Critique film Tempura
TEMPURA
Synopsis :
Depuis toujours, Mitsuko vit dans sa bulle. Au cœur d’un Tokyo trop grand pour elle, elle se consacre avec passion à des recettes de cuisine qu’elle peaufine de son petit appartement. En célibataire épanouie, elle se fixe chaque jour de nouveaux défis jusqu’à celui inédit… d’inviter un garçon à dîner !
Née dans la préfecture de Kanagawa, Akiko Ohkuentre à l'école de cinéma de Tokyo en 1997. Elle y fait ses débuts en tant que réalisatrice avec Igaito Shinanai(1999), son premier long-métrage étudiant. Son premier film sorti en salles est Tokyo Serendipity(2007). Elle a ensuite réalisé Tokyo Nameless Girl's Story(2012), Fantastic Girls(2015), Marriage Hunting Beauty(2019) et My Sweet Grappa Remedies(2020). Tremble All You Want(2017) ainsi que Tempura(2020) ont tous deux remporté le prix du public au Festival international du film de Tokyo.
Dans le rôle principal, la jeune, jolie et fraîche NON. Elle est à la fois Mitsuko et A dans ce long métrage. Peu connue du grand public, elle est de toute les scènes et offre une parfaite interprétation de son personnage.
A ses côtés, la délurée Asami Usuda qui n'est pas réservée comme on imagine toutes les Japonaises. Dans le film elle est Nozomi.
Un homme bien entendu qui va charmer Mitsuko. Le rôle est tenu par Kento Hayashi - Tada dans Temura. Aussi réservé que l'interprète principale, vont-ils arriver trouver à trouver un terrain d'entente autre que la nourriture ?
Le film s'ouvre sur une séquence ou Mitsuko apprend à faire la cuisine et tout le long de ce long métrage vous aurez l'eau à la bouche.
Mitsuko vit seule et se parle à elle-même. Sa voix intérieure se nomme A et parfois la rend folle. Mitsuko apprécie en fait sa solitude, et même si elle éprouve le besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés, l'âge faisant, elle a dû mal à accepter de vivre avec quelqu'un.
Elle est parfois mal dans sa peau et se lance des défis. C'est ainsi qu'un jour elle va demander à Tada de venir manger chez elle.
Bon à savoir :
Ce n’est pas la première fois que la réalisatrice Akiko Ohku et la romancière Risa Wataya travaillent ensemble sur un film et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette collaboration s’avère toujours fructueuse. Après Tremble All You Want (2017), lauréat du prix du public au Festival international du film de Tokyo, c’est au tour de Tempura (2020) de le remporter pour la 30ème édition du même festival. Au-delà d’un succès critique, c’est aussi un succès d’audience: l’appétit des spectateurs pour Tempura n’a pas décru pendant ses 11 premières semaines d’exploitation. Pourquoi une telle fascination? Probablement parce que le film jette les bases d’une vraie révolution identitaire et romantique, en tout cas au Japon où les normes, l’éducation et les représentations contraignent les émotions collectives et les velléités de libre-arbitre individuelles, a fortiori quand on est une femme... Il est intéressant de noter que ce n’est pas contre une pression sociétale que Mitsuko lutte, mais contre-elle-même. Qu’elle soit une «makeinu»1 n’est ainsi pas le sujet: elle vit très bien son célibat, qui lui permet de s’épanouir comme elle l’entend. Ni le fait qu’elle s’éprenne d’un garçon plus jeune qu’elle (sans qu’elle s’y attende), supposé être mal vu au Japon. Car ce n’est pas le fait d’exister en tant que «femme moderne» que Mitsuko doit apprendre-traitement finalement assez limitant tant il est devenu de mise quand un film a pour héroïne une femme-mais en tant qu’individu avec ses propres rêves, sa propre identité, ses propres désirs,ses propres angoisses,échappant à tout formatage... Le film va suivre son parcours existentiel, jusqu’au point culminant où elle parviendra à prendre le contrôle de sa vie par-delà tous stéréotypes, attentes ou blocages. Dans cette quête personnelle, l’amour bien sûr apparaîtra comme un puissant outil de transformation, cette «contre-épreuve et confiance faite au hasard» (pour reprendre les mots d’Alain Badiou dans Éloge de l’amour). Mais pour que l’amour s’avère réellement émancipateur, encore faut-il s’affranchir d’abord de soi, ce qui implique lâcher prise et audace... C’est tout le sujet de Tempura: il ne peut y avoir de connexion profonde à l’Autre s’il n’y a pas déjà eu connexion ultime à soi. Il va donc s’agir de se réinventer avant de réinventer l’amour! Alliant romance et film conceptuel, Akiko Ohku donne à son récit un ton d’une absolue liberté, qui fait du film une fable profonde, passionnante sur le plan psychanalytique, et toujours surprenante.Avec son humour décalé, elle rappelle que nous pouvons être à la fois notre pire et notre meilleur allié.
1 - «Makeinu» : terme péjoratif et familier pour désigner les femmes non mariées de plus de 30 ans qui ont perdu un chien, autrement dit un homme
Ce n'est pas le premier long métrage qui parle de la cuisine Japonaise, nous avons déjà pu voir Dans un jardin que l'on dirait éternel mais qui abordait le rituel du thé, Les délices de Tokyo. Par rapport aux autres films, l'art culinaire n'est pas le sujet central du film, il est juste un film conducteur qui va mener Mitsuko et Tada à se rencontrer.
Il faut s'habituer à entendre une voix d'homme être A, cette voix intérieure qui est la conseillère de Mitsuko. Même si cela et un peu perturbant, une fois que l'on a compris on adhère facilement à cet état de fait.
Mon reproche, ce film est poil trop long et 30 mn de moins aurait rendu Tempura encore plus attrayant.
La solitude est largement abordée, un film assez libéré, qui aborde la jeunesse, la femme, qui offre des moments d'humour, avec un personnage assez unique qu'est Mitsuko. En fait on se rend compte que dans le monde des Mitsuko il y en a beaucoup. Nombre de femmes se reconnaitront en elle.
Un feel-good Japonais qui fait du bien.
Crédits photos et vidéo : Art House - Hanabi
merci pour cet avis détaillé constructif et pour cet eclairage qui me donne envie d'aller voir ce film
RépondreSupprimerMerci du commentaire et du passage sur mon blog. Bel été
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