Critique documentaire Arvor de 2 à 5 ou les Péripéties d'un cinéma en mouvement
ARVOR DE 2 A 5
OU LES PÉRIPÉTIES D'UN CINEMA EN MOUVEMENT
Synopsis :
Demain dès l’aube -enfin, quand il pourra- le cinéma Arvor déménagera! D’ici là, le chemin est ardu et semé d’embuches. Les deux Corentin ont partagé 3 ans durant le quotidien de ce cinéma Art et Essai vieux d’un demi-siècle et sont tombés sous le charme de ce lieu emblématique imprégné d’images. Peuplé d’êtres attachant(e)s, de chats espiègles et d’un chien sonore, Arvor de 2 à 5 convoque les souvenirs d’un monde qui s’efface et projette les rivages d’un autre qui se dessine.
Ce documentaire est réalisé par Corentin Doucet qui était chef monteur sur Au dos de nos images. A ses côtés Corentin Massiot.
A propos du film par les réalisateurs :
Arvor de 2 à 5, est la chronique d’une salle de cinéma, l’Arvor, qui s’installe dans un nouveau lieu. On a imaginé le film, telle la vie et ses imprévus, avec comme ressort dramatique ce déménagement qui vient, et qui va nécessairement provoquer des bouleversements. Les séquences font le récit d’une équipe de passionnés, bénévoles et salariés, dont le leitmotiv est la défense du cinéma en tant qu’expression artistique singulière, dans un esprit d’indépendance. Les personnages, en situation réelle, deviennent des acteurs du film, d’où l’importance de la confiance instaurée entre les filmeurs et les filmés.
Le film s’intéresse à ce qui fonde l’esprit d’une salle de cinéma Art et Essai au moment où celle-ci, confrontée à la concurrence des écrans et à l’arrivée des plateformes, choisit de se délocaliser dans une tour moderne qui lui permettra de passer de deux à cinq salles. L’Arvor, temple de la cinéphilie depuis 1956 est un symbole : une manière de voir des films et d’en parler. Nous voulons affirmer notre attachement à la salle de cinéma comme premier lieu où l’on découvre un film. Nous défendons le cinéma comme lieu social, lieu d’échange, de rencontre, et d’une expérience «extraordinaire». Formellement dans le film notre regard se substitue à celui des spectateurs, alors qu’ils regardent un film. Nous voulons affirmer l’importance d’une vision en continu des films à l’heure où notre société incite à la dispersion permanente nuisant ainsi à une concentration sur un temps long. Notre film se situe au niveau du transfert de l’âme d’un lieu chaleureux ‘transposé’ dans une coque à l’architecture complexe, que l’on ressent comme froide et impersonnelle. Un nouveau lieu qui n’a pas encore d’âme. C’est un défi que l’Arvor doit relever et c’est là que s’arrête notre film. Nous n’avons pas voulu faire un film d’histoire ou de propositions, nous voulions porter notre regard, pour dire notre attachement au «cinéma», art du temps, du mouvement et de la lumière, au travers de ceux qui le font vivre auprès du public dans toute sa diversité.
Le tournage sur la durée a été possible grâce à la confiance qui nous a été accordée, et qui s’est notamment traduite par la mise à disposition d’un bureau dans le cinéma. La narration s’appuie sur le réel et se construit avec l’équipe de l’Arvor filmée dans son quotidien, qui doit faire face au changement qui vient et à la crise sanitaire que nul n’avait prévu.
Il y a Patrick Fretel, gestionnaire des lieux, garant du fonctionnement administratif et qui veut mener à bien le grand projet de déménagement de son cinéma, supervisant le transfert, le mettant sur les rails d’une nouvelle ère avant de prendre une retraite bien méritée. Son jumeau Jacques est le programmateur historique de la salle.
Éric Gouzannet, un acteur local majeur du cinéma, co-fondateur du Festival Travelling et de l’association Clair Obscur, recruté depuis cinq ans, aujourd’hui directeur, il donne un souffle nouveau à l’Arvor. Et enfin, Antonin, salarié de l’Arvor, co-présentateur de l’émission cinéphile Le cinéma est mort depuis quinze ans. Cinéphile invétéré, il a un avis éclairé sur le cinéma et le rôle d’une salle de cinéma. Sortir du diktat des sorties lui semble une évidence pour se démarquer. Il organise à l’Arvor les soirées Le film du dimanche soir, qui attirent un nouveau public. Chacun dans son rôle œuvre pour le même objectif, celui de faire venir le public.
Nous nous positionnons en tant que cinéphiles à l’intérieur d’une salle Art et Essai, cherchant à saisir par le truchement de l’objectif et la force du montage le rôle joué par cette salle de cinéma où art et rentabilité se conjuguent sans s’opposer. Un cinéma qui se veut œuvre, qui propose une vision, un regard, qui touche, voire bouscule, dans le bon sens du terme. Le film se place du point de vue de ceux qui l’animent. Dans la relation de l’équipe avec le public, dans leurs échanges pour un cinéma qui suscite un fort attachement : convivialité, accueil, ouverture d’esprit, expérience artistique, réflexion, émotion, exigence, créativité, sont les maîtres mots de ce lieu qui constitue à nos yeux l’avenir du cinéma, dans ce qu’il a d’instructif, de divertissant et d’enrichissant, dans sa dimension fondamentale de créateur de lien social fort et durable.
Ainsi la narration initiale était guidée par le point de chute ultime du déménagement. La dramaturgie épouse la route (sinueuse) qui doit conduire à la réussite de ce transfert. Mais, un élément perturbateur est venu bousculer notre narration, et n’en ajoute que plus de suspense. Notre documentaire, reflet d’une situation générale à partir des problématiques spécifiques à l’Arvor, revêt depuis la pandémie, une dimension nationale qui concerne toute l’industrie de la culture, du cinéma et a fortiori des salles Art et essai.
Le cinéma n’avait jamais fermé ses portes depuis janvier 1983, date de son installation à l’adresse actuelle. Pas un jour... Il est évident que le confinement n’a fait qu’accentuer et précipiter une situation que subissent déjà les cinémas indépendants, dont l’Arvor est un symbole : une concurrence accrue des écrans et des plateformes, le développement (accéléré) de nouveaux usages du public... On est donc au cœur du sujet puisque ce sont pour ces raisons que l’Arvor a pris le parti de déménager. Nous avions le sentiment qu’il fallait attirer l’attention sur les dangers qui la guettent. Le film pourrait ainsi devenir un support de discussion et d’échange avec la salle sur la salle.
ARVOR, DE 2 À 5, ou LES PÉRIPÉTIES D'UN CINÉMA EN MOUVEMENT nous parle d'une thématique actuelle, en résonance avec les états généraux du cinéma et la crise que traverse actuellement la salle de cinéma et le cinéma en général...
Alors que la fréquentation de nos salles est au plus bas, on nous invite
à voir la réalité de l’intérieur, la vie d'un cinéma qui ressemble à
tant d’autres.
Voir
des films dans une salle de cinéma reste quelque chose d'unique, un
temps suspendu que l’on s’accorde seul ou à plusieurs. C'est aussi la
possibilité de s’enfermer dans une salle pour y ouvrir une fenêtre aux
possibilités aussi larges que l’imaginaire.
Il est vrai que depuis la crise du Covid et la naissance de plusieurs plateformes qui produisent et diffusent des films, le cinéma va mal, ce documentaire est un hymne au cinéma, aux salles de cinéma et s'adresse aux vrais amateurs de salles obscures.
Festivals :
Festival de La Rochelle - Sélection officielle 2022
ARVOR DE 2 A 5 - Bande annonce from Next Film Distribution on Vimeo.
Crédits photos et vidéo : Next Film Distribution
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