Critique film POET de Darezhan Omirbayev
POET
Synopsis :
Didar est un poète enchaîné à son travail quotidien dans un petit journal. Mais à l’ère de la consommation de masse, rares sont ceux qui s’intéressent encore à la poésie. En lisant l’histoire d'un célèbre poète kazakh du 19e siècle exécuté par les autorités, il est profondément ébranlé, y reconnaissant à la fois la dureté et la nécessité de sa vocation. Invité à donner une lecture dans une petite ville, il se retrouve déchiré entre la douleur et la joie, ses accomplissements et ses échecs.
Le réalisateur Kazakh Darezhan Omirbayev est à l'origine de ce film
Ce dernier également scénariste est né en 1958 dans le village d’Uyuk, au Kazakhstan. Avec un diplôme en mathématiques appliquées, en 1981, il commence une formation d’assistant réalisateur. Son film de fin d’études, très bien accueilli, lui permet de travailler dans les studios Kazakhfilm comme correcteur de scénarios. Après un passage au VGIK (Institut national de Cinématographie) à Moscou, il revient à Almaty en 1988. Pendant plusieurs années, il est critique de cinéma pour le magazine New Film.
En 1991, il réalise son premier long-métrage, KAIRAT, récompensé par le Léopard d’argent et le Prix Fipresci au Festival de Locarno, marquant le début de la «Nouvelle Vague kazakh». Fortement inspiré par Robert Bresson, pour lequel il n’a jamais caché sa grande admiration, Darezhan Omirbayev est considéré comme un des chefs de file du cinéma d’Asie centrale.
En 1995, KARDIOGRAMMA qui aborde ses souvenirs d’enfance est sélectionné en compétition officielle au Festival de Venise où il remporte le Prix UNESCO.
Son troisième long-métrage en 1998, TUEUR A GAGES, fable lucide sur l’état de la société kazakh, est récompensé par le Prix Un Certain Regard – Prix Fondation Gan au Festival de Cannes. Il signe en 2001 LA ROUTE, également sélectionné à Un Certain Regard au Festival de Cannes. En 2007, CHOUGA, inspiré d’ «Anna Karénine» de Léon Tolstoï, remporte le Prix Spécial du Jury au Festival des 3 Continents à Nantes.
En 2012, il réalise L’ÉTUDIANT, inspiré de «Crime et châtiment» de Fiodor Dostoïevski, qui est sélectionné à Un Certain Regard au Festival de Cannes. On le retrouve en 2021 avec POET, film qui remporte le Prix de la Mise en scène au Festival International du Film de Tokyo 2021 et est sélectionné en 2022 à la Berlinale dans la section Forum. La Viennale le met également à l’honneur de son édition 2022.
L'acteur principal qui joue Didar, est interprété par Yerdos Kanaev. Très peu loquace dans ce film, il est très introverti.
Avant-propos :
"Il y a quatre ans, j’ai été invité à exposer certaines de mes photographies à Lugano, en Suisse. Là-bas, j’ai été profondément saisi par un étrange sentiment de solitude, malgré la présence de personnes intéressées par mon travail. Je suppose que cette confrontation violente, entre un monde fragile et idéaliste et la réalité, peut être vécue par de nombreux artistes. À partir de cette base, j’ai senti qu’une histoire pouvait naître, celle de l’artiste moderne confronté à un problème éternel. Je dois avouer que j’ai toujours été fasciné par la vie et l’art de Makhambet Utemisov, un poète kazakh du 19e siècle, qui s’est rebellé contre les autorités. Du fait d’une violente répression, il a été forcé de se cacher avec sa famille dans la steppe. Rapidement retrouvé, il a été décapité publiquement et sa tête a été apportée à Khan Zhangir, le gouverneur du Kazakhstan Occidental.
J’ai décidé de réunir cette expérience personnelle et quelques épisodes de la vie de Makhambet. Ils appartiennent à des époques différentes mais ont la solitude comme socle commun, l’impossibilité de vivre une vie monotone et la difficulté d’envisager un avenir pour son art. À travers Makhambet, je voulais aussi représenter la chose la plus importante, celle qui nous donne un peu de force pour vivre, l’élan créatif.
Les acteurs qui jouent le poète, sa femme et son enfant sont les mêmes qui interprètent les rôles de Makhambet et de sa famille. Le meurtrier de Makhambet se retrouve également dans le personnage d’un homme d’affaires impitoyable, afin d’accentuer les liens profonds entre les vies, les destins et les mondes intérieurs de mes deux personnages principaux.
De toute évidence, la poésie et la littérature sont aujourd’hui menacées par les nouvelles technologies. Les gens lisent moins et passent de plus en plus de temps devant différents écrans. Mais la vraie poésie, celle à laquelle nous croyons, trouve toujours son chemin, en tant que partie intégrante de la nature humaine". - Darezhan Omirbayev
Poet est très intimiste de la part de Darezhan Omirbayev. Il ne plaira certes pas à tout le monde car nous sommes plus dans un film d'auteur. Grâce à des flashbacks et l'écriture, chère au réalisateur, et au protagoniste, pour les différents langages et dialectes qui se perdent, pour l'amour des mots, de l'écriture et de la lecture, certains y trouveront le plus grand intérêt.
Crédits photos et vidéo : Alfama Films
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