TU CHOISIRAS LA VIE

Synopsis :

Une famille juive ultra-orthodoxe se rend chaque année dans une ferme du sud de l’Italie afin d’accomplir une mission sacrée : la récolte des cédrats. Esther, en pleine remise en cause des contraintes imposées par sa religion fait la connaissance d’Elio, le propriétaire de la ferme . 

Et si le face à face entre ces mondes était la genèse d’une autre histoire ?

Stéphane Freiss, célèbre comédien, revient cette fois-ci en tant que réalisateur avec son premier long métrage, Tu choisiras la vie. 

Pour en savoir un peu plus sur lui : 

Après une formation au cours Florent puis avec Yves Pignot et au CNSAD, Stéphane Freiss rencontre Giorgio Strehler qui le dirige dans L’Illusion comique au Théâtre de l’Odéon (1985) ce qui lui ouvrira en 1986 les portes de la Comédie-Française. Il connaît à la même époque son premier succès au cinéma avec ‘’Chouans’’ de Philippe de Broca, pour lequel il obtient le César du Meilleur Espoir Masculin en 1989. Il tourne pour le cinéma avec certains des plus grands réalisateurs français et étrangers parmi lesquels : Agnès Varda, Jacques Deray, P. Granier-Deferre, Claude Miller, Claude Berri, Steven Spielberg, Clint Eastwood ou encore François Ozon (5x2). En parallèle il poursuit sa carrière au théâtre. Il obtient le Molière de la Révélation Théâtrale en 1992 pour son rôle dans ‘’C’était bien’’ de James Saunders, mis en scène par Stefan Meldegg au Théâtre la Bruyère et est nommé en 2004 pour le Molière du Meilleur Comédien pour son rôle dans ‘’Brooklyn Boy’’ de Donald Marguliès à la Comédie des Champs Élysées.

Jorge Lavelli et Alfredo Arias le dirigent à la Comédie Française entre 1996 et 1998 avant qu’il n’entame une carrière au théâtre privé et au subventionné dans des mises en scène de Stefan Meldegg, Patrice Kerbrat Roger Planchon Jean Louis Martinelli ou encore Ladislas Chollat qui le dirige en 2018 dans Le Fils de Florian Zeller. Parmi les auteurs contemporains il incarne entre autres des textes de Yasmina Reza, Eric Emmanuel Schmitt ou J.P.Amette. Il crée et met en scène La Promesse de l’Aube de R. Gary en 2019 où il est seul en scène. Il tourne également à la télévision dans de nombreux films, passant du registre de la comédie (La loi selon Bartoli,), au drame (Papillon noir, Autopsy, Camus). Et tourne dans plusieurs séries dont récemment ‘’Jusqu’au dernier’’ et ‘’10%’’. En 2011, il écrit et réalise un court-métrage intitulé ‘’It Is Miracul’house‘’ plusieurs fois récompensé dans des festivals de cinéma et tourne en 2021 son premier long métrage en tant qu’auteur-réalisateur.

Dans le premier rôle féminin, la gracieuse Lou de Laâge. Un rôle inhabituel pour cette dernière. Elle se fond dans son personnage, qui pourtant qui ne la met pas en valeur - mais nécessaire à son personnage - avec ses robes noires ou blanches, longues, ses collants foncés et sans maquillage.Elle dégage une tristesse et une sensibilité qui ne peut que nous émouvoir. Cette actrice qui semble déjà fragile, l'est encore plus dans son rôle d'Esther.

A ses cotés le magnétique Riccardo Scamarcio que l'on prend toujours plaisir à voir jouer que ce soit dans Les traducteurs, Euforia, Dalida, etc...

Il interprète Elio qui va aider Esther dans sa quête vers la liberté, mais qui le mènera lui aussi vers un autre chemin. 

Ce long métrage est beau, sans beaucoup d'action, et pourtant il est fort par ses sentiments, la manière qu'à le réalisateur d'aborder deux mondes diamétralement opposés.

Stéphane Freiss a l'intelligence de nous présenter une famille juive mais sans porter de jugement. Par l'intermédiaire d'Esther il nous montre une jeune fille de son époque, qui bien qu'attachée à ses racines, à sa famille, étouffe. Elle a besoin d'aller voir ailleurs, de ne pas subir la pression de ses parents qui veulent la marier, des traditions qui perdurent, de cette foi qui habite ses proches, de cette religion incessante avec les prières quotidiennes, le shabbat, et dont elle ne veut plus faire partie.

Esther est perdue car elle aime son dieu mais elle veut vivre autrement, librement. 

En outrepassant certains interdits, Esther va faire qu'Elio va découvrir que cette jeune fille n'en peut plus. Ce dernier est très attaché à cette famille qui vient tous les ans pour ce qu'il cultive : Le cédrat.

Il est dévoué également aux terres qui ont été léguées par son père et dont ses frères n'ont pas voulu. Lui-même n'est-il pas prisonnier de son passé, de tout cela ? D'ailleurs Esther lui fait remarquer pendant le film qu'il est esclave de tout cela. Elle va l'aider à sa manière à lui ouvrir les yeux. 

Elio souffre également de son divorce et de ne plus voir ses enfants même si il pense que c'est mieux pour eux de vivre à Rome avec leur mère.

Un film nourrit de silences, de regards, et de paysages des Pouilles qui sont magnifiques.

On aime se cadre si calme et où pourtant va se passer tellement de choses et de remises en question. 

Sans oublier de formidables musiques de de Lucio Dalla, de Niaz Diasamidze, et de Giovanni Mirabassi qui offre une superbe partition pleine de poésie et que l'on peut écouter en ce moment même dans un autre film Swing Rendez-vous.

La scène d'ouverture montre Esther en train d'écrire une lettre à son père pour lui annoncer qu'elle ne sera plus prisonnière de ce monde trop religieux à son goût . Trouvera t'elle la force de tout quitter et de ne plus continuer à être brimée ? On le souhaite de tout cœur en visionnant Tu choisiras la vie.

A l'heure ou la parité des sexes est aussi important, ce film fait référence à l'égalité hommes/femmes, mais où dans certaines religions elle n'a pas pris fin. 

Avec deux interprètes majestueux, ce film est un rayon de soleil, tout comme celui qui illumine les différentes scènes de Tu choisiras la vie et qui le rend encore plus solaire.