Critique film Poppy Field
POPPY FIELD
Synopsis :
Cristi est un policier roumain au service d'une institution publique encore très machiste. Il doit cacher au quotidien son homosexualité à ses collègues. Le jour où son petit ami français vient lui rendre visite pour quelques jours, Cristi est appelé pour une intervention dans une salle de cinéma où un groupuscule ultranationaliste sabote la projection d'un film queer. Lorsque l'un des spectateurs gay le reconnait et menace de révéler son secret, Cristi craint de perdre le contrôle de sa vie.
Réalisé par Eugen Jebeleanu, également acteur puisqu'il était au générique de Floride, ce metteur en scène de théâtre et de cinéma, depuis plus de dix ans traitent de sujets politiques et sociaux, dans le but de donner de la visibilité aux individus anonymes qui ne se conforment pas à la culture dominante, se révoltent contre le système et se battent pour la liberté d’expression.
Il a travaillé dans des théâtres prestigieux à travers le monde comme le Théâtre National à Stuttgart, où il a mis en scène «Le Bouc» de R.W Fassbinder et «Roosevelt Square» de Dea Loher, ou encore «I Was Looking At The Ceiling and The I Saw the Sky» de John Adams à l’Opéra de Lyon. Ses créations ont été programmées dans des festivals en Roumanie, Pologne, Danemark, Allemagne, République de Moldavie et France. Par exemple «Ogre» de Yann Verburgh a été présenté à Avignon avant de tourner dans tout le pays et elle recevra un prix de la Fédération d’Association de Théâtre Populaire (FATP) ou «Itineraries. One Day the World Will Change» de Yann Verburgh, qui faisait partie de la saison d’échange culturelle France-Roumanie en 2019. A noter que «Poppy Field» est son premier long-métrage.
A ses côtés Radouan Leflahi, (Hadi) qui n'est pas un inconnu car on a pu le remarquer dans République, le film interactif ou encore Robuste. Ce dernier n'a cependant qu'un petit rôle et on le voit surtout au début de ce long métrage.
Par rapport à l'affiche, le film n'est pas du tout celui attendu. En effet, le réalisateur a décidé de très peu montrer la relation entre les deux hommes.
Au début on peut les voir certes, d'ailleurs lors de la visite de la soeur de Christi on ressent que celui-ci exprime à la fois la gêne mais aussi la colère qu'il contient alors que Hadi est très à l'aise. Pourquoi ? Sans doute parce qu'en France l'homosexualité est quelque chose qui fait partie de notre quotidien alors qu'en Roumanie elle est toujours cachée.
Lorsque Christi part à son travail c'est là que ce long métrage prend toute son ampleur et on se remémore quelques scènes d'un film dans un tout autre genre - Le retour des crevettes pailletées - qui lorsqu'elles se retrouvent en fin font de la Russie doivent faire face aux gens où règne l'homophobie.
La tolérance en Roumanie est loin d'exister et l'on comprend en visionnant les scènes des manifestants fortement religieux qui interdisent à des personnes de visionner un film sur des lesbiennes que la Roumanie n'est pas encore ouverte comme dans de nombreux pays du monde.
Christi n'est pas à l'aise dans ce contexte et le sujet de Poppy Field devient plus psychologique. Cet homme, de surcroît de la gendarmerie, a peur de dire qu'il est homosexuel par rapport à la société. Quand l'un de ses anciens amants - sans doute - le reconnaît il pète un câble et tape ce dernier en le traitant de "sale tarlouze".
C'est à ce moment là que la tension monte réellement car Christi se retrouve enfermé dans une salle de cinéma vide, qui donne lieu en fait à un huit clos. Il est emprisonné aussi bien mentalement que physiquement et perd pied et patience. Les silences sont pesants, les allers et retours également de Christi dans ce lieu sont pesants car il ne sait pas ce qu'il se dit à l'extérieur par rapport à lui.
Nous sommes dans une société agressive et le réalisateur nous livre un film très intimiste. La tolérance n'est pas encore de mise mais grâce à des gens comme Eugen Jebeleanu les mentalités ne pourront qu'évoluer.
- Tallin Black Nights Film Festival – en compétition
- Torino International Film Festival – Meilleur acteur
- Festival du Film Francophone de Namur – Meilleure première œuvre
- D’A Film Festival Barcelone – Grand prix
- Gigon International Film Festival – Meilleur acteur
- Belgrade International Film Festival – Meilleur film
- Festival Chéries-Chéris Paris – en compétition
- Festival Pink Screens Bruxelles – sélection officielle
Crédits photos et vidéo : Optimale Distribution
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