ET J'AIME A LA FUREUR

Synopsis : 

Depuis son enfance, le co-réalisateur de C’EST ARRIVÉ PRÈS DE CHEZ VOUS collectionne des bobines de films. Grâce à ces instants de vie de cinéastes anonymes et ces traces d’émotions préservées, il reconstitue l’aventure de sa famille. Avec ET J’AIME À LA FUREUR, André Bonzel déclare son amour pour le cinéma. Sur une musique originale de Benjamin Biolay, il raconte une histoire qui pourrait être la nôtre…

Crédit photo : ©Barthélémy Thumerelle*

André Bonzel est amoureux du cinéma, il était presque normal qu'il nous livre ce genre de documentaire. 

Ce dernier est un collectionneur de films comme il le dit lui-même : 

"Les premiers films que j’ai eu étaient les 9,5mm qui se trouvaient dans la boite du projecteur Pathé-Baby acheté aux puces et que mes parents m’avaient offert, déjà une antiquité lorsque j’étais enfant. Il y avait là des dessins-animés de Felix le Chat, mais surtout une vingtaine de films amateurs qui provoquaient mon imagination.

Les films amateurs Pathé-Baby (dont le format fête son centenaire cette année) ont quelque chose de tout à fait fascinant. Pour les regarder je dois les projeter à l’aide d’un projecteur datant lui-même des années vingt, modifié avec une lampe de poche à led. Ces films ont près d’un siècle, montrent des temps révolus, et lorsque l’on tourne la manivelle du projecteur, ce monde qui n’existe plus reprend vie devant nos yeux et la magie opère.

Dans ma quête continuelle de films j’ai eu la chance de faire quelques trouvailles : une bobine 35 nitrate du long métrage Le Lys de la vie réalisé par la célèbre danseuse Loïe Fuller en 1921, premier film à incorporer des images en négatif pour évoquer un rêve. Au début des années 80, je trouve une bobine 16mm extrait du court métrage Hard Luck de Buster Keaton. C’est le seul film muet de Keaton manquant, et c’était son court métrage préféré. Je fais un job d’étudiant pour me payer le billet d’avion pour New York et je m’envole à l’été 84 pour rencontrer Eileen Bowser du MOMA, fameuse conservatrice de films qui a notamment restauré les films de David W.Griffith. J’y vais aussi pour rencontrer Raymond Rohauher, figure controversée qui a racheté les droits des films d’Harry Langdon à sa veuve, ami de Keaton à la fin de sa vie dont il acquiert et distribue les films muets. Eileen Bowser me dit «Vous allez voir Rohauher ? Vous allez rencontrer le diable !» Rohauer visionne le film et confirme qu’il s’agit bien de Hard Luck. Il me confie « avoir attendu ce moment toute sa vie ». Même incomplet, c’est le dernier film muet de Keaton manquant. Je négocie avec Rohauher l’échange de trois long-métrages en 16 contre ma bobine. Il vient à Paris en octobre 84 pour finaliser l’échange mais «Hard luck» pour moi, au moment où nous allions signer, Rohauher apprend qu’une copie 35 presque complète du film vient d’être retrouvée à la cinémathèque de Milan. Soudain, mon extrait 16mm n’a plus aucun intérêt et l’échange est annulé !

Il y aussi des trésors parmi les films amateurs, notamment ces films en Kodacolor, procédé couleur ancien et complexe nécessitant un prisme couleur sur la caméra puis un autre sur le projecteur pour reconstituer la couleur. Quand on regarde la pellicule, elle ressemble à une 16mm noir et blanc presque normale et l’on pourrait passer à côté, sans se douter qu’elle contient les couleurs réelles des années vingt ou trente qui ne demandent qu’à être reconstituées.

Cette passion pour les films, le réalisateur nous la propose au travers de Et J'aime à la fureur. En mêlant images d'archives personnelles, en narrant le film, et en nous proposant quelque chose d'assez intimiste il arrive à nous captiver.

Ce documentaire est quelque part une autobiographie de l'artiste et de sa famille. Le fait d'avoir demandé à Benjamin Biolay d'écrire la musique est un très bon choix, car on écoute avec délectation ces morceaux. 

Un récit simple, sans chichis, et ce désir de deuxième long-métrage se ressent fortement. Ses souvenirs sont émouvants et parfois drôles.

Tout en nous livrant son hisoitre, André Bonzel nous prouve son amour du cinéma, en mettant le 7ème art en valeur.

Il aura fallu au réalisateur plus de 30 ans entre le long métrage "C'est arrivé près de chez vous" et ce film. Ca valait vraiment la peine d'attendre car André Bonzel nous offre une oeuvre charmante et captivante.

 Festivals : 

Et J'aime À La Fureur | FA from L'ATELIER D'IMAGES on Vimeo.

  Crédits photos et vidéo : ©Barthélémy Thumerelle* - André Bonzel - L'Atelier Distribution - Les films du poisson