Critique film Maîtres
MAITRES
Synopsis :
A Strasbourg, un cabinet d’avocates s’est spécialisé en droit des étrangers. Christine Mengus et Nohra Boukara s’y battent chaque jour pour aider leurs clients. Grâce à leur ténacité, leur humour et leur professionnalisme, elles tentent de trouver des solutions humaines face à la justice et parfois l’injustice de certaines situations.
Elles sont pour beaucoup, les avocates de la dernière chance...
Ce film, ou plutôt documentaire, est réalisé par Swen de Pauw. Il est auteur-réalisateur de films documentaires. Il a créé la société de production Projectile en 2008 grâce à laquelle il produit et coproduit tous ses films. Il est également directeur artistique et programmateur des festivals Kings of Doc et KODEX (Kings of Doc Expanded) à Strasbourg et Berlin. Depuis 2010, il est président de l’association Répliques, pour laquelle il crée et coordonne plusieurs dispositifs dans les domaines de la programmation, la production de films associatifs et l’éducation à l’image. Après Le Divan du monde et Comme elle vient, Maîtres est son troisième long métrage de cinéma.
Notes d'intention du réalisateur :
"Je connais Christine Mengus et Nohra Boukara depuis plusieurs années maintenant. Elles sont associées dans un cabinet d’avocats spécialisé en droit des étrangers de Strasbourg. Combattantes dans l’âme, elles se préparent aux affrontements judiciaires depuis leur bureau, véritable théâtre des opérations. Afin de les épauler, les avocates s’appuient sur une solide équipe de collaboratrices qui vont apprendre le métier avec elles avant de travailler à leur compte. Dans leur quotidien, il faut agir vite. D’une erreur de saisine du Tribunal Administratif aux opérations «commando » pour empêcher in extremis l’expulsion d’un ressortissant étranger, chaque dossier peut avoir des conséquences tragiques : le sort d’hommes, de femmes, d’enfants, est suspendu à ces décisions judiciaires. J’ai souhaité montrer comment Maîtres Mengus, Boukara et Scarinoff guident et rassurent leurs clients tout au long de leurs affaires dans les méandres de la machine judiciaire (cabinet d’avocat, préfecture, cour de justice, etc.) afin que ces derniers ne se retrouvent pas seuls, avec le risque d’être broyés par les rouages du système. Elles sont les premiers témoins de l’absurdité, des aspects «kafkaïen » de certaines situations vécues par ces étrangers en France.
La justice est un milieu qui connait ses propres règles, ses usages, ses points de tensions, ses personnalités fortes et ses rapports de pouvoir. Et évidemment, les spécificités du quotidien de Christine Mengus et Nohra Boukara ont forgé leurs attitudes, comportements, visions du monde et manières de travailler. Selon moi, elles aussi subissent les failles de la justice. Elles sont déchirées entre leur volonté de changement et leur terrible impuissance, entre l’urgence des situations et l’inertie du monde judiciaire. Elles sont perpétuellement sur le fil. Christine Mengus est engagée et passionnée. Elle a donc parfois tendance à s’emporter. Au fil de sa carrière, définie par le mode de fonctionnement de son champ professionnel ainsi que par sa forte personnalité, elle a développé un rapport empathique à ses clients qu’elle accompagne d’une expertise pointue. Nohra Boukara est patiente et méticuleuse. C’est une combattante sûre de ses convictions. Lorsqu’elle accepte un dossier, elle met toute sa connaissance du droit, toute sa hargne parfois, pour faire pencher la balance de la justice du côté de son client, sans pour autant le ménager. Comment composent-elles avec tous ces dysfonctionnements, tous ces paradoxes et surtout, pour combien de temps encore ? Les avocates et leur équipe ont parfois l’air à bout et leur combat paraît sans fin. Honnêtement, j’en viens moi-même à me demander comment elles font pour tenir. Leur quotidien a l’air tellement harassant, épuisant. J’ai pourtant filmé des personnes qui font contre mauvaise fortune bon cœur et affichent un visage déterminé malgré les obstacles grandissants. Au fil du temps, j’ai été de plus en plus captivé par la personnalité complexe de ces femmes, étonné par la difficulté de leurs combats, pris de sympathie par leur énergie, leur humour, impressionné devant leurs ambitions et déstabilisé par la fragilité ambiante : celle de leur situation professionnelle, de la situation administrative de leurs clients, du cabinet dans son fonctionnement, de la justice en général et des législations en constante transformation. D’un point de vue cinématographique, j’ai décidé d’utiliser le cinéma direct, dans un lieu unique qui devient une sorte de théâtre des problématiques humaines et sociétales. Avec un travail de mise en scène, de mise en image et de récit, avec intérêt et bienveillance mais sans complaisance, j’ai tenté de décrire la difficulté de leur situation, l’ambivalence de leur position et la complexité des histoires de vie des personnes qui les sollicitent. Tourné en huis clos, le film raconte le travail de ces «Sisyph » du monde judiciaire et développe un récit inédit sur la problématique des réfugiés et des migrations ; un récit qui interroge les droits des étrangers dans une société occidentale qui ne sait plus ni les accueillir, ni trouver de réponse à leur détresse". - Swen de Pauw
Ce documentaire qui se passe essentiellement en huit clos, et dans un bureau, peut paraître de prime abord rébarbatif, mais il n'en n'est rien.
Lorsque l'on voit le dévouement de ces femmes qui se battent pour leurs clients. Chaque cas bien différent, nous montre que le système est souvent dépassé et on se retrouve avec des situations parfois un peu loufoques, qui peuvent prêter à rire alors qu'il n'en n'est rien pour ces personnes.
Les dossiers qui s'accumulent, un travail sans relâche et pourtant ces femmes répondent toujours présentes pour aider les étrangers.
Un film humaniste qui prouve que tant que l'on se bat pour une cause, rien n'est jamais perdu.
Crédits photos et vidéo : Nour Films
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Vous êtes passés me lire, laissez moi un petit mot - Merci