Critique film Premières urgences d'Éric Guéret
PREMIÈRES URGENCES
Synopsis :
Amin, Evan, Hélène, Lucie et Mélissa sont étudiants en médecine. Ils
arrivent aux urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis pour y
effectuer, pendant six mois, leur premier stage en internat. Leur
vocation résistera t-elle à la réalité de l’hôpital qu’ils vont devoir
affronter ?
Eric Guéret est derrière la caméra de ce très intéressant documentaire.
Ce dernier est un réalisateur français de documentaire. Il tourne depuis 1992 des documentaires sur des sujets de société et d’environnement. Il est spécialisé dans le cinéma de proximité, filmant en immersion totale, au plus proches des personnes, pendant de très longues périodes. La plupart de ses films racontent des combats, sous toutes leurs formes.
Combats collectifs dans «Greenpeace, Opération plutonium», ou «Tous ensemble» auprès des syndicalistes de la CGT. Combats individuels, dans «La mort est dans le pré» auprès des agriculteurs victimes de pesticides ou« Femmes sans domiciles » qui raconte les conditions de survie des femmes à la rue. «Le feu sacré» plonge dans la bataille des aciéristes d’Ascoval pour sauver leur usine.
Il s'est aussi beaucoup penché sur les luttes contre les violences et les discriminations. "Les insoumises" parlent de femmes qui font face à la violence masculine dans le monde entier, "homo la haine" de l'homophobie, "enfance abusée" de la pédo-criminalité ou encore "Amour à mort" des violences conjugales.
Nous suivons ici le parcours durant 6 mois de 6 étudiants en médecine. A
peine arrivés ils vont devoir vite assimiler ce qu'il faut faire et
mettre en pratique ce qu'ils ont appris, ou ce qu'ils ont encore à
apprendre.
De suite des personnalités se dégagent, on ressent que certain(e)s sont
plus motivés que d'autres et déjà on voit une différence entre eux. Il y
a ceux ou celles que l'on préfère car ils s'investissent plus.
Le service des Urgences, où a été tourné ce film, se trouve à Saint-Denis et est dirigé par le Professeur Mathias
Wargon. Ce dernier est dur mais juste. Il faut dire qu'il a fort à
faire, car en plus des urgences courantes il doit accueillir les cas
psychiatriques et arriver à les gérer. Son service est toujours débordé
et on ne lui alloue que peu de moyen.
Manque d'effectifs, de matériels, il doit tout piloter et ce n'est pas chose
aisée. On lui demande souvent de faire des choix par nécessité et il est
vrai que l'on peut être surpris lorsque l'on voit arriver un jeune dans
un comas éthylique avec 6gr dans le sang et qui est "choisi" pour rester à
l'hôpital alors qu'une personne âgée avec un traumatisme crânien doit partir en surveillance dans
une maison de retraite. Ceci est très choquant, malheureusement il ne faut plus vieillir en France.....
Et puis il y a l'équipe du Professeur, diplômée et chevronnée, qui doit
faire du mieux possible tout en expliquant aux stagiaires comment tout
se déroule et ce qu'il faut faire. Les rares fois où on les voit tous
réunis c'est lors de rapide "réunions" pour faire le point de ce qui va
ou ne vas pas. Parler de tel ou tel patient. Comme cite le Professeur, et
je suis totalement d'accord avec lui, nous n'avons pas de temps à
perdre comme tous ces bureaucrates en costume-cravate, qui passe leur
temps en réunions qui ne mènent à rien ou à peu de choses. Ici il faut
agir et parfois vite.
Les
débuts sont parfois difficiles pour ces jeunes internes. On voit que certains s'adaptent plus vite que d'autres. C'est le cas pour Amin.Très vite il prend ses marques et ose
prendre des décisions tout en consultant des personnes plus compétentes afin de ne pas commettre d'impair.
On apprécie la gentillesse et la bonne humeur de Lucie qui prend toujours
son temps, quel que soit l'âge du patient, sa nationalité, sa maladie, et
qui agit au mieux tout en gardant son calme.
Avec de bonnes idées à proposer comme le fait de donner des dépliants, que l'hôpital ne détient pas, pour les femmes battues.
On
regrette de moins voir Hélène et Evan dans ce documentaire par rapport
au trois autres. Hélène est plus réservée, quant à Evan il aimerait aller en pédiatrie.
Pour ma part celle que j'ai le mois apprécié en tant qu'interne c'est
Mélissa. Qu'elle ait du mal à trouver ses marques et ait peur de mal
faire je le conçois, mais quand elle a un air dégouté pour une fracture
ouverte et surtout lorsqu'en tant que stagiaire on l'entend dire "Pour
ma part je choisis mes patients aux urgences je ne prends pas de cas en
dessous de 18 ans et personne au dessus de 50 ans", j'avoue avoir été outrée de la part d'une futur médecin. Elle oublie que si elle a de la
chance de vieillir, elle aura peut être besoin un jour d'aide. Et puis surtout
elle a choisi un métier où il ne faut pas faire de discrimination et
elle en fait. J'avoue qu'elle m'a mise très en colère car je m'aperçois
que de plus en plus que les personnes âgées sont laissées pour compte.
Bref,
ne nous attardons pas plus sur le cas de cette jeune fille qui n'en
vaut pas la peine car le plus urgent, c'est l'hôpital et la médecine qui
subit de plein fouet le manque d'argent, de soignants.
La médecine voudrait que ce corps de métier rapporte de l'argent, mais dans les hôpitaux c'est un euphémisme. L'accès aux soins y est gratuit et à l'heure actuelle où tous les spécialistes, et même les Docteurs viennent à manquer, c'est toujours vers les urgences que l'on se rabat.
L'hôpital public, comme dans le cas de celui-ci Delafontaine on n'occulte rien dans ce documentaire et on va au plus pressé. Les journées tiennent parfois à un fil, et si celui-ci rompt tout part en vrille. Pourtant le service du Professeur Wargon tient bon.
On apprécie le rythme du film qui passe d'un patient à l'autre, tout en nous indiquant toujours ce qu'il se passe. Puis on passe aux relations et l'entraide entre infirmiers et médecins.
On regarde impuissants les soignants chercher de la place, des lits pour des malades. Passer parfois 2h au téléphone pour trouver quelque chose. On pourrait soulager médecins et infirmiers de la paperasse, des recherches à effectuer, mais les supérieurs tranquillement installés dans leurs bureaux, ne voient que gain de temps, statistiques, rentabilité, et se préoccupent peu du mal être de ces humains qui travaillent pour eux. On en voit certains épuisés et pourtant ils continuent et répondent toujours présents pour les malades.
Certaines séquences sont poignantes et la musique de Cascadeur apporte ce rythme dont le film a besoin.
Des dysfonctionnements dans les hôpitaux il y en a. Heureusement il y a des personnes qui se sentent plus investies que d'autres, comme nous avons pu le voir par temps de Covid, on ne peut dire que Merci, ce petit mot tout simple mais qui veut tant dire à tous ces soignants qui sont là pour nous, jour et nuit. Ils ne travaillent pas pour l'argent mais par passion, alors encore une fois Merci.
Crédits photos et vidéo : © 2022 – HAUT ET COURT DOC - Eric Guéret
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