L'établi de Mathias Gokalp, critique film
Quand Citroën décide de se rembourser des accords de Grenelle en exigeant des ouvriers qu'ils travaillent 3 heures supplémentaires par semaine à titre gracieux, Robert et quelques autres entrevoient alors la possibilité d'un mouvement social.
© Karé Productions
Derrière la caméra Mathias Gokal, qui propose l'Etabli, un film engagé, politique et captivant. On doit à ce réalisateur des courts-métrages depuis 2002 ainsi que des longs comme Rien de personnel, Japonais, et après plusieurs années sans nous livrer quelque chose il revient avec une œuvre marquante.
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Swann Arlaud est Robert Linhart. Cet acteur récompensé de nombreux prix - Festival Jean Carmet, César du Meilleur acteur, César du meilleur acteur dans un second rôle, Swann d'Or - est une fois de plus époustouflant.
En endossant le rôle d'un ouvrier, alors que dans le film c'est un intellectuel, touchant il va payer de sa personne pour aider d'autres en difficulté.
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La gracieuse Mélanie Thierry est Nicole son épouse. Investie tout comme son mari, elle est surtout présente pour le soutenir et l'aider à passer certaines difficultés.
Passant du théâtre, à la télévision et aux films de tous genres, cette touche à tout est juste une fois de plus. On l'a adorée dans Aure voir là-haut, La vraie famille, on l'aime tout autant dans ce rôle.
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D'autres très bon acteurs, sont nombreux sont au générique notamment Olivier Gourmet, Denis Podalydès -sociétaire de la Comédie Française - qui auront un rôle déterminant même si ils ne sont pas dans le même clan.
L’Établi est l’adaptation de l'ouvrage de Robert Linhart publié en France aux Éditions de Minuit en 1981.
A la fin des années soixante, des militants d’extrême-gauche se firent embaucher dans les usines et dans les campagnes, afin de comprendre le travail de l’intérieur et préparer clandestinement la révolution à venir. Ceux qu’on nommait «les établis» furent deux à trois milliers à travers la France : étudiants, intellectuels, majoritairement issus des classes bourgeoises. Ce film raconte l’histoire de l’un d’entre eux.
© Karé Productions
L'action commence quelques mois après mai 68, nous fait découvrir cet établi, qui se fait embaucher chez Citroën.
On y découvre la dureté de travailler dans des conditions pénibles, à la chaîne, sans précautions, sans beaucoup de pauses, avec des cadences infernales, et qui doivent produire, produire et encore produire sous l’œil avisé de chefaillons qui ne leur passent rien. Les étrangers ne sont pas épargnés et le racisme est omniprésent.
Alors que la France est en pleine crise, et que beaucoup de choses acquises dans le passé sont remises en question, on ne peut pas ne pas penser à l'instant présent en visionnant ce film. Dès lors que l'on atteint un certain pouvoir doit-on devenir aussi dur, méprisant envers les petites gens qui travaillent pour gagner leur vie et nourrir leur famille ?
© Karé Productions
Des accidents arrivent, des gens dépriment, à la direction on fait croire que l'on est présent, proches de ses ouvriers, que l'on sera là pour eux, mais on oublie aussi vite tut ce qui arrive.
Doit-on traiter ces travailleurs d'une telle manière alors qu'ils sont broyés par le système et par les machines qu'ils utilisent. En incorporant ce monde, Robert Linhart ne pense pas qu'il verra tout cela et pourtant la vérité lui saute aux yeux, les conditions de travail sont loin d'être ce qu'elles devraient être.
En se rapprochant de ses ouvriers, en les aidant pour des papiers, il va petit à petit gagner leur confiance et faire en sorte qu'ils se soulèvent alors que l'on veut leur faire rattraper des heures non travaillées à titre gracieux.
Cet établi ose mettre les mains dans le cambouis et certains bureaucrates ou autres têtes pensantes, feraient bien de faire de même pour se rendre compte....
© Karé Productions
Avec une reconstitution soignée, tant de l'époque, des lieux, décors, des costumes, des chaînes de montage de la 2CV, le réalisateur filme au plus près ses personnages, et avec une lumière soit claire dans la chaine de montage, soit plus sombre dans les autres ateliers, l'ambiance tout de même morose. Ce film arrive à rester sobre, convaincant et captivant tout au long de près de 2h.
© Julien Panie
Les décideurs, les patrons, sont souvent inhumains et ne pensent qu'au profit et ce film en est la preuve. Ces faits se sont déroulés il y a plus de 50 ans mais les choses ont-elles changées, évoluées, la crise actuelle est la preuve que non, car même si ses conditions de travail ont peut-être, je dis bien peut-être changées, le chômage a fait son apparition et d'autres faits pénibles aussi. L'industrialisation n'est presque plus de mise en France puisque l'on fait tout ou presque fabriquer à l'étranger, reste que des travailleurs souffrent encore mais autrement.
Espérons que ce long métrage portera ses fruits et fera comprendre à certain(e)s, que se résigner n'est pas toujours la solution et qu'heureusement qu'il y aura toujours des personnes comme Robert Linhart pour tenter de vaincre l'oppression que les plus riches veulent faire endurer aux plus pauvres.
Crédits photos et vidéo : Le Pacte - © Julien Panie - © Karé Productions
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