Cinéma, la voix d'Aida - Critique
La voix d'Aida est un sublime film de Jasmila Žbanić, qui a été nominé aux Bafta, Oscars et présenté à divers festivals comme la Mostra de Venise.
La réalisatrice a une bio assez conséquente :
Née à Sarajevo en 1974, Jasmila Zbanic est diplômée de l'Académie des Arts Dramatiques, du Théâtre et du Cinéma de sa ville natale. Avant de se tourner vers la réalisation, elle a été marionnettiste au sein du Bread and Puppet Theater, dans le Vermont, et clown dans l'atelier de Lee Delong.
Son premier long métrage, SARAJEVO, MON AMOUR, remporte l'Ours d'or à la Berlinale en 2006 (ainsi que le prix du Jury Œcuménique et le prix de la Paix), le Grand prix du jury de l'American Film Institute, le Grand Prix Odyssée du Conseil de l'Europe. SARAJEVO, MON AMOUR a été vendu dans une quarantaine de pays où il a connu un grand succès et obtenu des nominations au European Film Award du meilleur film et de la meilleure actrice.
La cinéaste enchaîne avec LE CHOIX DE LUNA en 2010, présenté en compétition officielle au festival de Berlin. Le film est distribué dans une vingtaine de pays et décroche plusieurs distinctions comme le Filmkunstfestival Schwerin Award du meilleur réalisateur, le Golden Apricot IFF Yerevan – prix FIPRESCI, et le Golden Arena Award du meilleur réalisateur au Pula Film Festival 2010. LE CHOIX DE LUNA est cité au European Film Award de la meilleure actrice.
Le troisième long métrage de Jasmila Zbanic, LES FEMMES DE VISEGRAD, est présenté au festival de Toronto et obtient le prix Femmes de cinéma au festival européen des Arcs. En 2014, LOVE ISLAND est projeté au festival de Locarno, puis diffusé sur Arte où il séduit plus de 500 000 téléspectateurs. Son documentaire expérimental ONE DAY IN SARAJEVO est présenté au festival du documentaire de Leipzig et dans une trentaine de festivals du monde entier.
Tous les films de la réalisatrice ont été produits par Deblokada, collectif d'artistes que Jamila Zbanic a créée.
Ses vidéos ont été diffusées dans plusieurs lieux d'expositions artistiques comme Manifesta 3, la Biennale d'Istanbul Biennial, le Kunsthalle Fridericianum Kassel, la Swedish Contemporary Art Foundation, le New Museum de New York...
En 2014, elle a décroché le prix KAIROS qui consacre les artistes européens dont l'œuvre a un impact culturel et social majeur.
Synopsis :
Srebrenica, juillet 1995. Modeste professeure d’anglais, Aida vient d’être réquisitionnée comme interprète auprès des Casques Bleus, stationnés aux abords de la ville. Leur camp est débordé : les habitants viennent y chercher refuge par milliers, terrorisés par l’arrivée imminente de l’armée serbe. Chargée de traduire les consignes et rassurer la foule, Aida est bientôt gagnée par la certitude que le pire est inévitable. Elle décide alors de tout tenter pour sauver son mari et ses deux fils, coincés derrière les grilles du camp.
L'actrice principale Jasna Djuricic est époustouflante. Comédienne de théâtre, de cinéma, elle porte le film à bout de bras. Elle n'a de cesse, dans le film de courir. Elle a une énergie débordante et croit encore en l'être humain. Elle apporte une force émotionnelle importante à son rôle.
Elle est entourée de grands acteurs comme Izudin Bajrović (Nihad), Dino Barjović (Sejo, qui est vraiment le fils d'Izudin), Boris Ler (Hamdija) et Emir Hadžihafizbegović.
L'histoire se déroule en 1995 dans un camp de réfugiés Bosniaques. Aida, réquisitionnée, sert d'interprète pour les Casques bleus qui sont censés protéger la population.
La tâche est ardue, quasiment impossible contre des hommes qui n'en sont plus. Elle affronte des "barbares" et cette histoire fait d'autant plus froid dans le dos puisque c'est une histoire vraie.
Une tension palpable est bien présente tout au long de ce long métrage.
Ce long métrage montre bien les massacres qui ont eu lieu, et l'impuissance des casques bleus face aux Serbes. En ce mois de juillet 1995, il est incroyable, et parfois insoutenable, de visionner certaines images qui montrent le massacre qui a eu lieu.
Aida va faire son possible, pensant être quelque peu protégée travaillant pour l'ONU, pour sauver sa famille. On s'aperçoit que les casques bleus ont leur limite, et sans l'intervention et l'autorisation de certains pays qui pourraient agir si ils le désiraient vraiment, ils ont les pieds et mains liés.
On peut citer également le travail de la photographe Christine A. Maier.
On
parle souvent de génocide mais à Srebrenica s'en fût un. Le film est
d'autant plus oppressant car une grande partie de l'action se déroule
dans un hangar où sont entassés les pauvres gens. Aida, va d'un endroit à
l'autre et se démène comme elle peut, entre aider la population,
faire son métier de traductrice, et protéger sa famille.
La réalisatrice nous montre une triste réalité, une fois de plus, dans ce pays qui a été oppressé. Un massacre sans nom. Malgré le sujet fort et dur il est bon que des personnes comme Jasmila Žbanić ose s'attaquer à ce genre afin que personne n'oublie ce qui s'est passé et que les plus jeunes puissent savoir.
Pas étonnant que ce film ait participé à nombre de festivals car bien qu'émouvant, parfois à la limite du supportable. Tant qu'il y aura des femmes - et des hommes - comme Aida on se dit que la race humaine avec un tant soit peu d'empathie, existe encore.
Bien que bouleversant, la Voix d’Aida est à voir absolument.
Crédits photos et vidéo : Condor Distribution
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