Critique film Anatolia
ANATOLIA
Synopsis :
Yusuf et son meilleur ami Mémo sont élèves dans un pensionnat pour garçons kurdes, isolé dans les montagnes de l'Anatolie orientale. Lorsque Memo tombe mystérieusement malade, Yusuf est contraint de surmonter les obstacles bureaucratiques dressés par la direction autoritaire et répressive de l'école pour tenter d'aider son ami. Mais au moment où les adultes comprennent enfin la gravité de l'état de Mémo et essaient de l'emmener à l'hôpital, l'école a été ensevelie sous une tempête de neige. Coincés, dans l'impossibilité d'obtenir de l'aide, les enseignants et les élèves se rejettent la balle. Rancunes, sentiments de culpabilité et secrets cachés émergent, alors que le temps passe inexorablement et menace d'emporter Memo.
Réalisé par Ferit Karahan, après deux courts-métrages et un long avec The fall from heaven en 2013 qui a remporté de nombreux prix, le réalisateur nous revient avec Anatolia, un film auquel on ne peut pas rester insensible.
Dans le premier rôle celui du jeune Yusuf, Samet Yildiz, incroyable de sincérité. Il transpire son personnage. Énormément de choses, de réactions passent par ses yeux, et cet enfant est très impressionnant pour un premier rôle.
A ses côtés des acteurs turcs comme Ekin Koç, Mahir Ipec, Cancu Firinci, Melih Selçuk qui sont les adultes et professeurs des enfants.
Sans oublier tous ces jeunes adolescents, non comédiens, qui font partie intégrante de ce film.
Gros coup de coeur pour ce long-métrage qui m'a captivée de bout en bout et pour lequel je n'attendais pas une telle fin.
Il faut savoir que le réalisateur s'est inspiré de ce qu'il a vécu étant enfant, ayant été lui-même dans des pensionnats turcs.
La peur est le maitre mot pour ces enfants, et c'est avec aberration que l'on peut voir ce qu'ils vivent au quotidien. Une discipline d'enfer, tout est rigoureux et parfois nous sommes limite dans l'endoctrinement.
Les professeurs sont durs, mais je ne pense pas qu'ils n'ont pas l'impression de s'en rendre compte et lorsqu'ils s'aperçoivent de l'état du jeune garçon, ils sont désemparés et mettent tout en œuvre pour le sauver. On leur a inculqué cette façon de se comporter, et ils ne font que reproduire et perpétuer une tradition qu'ils ont subie eux-mêmes.
On voit que dans ces Établissements, qui n'ont rien, parfois isolés du monde, sont parfois oubliés de tous. Apparemment d'ailleurs rien ne bouge, tout est vieillot, et les internats sont tels qu'ils étaient il y a plusieurs années. Dans cette infirmerie, sans infirmiers(ères) qui soient, on constate avec effarement que mis à part un lit et une pharmacie bien vide, l’Établissement est dépourvu de tout et d'aide.
Chacun se rejette la faute et règle au passage des problèmes qu'ils découvrent, alors qu'il y a mieux et plus urgent à gérer.
Le climat rude avec la neige qui tombe drue, peu ou pas de moyen de locomotion, font que l'ambiance est encore plus pesante dans cet endroit hostile.
Pour ses enfants qui vivent sous l'emprise de la peur, le réconfort auprès d'autres camarades qui deviennent leurs amis, est leur bouchée d'oxygène. On le voit entre Momo qui tombe malade et Yusuf.
Comme le dit le réalisateur :
"A travers l'histoire de Yusuf, le film propose d'examiner le phénomène du mensonge et ses conséquence dans les sociétés opprimées. Il cherche aussi à questionner l’innocence.
Anotalia est un film qui parle d'un sentiment ancestral : la peur".
Alors que l'on n'imagine pas que de telle situations pour des enfants puissent exister, Anatolia nous ouvre les yeux sur un monde tragique pour eux, mais qui est presque un passage obligée dans cette région, afin d'apprendre, de s'instruire et ne pas devenir paysans comme leurs parents, mis à part pour ceux qui le désirent.
Ce film est une réussite au niveau de l'ambiance, du jeu des acteurs, du scénario, de la manière de filmer de Ferit Karahan. Un long métrage impressionnant et criant de vérité....
Crédits photos et vidéo : Moonlight Distribution
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