Interview d'Alix Bénézech, la talentueuse actrice Frenchy

 

Alix Bénézech

 Crédit Solenne Loustalan

 Alix Bénézech, fait partie de ces actrices caméléons qui changent de couleur, aussi bien de cheveux en ce qui la concerne, que de registre avec une aisance naturelle. 

Belle, simple, talentueuse, elle est une des rares comédiennes de sa génération à pouvoir se vanter d'avoir tourner aux côtés de Tom Cruise et de faire une carrière internationale.

Alix peut être fière d'avoir construit sa carrière sans l'aide de quiconque. Pas de piston, pas de connaissance dans le milieu, à force de travail elle a su trouver sa place dans le paysage cinématographique. 

Érudit, elle aime les beaux textes et se passionne pour Proust. Elle enchaîne aussi bien les rôles au cinéma, qu'à la télévision, au théâtre où dans des clips musicaux.

Peut-être aviez-vous lu ma critique où elle interprète "Miss Billy" dans le court-métrage influenceuse.


  © Emilie Carpuat

Alix nous vient de l'Est de la France et a commencé jeune par le théâtre.

C'est en 2010 que sa carrière commence réellement avec "Vénus Noire" d’Abdelatif Kechiche, puis les rôles s'enchaînent "De l'autre côté du Périph", "La vie nous appartient",  En 2018, elle joue dans "Mission impossible" et elle peut également ajouter à sa filmographie le fait d'avoir tourné sous la direction de Clint Eastwood dans le film "Le 15h17 pour Paris". On a également pu l'apprécier dans "La Belle Saison" de Catherine Corsini, "Camping 3", "En attendant Violette", pour ne citer que certains films.

Déjà auréolée de plusieurs prix d'interprétations, même si vous n'êtes pas cinéphile, vous avez dû la remarquer dans son rôle de Dorothée dans la série "Nina", dans "Emily in Paris" ou encore dans "Les mystères de la Chorale" diffusé dernièrement.

Solaire elle l'est, de plus elle la grâce, le talent, le charme, et nous surprend dans chaque rôle.

  

 © Emilie Carpuat

 Alix a accepté tout de suite l'interview et se livre sans détour

1 – Malgré la pandémie qui sévit, votre actualité est riche et vous êtes présente aussi bien à la télévision, qu’au cinéma. Pouvez-vous nous parler de vos sorties, projets à venir ?


Oui je me sens chanceuse et je suis reconnaissante de travailler au regard du contexte actuel.

J’ai tourné dans Les Mystères de la Chorale aux côtés de Nicolas Marié, un film diffusé avec beaucoup de succès sur France 3 et disponible sur la plateforme Salto.

© France Télévisions (Les Mystères de la Chorale)

Je suis au casting de la série Tahiti PK0 saison 2 diffusée depuis le 16 mars à 19 h 25 sur Polynésie la 1ère et prochainement sur France Télévisions, le replay de la série est disponible en métropole. Je joue Alexandra Bailly, l’un des premiers rôles de cette nouvelle saison. Elle est océanographe et va devenir lanceuse d’alerte un peu malgré elle. J’aime incarner des personnages du quotidien à qui le destin confie une mission qui les dépasse et qui se dépassent pour réaliser cette mission. C’était une expérience collective magnifique ! Et j’ai adoré tourner avec Guillaume Delorme et Edouard Montoute, et également les formidables comédiens polynésiens dont Edouard Malakaï, Tepa Teuru, Michael Vautor, Catherine Chanson qui joue ma maman et avec qui j’ai eu une super complicité. Je ne peux pas citer tout le monde mais je suis touchée de la façon dont on a été accueilli, je me suis sentie en famille.

© France Télévisions (série Tahiti PK0 saison 2)

Je joue dans la série Alice in Paris, la saison 3 vient de sortir sur la plateforme Amazon Prime et cartonne aux États-Unis sur la chaîne Hulu.

Je joue dans le film Seul réalisé par Théo Coudière aux côtés de Jacques Colin, nous venons tous deux d’être nommés comme “Best supporting Actress/Actor” au New Jersey Film Awards, et le film a déjà remporté 4 Prix dans des Festivals Internationaux. Il est visible sur Youtube. (J'ai visionné pour ma part ce court métrage et je tâcherai de venir vous en parler prochainement).

J’ai terminé le tournage d’un film international à Malte, je joue le premier rôle féminin, je me réjouis de pouvoir en dire plus bientôt.

Et j’ai repris le tournage du film Tom et Luce réalisé par Paule Muxel. Je joue Luce. C’est l’histoire d’un couple en crise. La réalisatrice interroge la complexité des rapports amoureux. Je joue aux côtés de François Pouron, Fabian Wolfrom notamment.

 © Paule Muxel (Tom et Luce)

 Et je vais prochainement tourner dans Milo un long métrage réalisé par Anthony Lesaffre, aux côtés de Amaury de Crayencour, avec qui j’ai joué dans Nina (la saison 6 sera prochainement diffusée sur France 2 et les saisons précédentes sont sur Salto). Depuis l'interview je peux annoncer que la série passera sur France 2 à compter du 26 mai 2021.

J’ai d’autres projets que je pourrai partager prochainement.


2 – En décembre vous vous trouviez en Polynésie française. Une série sort bientôt. Qu’avez-vous découvert là-bas durant le tournage ?


J’ai parlé de l’expérience collective exceptionnelle, humainement c’était sans doute ma plus belle expérience. J’ai aussi découvert un paradis sur terre qu’il est essentiel de préserver. La richesse des fonds marins qui sont plus difficiles d’accès que l’espace, c’est dire à quel point on a encore beaucoup à apprendre et qu’il est urgent et impératif de cesser la destruction des océans. J’ai eu la confirmation de mon amour pour la Nature, pour les animaux qui ont été présents durant tout le tournage comme des gardiens protecteurs de l’histoire qu’on raconte dans Tahiti PK0 et qui j’espère fera écho.

C’est un des enjeux de notre siècle, c’est plus qu’urgent puisque s’il on en croit les lanceuses et lanceurs d’alerte, il est déjà trop tard. J’ai vraiment découvert cela, pris conscience organiquement de cette urgence.

 © France Télévisions (série Tahiti PK0 saison 2)

3 – Vous rentrez de Malte il y a peu, pour la première fois de votre carrière vous tenez le premier rôle en langue anglaise. Pouvez-vous nous raconter comment ce mois avec le réalisateur, les autres comédiens, s’est déroulé ?


C’était un challenge à tout niveau, je ne peux pas en dire beaucoup pour le moment, j’attends le feu vert de la production pour cela. Ce que je peux dire c’est que c’était une expérience intense et qui a fait évoluer l’actrice que je suis.


4 – Déjà 11 ans de carrière avec tout de même, difficile de ne pas vous poser la question, un rôle dans «Mission impossible» aux côtés de Tom Cruise. Que gardez-vous de ce tournage ?


L’aventure n’est pas terminée, elle se poursuit dans mon travail, dans les échanges que j’ai avec le réalisateur. Je n’aime pas trop le mot garder dans le sens d’enfermer quelque chose en soi, et en cela je rejoins la philosophie du réalisateur qui croit au mouvement de la vie, rien n’est figé, tout change et peut changer. Accepter cela c’est un risque, c’est en engagement et c’est peut être cela être un artiste.

Si vous parlez de souvenir, je dirai celui de la script qui est venue en souriant me dire à la fin de la première journée : quand Tom Cruise s’approche de toi, à chaque prise, ton cœur bat si fort que je n’entends plus que ça dans mon casque. Je n’en avais pas conscience, j’étais complètement dans la scène. C’est toujours comme cela que je joue, complètement, corps et âme.

© Pauline Darley


5 – Vous êtes très active via les différents réseaux sociaux, ce qui ne vous a pas empêché de tenir le rôle de Miss Billy dans «Influenceuse». Que pensez-vous de cet engouement pour les influenceurs, et tous ces réseaux sociaux ?


Mes sentiments sont partagés. Je suis sur les réseaux sociaux et c’est une source d’inspiration infinie. Je suis abonnée à des comptes de Cinéma, de photographies, de peintres, d’associations notamment de préservation de la planète et je crois en la puissance des images dans la création.

Mais je suis inquiète de voir l’influence que peuvent avoir les réseaux notamment sur un jeune public peut être pas encore ou pas bien éduqué à l’analyse des images. Un/une adolescente c’est un être humain en construction, c’est un âge clef et certains peuvent être influençables sans même s’en rendre compte. Sandy Lobry la réalisatrice interroge cela dans son film. Elle a elle même été la cible des fans d’une influenceuse, Lena Situations, suite à son passage dans Complément d’enquête. J’ai trouvé cela injuste car ce qu’elle dit est vrai. Il y a des influenceuses qui vendent des produits de mauvaise qualité, il y a même des arnaques, ou diffusent une image si déformée de la réalité que cela peut créer de la dysmorphophobie chez certains jeunes ou moins jeunes d’ailleurs. Le compte instagram Menteurs Menteuses est formidable pour cela, il permet de décrypter le vrai du faux, le réel du trafiqué. Je ne dis pas que c’est bien ou mal de retoucher ses photos, c’est normal de vouloir se montrer sous son meilleur jour, on le fait tous, aussi avec le maquillage, la lumière. Mais c’est important de savoir que certaines images ne sont pas la réalité. Juste avoir cette conscience, ce recul là.


6 – Les spectateurs, télé-spectateurs vous connaissent aussi via le rôle de Dorothée dans Nina. Une prochaine saison approche. Vous restez fidèle à cette série, que vous apporte t’elle ?


Oui la saison 6 va bientôt être diffusée, on a tous hâte, je reçois beaucoup de messages de fans, je me réjouis beaucoup de partager cette nouvelle saison !

J’ai grandi avec le personnage de Dorothée, j’ai toujours eu le désir de créer un personnage qui évolue dans le temps, cette récurrence est une opportunité pour un acteur/actrice. La saison 6 semble être la dernière mais qui sait ? Je serai heureuse de continuer à faire vivre Dorothée Ariès, c’est un personnage complexe, dont l’hypersensibilité fait du bien, c’est un peu une super humaine et c’est bien de voir à l’écran des personnages vulnérables en apparence mais qui ont une force intérieure qui leur permet de surmonter les situations les plus difficiles. Je crois en la vulnérabilité et en la résilience.


7 – Vous faîtes partie des (rares) actrices françaises à concilier une carrière française et internationale ? A quoi cela tient il à votre avis ?


J’ai grandi à l’étranger, j’ai toujours eu la curiosité d’apprendre des langues étrangères, des cultures étrangères, j’ai été éduquée comme cela aussi, je suis attirée par l’altérité. Je crois que c’est parce qu’au fond de moi j’en ai le désir. Tout simplement.


8 – Vous pourriez avoir «la grosse tête» et pourtant vous arrivez à rester les pieds sur terre, simple, proche de votre lectorat. Qui ou quoi vous aide à rester simple ?


Je ne sais pas être différente de ce que je suis, c’est paradoxal pour une actrice. Depuis le début de ma carrière, j’ai entendu tellement de fois, “tu devrais être comme ci, tu peux pas t’habiller comme ça, tu peux dois pas sourire, tu ne dois pas dire que tu as fait des études, fait l’idiote, tu es trop proche des gens, pas assez star dans ton attitude, tu es trop gentille, trop sensible, trop si, pas assez ça...” Je suis une outsider, j’en ai conscience. Pour certains dans le métier, je suis un ovni, ils ont du mal à me comprendre. J’en ai souffert au début, surtout quand j’entendais des ragots insensés.

C’est souvent le cas quand on ne comprend pas quelqu’un, on l’enferme dans des cases. C’est comme ça que commence le harcèlement, quand on ne comprend pas l’autre et qu’on a peur de lui. J’en ai été victime mais aujourd’hui je m’en fous. Et surtout je n’en veux à personne. Si je suis encore là après 11 ans de carrière, c’est que je crois au travail et je pense que c’est la seule chose qui importe. Une productrice me l’a dit récemment, si tu es là c’est que tu as ta place. C’est pour ça que c’est important d’être patient, croire en son travail, davantage qu’en soi. On prône la confiance en soi mais je crois que le travail, les actions sont plus puissants. La confiance en soi, dit comme ça, ça ne veut rien dire. C’est un concept flou. Paradoxalement, c’est un concept qui peut nous faire douter : “Est-ce que j’ai confiance en moi ?” Et ça y est, on commence à se poser des questions. Voilà peut-être pourquoi je suis simple, parce que je fais, j’agis. J’ai peur, je suis vulnérable oui, mais j’agis et ce courage là, d’accomplir des choses dont je ne me sentais pas capable au début me donne confiance et donne confiance aux autres aussi je crois.


9 – En plus d’être jolie, vous êtes aussi férue de littérature, vous détenez un master, on peut dire que vous avez une tête bien pleine. Que recherchez-vous au travers d’un texte ? Comment choisissez-vous vos scénarios ?


Merci ! Oui je suis passionnée par l’écriture de Marcel Proust, je pense que je vais faire publier mon master.

Je cherche à être bousculée émotionnellement et parfois intellectuellement. Mais je lis le plus souvent les scénarios de façon organique. J’ai un esprit analytique, j’aime la logique, mais quand je lis un scénario, j’aime m’abandonner à mes sensations.


10 – Vous faîtes aussi de la scène, pensez-vous reprendre le théâtre dès que possible ?


Tout dépendra de l’évolution de la situation. Le dernier projet théâtral auquel j’ai participé était en 2019, Les Rivaux mis en scène par Anne-Marie Lazarini au Théâtre Artistic. Nous étions 10 sur scène à jouer presque tous les soirs pendant deux mois. C’était merveilleux ! Cela me manque c’est certain.

 © François Xavier Antonini


11 - On vous a vu dans un clip musical de «Vaiteani», vous êtes très hétéroclite en fait. On dirait que vous appréciez de vous diversifier. Est-ce vrai ?


Hétéroclite je ne sais pas, je dirai que j’ai la chance qu’on me propose des projets différents et très intéressants. Pour parler du clip de Vaiteani, Embrace, il est réalisé comme un court métrage, nous avons tourné plusieurs jours et il y a un espace pour le jeu d’acteur.


12 – Vous ne cachez pas votre admiration pour Proust. Justement par rapport à cela dans le fameux questionnaire, quelle est la question que vous préférez et pouvez-vous y répondre ?

C’est une question difficile, je dirai “Mon rêve de Bonheur”, j’essaie d’y répondre tous les jours. La réponse change, c’est ce qui est beau avec le questionnaire de Proust, il évolue avec soi.


13 - Vous avez été égérie pour la marque Jaguar, aimeriez-vous être égérie pour une marque que ce soit beauté, mode ?


Je fais des partenariats, des échanges avec des marques, je choisis le plus possible des marques éco-responsables. Oui j’en serai ravie, c’est le fait d’une rencontre.


14 – Que préférez-vous en fait : le théâtre, le cinéma, la télévision, les clips, les courts-métrage et pensez-vous un passer un jour à la réalisation ?


J’aime mon métier dans tous ces aspects, c’est ma passion et je suis heureuse de la vivre pleinement, d’être dans état de création permanent.


15 – Que souhaitez-vous par dessus tout pour 2021 et les années à venir ?

Je souhaite que tous ceux qui sont dans le besoin, qui vivent très difficilement cette période, qui se sentent seuls, qui sont blessés ou malades puissent être soulagés, puissent guérir, retrouver ou trouver un travail qui leur plaisent, manger à leur faim, avoir un toit, être entourés, se sentir aimés, qu’ils puissent être heureux, je le souhaite de tout cœur.

© Emilie Carpuat

Bien que jeune, Alix a beaucoup de maturité et sait ce qu'elle veut... ou pas.

Alix une actrice qui se livre sans faux semblant. Si les fées existent elles ont dû se pencher sur son berceau afin de lui offrir une tête bien pleine en plus d'être jolie. Une éloquence poétique, une personne simple de surcroît, avec qui on a envie d'être amie. 

Par rapport à ce billet je n'ai qu'un regret ne pas avoir pu, à  cause de la pandémie, et la distance,  photographier moi-même cette actrice pour alimenter ce post,  mais je ne perds pas espoir un jour de pouvoir le faire. 

Merci à elle pour cette interview ainsi que pour sa beauté intérieure comme extérieure et son humilité.


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