages vivants. La musique de Luc Rougy épousera les sinuosités de l’histoire, pour en souligner son érotisme, son élan, sa tension, voire sa violence sous jacente ou soudain dévoilée.
Un film pour un public averti, amateur de ce genre pour ma part je ne suis pas conquise
Crédit : John Alexander
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