Cinéma, Une Vie Secrète - Critique
Espagne, 1936. Higinio, partisan républicain, voit sa vie menacée par
l’arrivée des troupes franquistes. Avec l’aide de sa femme Rosa, il
décide de se cacher dans leur propre maison.
La crainte des représailles et l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre condamnent le couple à la captivité.
Dans le rôle de Higinio Blanco, l'excellent acteur Antonio De La Torre, vu dernièrement dans Tiempo Despuès et Companeros ou encore El Reino.
Il investit complètement son rôle d'homme qui doit se séquestrer pour survivre et ce durant tellement d'années. Il arrive à nous maintenir en haleine tout au long de ce long métrage alors qu'on le voit vivre, ou plutôt survivre, dans quelques mètres carrés. Impressionnante prestation.
Que dire de la fabuleuse Bélen Cuesta (Rosa) la femme de Higinio dans ce film. Je ne connaissais pas cette comédienne et malgré un sujet grave elle arrive à irradier "Une vie secrète". Ce n'est pas pour rien qu'elle a obtenu le Goya 2020 comme meilleure actrice pour ce film.
L'histoire inspirée de faits réels qui se sont déroulés durant plus de 33 ans, nous mène en profondeur, les profondeurs de la cachette de Higinio mais les profondeurs de l'âme de ses deux êtres qui doivent sans arrêt tout faire pour ne pas se faire prendre.
Ces hommes qui se cachaient étaient nommés les taupes. Comment avoir encore la foi, envie de vivre alors que l'on vit reclu aussi longtemps
Ce long métrage montre également les tensions qui peuvent apparaître au sein d'un jeune couple. En effet, alors qu'ils viennent de se marier Rosa et Higinio, au lieu d'un voyage de noces, sont obligés de se séparer, puis de vivre pour lui caché dans leur maison, ce qui amène forcément des tensions au sein des époux. Il faut sacrément s'aimer pour arriver à vivre tant une telle situation et avoir un caractère en béton pour supporter cette tension de tous les jours.
L'angoisse est leur quotidien, la souffrance morale également. Il est inimaginable de visionner un tel destin et se dire que certains ont survécu mais d'autres non.
Les réalisateurs nous proposent un film sombre visuellement mais ce qui paraît normal car la majeure du film se situe en intérieur, ou dans une cachette dans un trou.
Durant tout le long métrage des mots avec des définitions vont jalonner ce dernier, comme des chapitres : cacher, décennie, résister, sortir, etc....
Bien que ce long métrage soit long, 2 h 20, et que le sujet revienne en boucle : voir cet homme vivre caché et sa femme aménager sa vie à ses côtés, il n'en reste que ce film reste captivant.
On vit la peur en leur compagnie, l'agoraphobie d'Higinio, les tensions, les heurts qu'il peut y avoir entre ses êtres qui ne vivent pas comme tout le monde, mais aussi l'amour qu'ils se portent malgré les difficultés de cette vie inexprimable. Le franquisme est omniprésent et nous montre une partie de l'histoire et la font connaître pour celles et ceux qui n'en n'auraient pas eu vent.
Ce film d'une grande intensité vaut la peine d'être vu, même si la durée peut faire peur. A voir pour l'ambiance, le jeu grandiose des acteurs, et pour ces évènements vécus même si ils paraissent improbables et aberrants mais pourtant vrais. Un remarquable drame.
Prix et festivals :
- Goyas - meilleure actrice et meilleur son
- Festival International du film de San Sebastián - meilleur
réalisateur, meilleur scénario, meilleur film basque, meilleur scénario
basque, prix FIPRESCI de la critique internationale
- Festival du cinéma méditerranéen Arte Mare meilleure bande son et mention spéciale du jury
- Festival de cinéma Européen des Arcs
- Festival de cinéma espagnol et latino-américain d’Ajaccio
- Regards Valence - Festival du cinéma espagnol et latino-américain
- Quinzaine Latino de Chambéry
- Festival 2 Valenciennes
- Rencontres du Sud d’Avignon
- Reflets du cinéma ibérique et latino-américain de Villeurbanne
- Festival Itinérances d’Alès
- Festival du cinéma espagnol de Nantes
- Rencontres du cinéma de Salon-de-Provence
- Festival du cinéma espagnol et latino-américain Ojoloco Grenoble
- Rencontres sur les Docks Bayonne
Crédits photos et vidéo : Epicentre Films
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Vous êtes passés me lire, laissez moi un petit mot - Merci