Critique film Neneh Superstar
NENEH SUPERSTAR
Synopsis :
Née pour danser, Neneh est une petite fille noire de 12 ans qui vient d’intégrer l’école de ballet de l’Opéra de Paris. Malgré son enthousiasme, elle va devoir redoubler d’efforts pour s’arracher à sa condition et se faire accepter par la directrice de l’établissement, Marianne Belage. Cette dernière est en effet la garante des traditions et porteuse d’un secret qui la relie à la petite ballerine.
Réalisé par Ramzi Ben Sliman, ce film nous entraîne dans les coulisses de l’École de Danse de l'Opéra de Paris dont je suis souvent venue vous parler.
Ramzi Ben Sliman est né à Paris. Son apprentissage du cinéma, il le tient de son père projectionniste itinérant. Il revoit des dizaines de fois les mêmes films. La cabine de projection est son école. Il s’initie à la mise en scène d’abord au théâtre, adapte et dirige L’Étranger de Albert Camus au Studio Théâtre 14. Ma révolution, son premier long métrage, présenté notamment au festival de Berlin, sort en 2016. En 2019, pour la 3e Scène de l’Opéra National de Paris, il imagine Grand Hôtel Barbès (disponible en visionnage sur YouTube) une fiction de près de 12 minutes mêlant poésie et réalisme, ancrée dans le quartier de la Goutte d’Or à Paris. Tel un Ulysse des temps modernes, le protagoniste fait preuve de talent et de ruse en brisant les frontières entre danse classique et hiphop lors d’un battle de breakdance. À l’instar de son héros, Ramzi Ben Sliman n’oppose pas tradition et modernité et rend hommage à l’émotion que procure la danse, qu’elle soit sur scène ou dans la rue. Grand Hôtel Barbès a notamment été présenté aux Rencontres de la photographie d’Arles, au Festival de l’Histoire de l’Art du musée du Louvre ainsi qu’au Festival International du Court Métrage de Clermont-Ferrand. Entre juin et août 2021, il réalise son second long métrage dont il a écrit le scénario et les dialogues, Neneh Superstar qui sort sur les écrans français le 25 janvier 2023. En mars 2023 sortira Le jeune Imam réalisé par Kim Chapiron, film dont Ramzi a co-écrit le scénario avec Ladj Ly.
L'interprète de Neneh est Oumy Bruni Garrel, d'origine Sénégalaise, elle la fille adoptive de Valéria Bruni Tedeschi et Louis Garrel.
Elle a d'ailleurs joué dans La croisade réalisé par son père ainsi que dans les Estivants réalisé par sa mère.
Elle a actuellement 14 ans et est en classe de 3ème, Oumy pratique la danse classique, contemporaine, jazz et hip-hop.
Jeune fille mignonne, et bien dans son temps, on peine cependant à croire lors des auditions du film, et pendant toute la projection, qu'elle soit la meilleure de son groupe malgré une certaine souplesse et par moments une doublure.
Parmi les autres comédiens on peut citer Maïween qui est une ancienne danseuse étoile dans le film - Marianne Belage - et est la Directrice de l’École de Danse. Très classe dans son rôle, se tenant comme une réelle ballerine, avec peut être la façon de marcher en moins, elle va se montrer dure avec Neneh, pour des raisons que l'on peut deviner aisément.
Les rôles des parents de Neneh sont tenus pour la mère par Aïssa Maïga, que l'on prend toujours plaisir à retrouver, et qui vit loin de ce monde et ne le connait pas du tout.
Son père est interprété par Steve Tientcheu. Ce dernier croit dur comme fer en la carrière de sa fille et fait tout pour elle et sa réussite.
L'histoire débute, alors que Neneh se rend aux auditions pour entrer à l'Opéra de Paris. Très sure d'elle, ce qui est plausible, elle semble très à l'aise devant le jury et n'hésite pas à reprendre trois fois le pianiste. Là on commence à douter. Certes Neneh vient de la banlieue et ne connaît pas les codes de cette institution mais elle devrait faire profil bas. Le ton est donné.
Lorsque Neneh est sélectionnée, alors que le Directeur de l'Opéra annonce qu'elle a été la meilleure, et que Marianne Belage est contre, pour les féru(e)s de danse, pas une seconde on peut croire le Directeur alors que l'on vient de voir d'autres ballerines passer et qu'elles sont au dessus du lot. Pour les novices, la variation proposée par Neneh peut paraître très correcte, mais lorsque l'on connait un tant soit peu la danse, on se pose la question
comment peut-elle se retrouver en haut du classement ? OK c'est un film....
Certes Neneh a des bases, mais est loin d'être la meilleure. Alors la porter aux cieux de la sorte, l'entendre dire alors qu'elle n'est pas retenue pour un spectacle, qu'elle est la mieux et cela devant la Directrice et ses petites camarades, ça ne se fait pas et qui oserait cela ?
Le réalisateur a voulu montrer qu'il n'y a pas de diversité à l'Opéra de Paris et qu'il faudrait s'ouvrir aux gens de couleur, à des personnes issues de parents immigrés ou simplement venant d'un autre pays. Je suis tout à fait d'accord mais en ce moment ce genre de films inondent le cinéma français, et il ne faut pas faire une généralité. Dans tous les corps de métiers c'est un peu la même chose.
Certes les
personnes de couleur, où ayant des origines autres que françaises, sont
moins nombreuses à être admise à L'Opéra, et surtout à grimper les échelons c'est un fait que je lui accorde, mais il ne faut pas véhiculer un message qui semble évoluer.
Pour preuve Jean-Marie Didière, personne de couleur, a été l'un des premiers dans les années 70 à être dans le corps de ballet de l'Opéra avant de monter sa propre compagnie. A la même époque on peut citer Charles Judes né d'un père français et d'une mère sino-vietnamienne est lui-même né au Vietnam. Sans compter Eric Vu-An également d'origine asiatique, Kader Belarbi nommé danseur étoile dans les années 90 dont le père était Algérien et sa mère Française.
On peut également nommer José Martinez, Raphaëlle Delaunay, Letizia Galloni, Awa Joannais, Guillaume Diop, Isaac Lopes Gomes, Keita Bellali, Osiris Onambele Ngono et actuellement la danseuse étoile Sud-Coréenne Sae Eun Park.
Je ne nie pas qu'il peut y avoir du racisme à l'Opéra de Paris - ou du favoritisme - mais cet institut évolue et fait bouger les choses petit à petit. Il faudra du temps comme pour tout.
L’École de l'Opéra de Paris représente l'excellence, et lorsque l'on est sélectionnée on se doit d'être exemplaire. C'est loin d'être le cas de Neneh. Qu'elle craque une première fois dans le film, on peut le concéder, mais 3 fois on n'y croit plus et dès lors le bas blesse.
Lors des cours avec ses professeurs elle est arrogante, limite irrespectueuse. Comment peut-elle couper la parole aux professeurs ? On doit les respecter et on se doit d'écouter et de suivre ce qu'ils disent.
Quand j'entends
Neneh se révolter parce qu'elle n'est pas prise pour avoir le premier
rôle dans Blanche Neige, je suis révoltée car on ne doit pas critiquer
le choix de ses enseignants, même si nous ne sommes pas d'accord. D'ailleurs j'ai été étonnée par le choix de ce ballet qui est contemporain et qui n'est pas le genre que l'on choisit pour le spectacle des élèves de l'Opéra. Ce ne sera pas celui non plus que l'on retrouvera à la fin puisqu'il s'agit du Lac des Cygnes.
Je pense que le choix de la jeune Oumy
Bruni Garrel pour interpréter Neneh n'a pas été forcément le bon.
Autant elle s'exprime parfaitement bien dans le hip hop ou la danse
contemporaine, mais on voit clairement ses lacunes par rapport aux autres
danseuses lors des séances d'entrainement. Elle n'a pas leur port de
tête, ne marche pas comme une danseuse et surtout ne se comporte pas
comme une future Étoile. Son rôle est ainsi fait, et elle l'interprète bien, mais pourquoi ne pas avoir sélectionné une danseuse de couleur, qui se trouvait déjà à l’École de l'Opéra et qui avait le niveau pour interpréter ce rôle ?
Le réalisateur mise tout sur le fait que Neneh vient de la banlieue et d'une cité, et qu'en général les élèves qui entrent à l'Opéra on des parents cadres. Là encore il ne faut pas généraliser. Il n'y a qu'à voir celle qui pour moi fût la plus grande étoile du XXème siècle et venait du 93. Pourtant ses parents avaient des métiers manuels.
Pour les puristes et les férus de danse classique, ne vous attendez pas à voir le Palais Garnier, mais à part un court extrait de Raymonda. L'action se situe beaucoup à l'école de danse de Nanterre qui pour l'occasion lui ressemble beaucoup mais a été reconstituée à Saclay.
L'histoire est assez cousue de fil blanc, ou noir, pour ne vexer personne, et l'on veut une fois de plus nous montrer que le racisme est partout. Il ne faut pas tout généraliser.
Par contre l'attitude de certains élèves vis à vis d'autres est tout à fait vrai : lacets découpés, coups bas, etc.. Idem pour ce qui est du poids, de la taille, de la morphologie, de ce côté là le réalisateur a bien retranscrit ce qui se passe là bas.
Le choix de Medhdi Kerkouche qui signe les chorégraphies contemporaines de ce film est assez judicieux. On peut d'ailleurs retrouver en ce moment même celui-ci dans son dernier spectacle Portrait.
L'affiche de ce film, ainsi que l'histoire et le final, n'est pas sans nous rappeler un autre film : Billy Elliot. Ce long métrage est un grand film qui a chaque fois me donne des frissons. Quant à Neneh Superstar même si il est plein de bonnes intentions - qui plaira certainement aux inexpérimentés au niveau de la danse - est loin, pour ma part, du résultat que j'en n'escomptais.
NENEH SUPERSTAR
Réalisé par Ramzi Ben Sliman
Avec : Oumy Bruni Garrel, Maïween, Aïssa Maïga, Steve Tantchieu, Cédric Kahn, Alexandre Steiger, Richard Sammel, Nathalie Richard
Distribué par Gaumont
Genre : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1 h 37
En salle le 25 janvier 2023
© PHOTOS : MIKA COTELLON © 2022 GAUMONT - FRANCE 2 CINÉMA - GAUMONT ANIMATION
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