Cinéma, Je m'appelle humain - Critique
Je m'appelle humain - Call Me Human - est un magnifique documentaire de Kim O'Bomsawin sur Joséphine Bacon.
La réalisatrice a obtenu une maîtrise en sociologie avant d’entreprendre sa carrière de cinéaste. D’origine abénakise, faire découvrir l’univers des Premiers Peuples est ce qui motive sa démarche.
C'est grâce au Quai Branly - Jacques Chirac, sur la plateforme de la 25e heure que j'ai pu voir ce film et je suis encore sous le charme.
Synopsis :
«Sauvage, ça veut dire être libre entièrement», dit Joséphine Bacon. Lorsque les anciens nous quittent, un lien avec le passé disparaît. La poétesse innue incarne cette génération témoin d’une époque bientôt révolue. Avec charisme et sensibilité, Joséphine Bacon mène un combat contre l’oubli et la disparition d’une langue, d’une culture et de ses traditions. Sur les traces de Papakassik, le maître du caribou, Je m’appelle humain propose une incursion dans l’Histoire d’un Peuple multimillénaires aux côtés d’une femme libre.
“Sauvage,” says Joséphine Bacon, “means to be wholly free.” When elders leave us, a link to the past vanishes along with them. Innu writer Joséphine Bacon exemplifies a generation that is bearing witness to a time that will soon have passed away. With charm and diplomacy, she leads a charge against the loss of a language, a culture, and its traditions. On the trail of Papakassik, the master of the caribou, Call Me Human proposes a foray into a people’s multimillennial history, in company with a woman of great spirit who has devoted her life to passing on her knowledge and that of her ancestors. In her language, Innu means “human.”
À travers l’oeuvre de Joséphine Bacon, c’est tout l’univers des Innus et, de manière plus large, des Premiers Peuples, qui nous devient accessible.
Les Premiers Peuples sont à une étape cruciale de leur histoire. Les gens qui portent en eux la mémoire du passé, comme Joséphine, sont véritablement les derniers parmi nous. Après leur disparition, les prochaines générations d’Autochtones vont voir, lire ou encore entendre les histoires des liens qu’avaient leurs ancêtres avec la terre à travers les travaux d’historiens et d’anthropologues qui n’auront ni expérimenté, ni vécu le territoire.
Chez les Premiers Peuples, les hommes doivent guider par leurs gestes, mais ce sont les femmes qui expliquent la nature des gestes, qui transmettent et portent l’histoire. Joséphine Bacon a vécu avec les ancêtres et elle a été témoin de ces gestes et de ces histoires.
Joséphine est de la génération qui se distingue par le fait qu’elle a vécu deux modes de vie complètement opposés, soit la vie traditionnelle dans les communautés, mais aussi 14 ans de pensionnats. 14 ans à recevoir l’enseignement d’une religion et d’une langue étrangères, à être aspirée par une culture et une vision du monde qui n’étaient pas la sienne.
Joséphine a une capacité de recul et d’analyse qui lui permet de trouver un équilibre entre ces deux mondes. Elle sait utiliser les outils modernes pour communiquer son savoir. Aujourd’hui survivante de quarante années d’assimilation, elle a pu malgré tout recevoir, expérimenter, recueillir, les apprentissage traditionnels si chers à la nation innue. Elle a su emmagasiner tout ce savoir et le canaliser depuis près de dix ans dans sa fabuleuse poésie... Telle une survivante d’un récit qu’on ne raconte pas.”
Joséphine Bacon est un personnage plus grand que nature. Il suffit de la côtoyer quelques temps pour sonder toute la profondeur de son cœur d’enfant. Tout au long de cette grande aventure humaine, qui est devenue « un film », chaque rencontre a donné lieu à des surprises, des fous rires innombrables, des moments remplis de sincérité et de simplicité. À une époque où l’on sent de plus en plus d’ouverture et d’intérêt à l’égard des Premiers Peuples, mais où perdure tout de même une grande méconnaissance à notre égard, Joséphine m’apparait comme un élément essentiel de ce rapprochement qui est en train de s’opérer. Joséphine tend la main, est accueillante, ne juge pas. Elle se contente de faire ce qu’elle sait faire le mieux : transmettre la culture de ses ancêtres par des mots simples.
D’ailleurs, quand on lui rappelle qu’elle est une poète, elle dit qu’il “ne faut pas parler de ces choses-là”. Très humble, elle n’aime pas trop l’étiquette, qu’elle trouve carrément pompeuse. Pourtant, comme le dit sa grande amie Laure Moralie, elle nous plante des flèches dans le cœur à tous les coups, par sa poésie simple, mais à son image : sincère, pure et précise. Avec Joséphine, c’est une vision du monde qui s’offre à nous et que je souhaite faire découvrir au plus grand nombre.
Je m’appelle humain se veut donc un voyage au cœur de l’univers de cette grande dame. Nous rendons hommage à son parcours à titre de voyageuse, compteuse et passeuse. En mettant l’accent sur l’universalité de son œuvre – et son accessibilité – nous espérons que le film permettra de créer des ponts entre Autochtones et Allochtones.
Cette belle et émouvante incursion sur la terre de Joséphine Bacon nous propose un joli portrait de cette femme à qui l'on s'attache rapidement. Comme ne pas être éblouis par son histoire, par son sourire, par ses mots.
Joséphine Bacon nous offre de belles images dans ses paroles et nous mène vers la terre et les traditions de ses ancêtres pour lesquels elle perpétue, autant qu'elle le peut, les us et coutumes et tente de sauvegarder la langue.
Cette dernière a non seulement un joli phrasé, mais aussi beaucoup d'humour comme lorsqu'elle dit : "Je vais mettre mes doubles châssis" en parlant de ses lunettes.
J'ai encore en tête "les vieux m'ont redonné mon identité", "Je vis au présent le passé de mes ancêtres"...
Cette femme, malgré la vie qui n'a pas toujours été tendre avec elle, est douée pour le bonheur.
Un superbe voyage poétique et attachant.
Je m'appelle humain - Bande-annonce from Les Alchimistes on Vimeo.
Crédits photos et vidéo : © DR - Les Alchimistes
belle analyse!!!
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