Cinéma, Made In Bangladesh de Rubaiyat Hossain - Critique
Il est bon que des films nous ouvrent les yeux et nous montrent des réalités qui se passent dans le monde. C'est ce que fait la réalisatrice Rubaiyat Hossain avec "Made In Bangladesh". Cette dernière s'est vraiment renseignée et nous livre une vérité qui devrait cesser.
Synopsis :
Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh.
Face à des conditions de travail de plus en plus dures, elle décide avec
ses collègues de monter un syndicat, malgré les menaces de la direction
et le désaccord de son mari. Ensemble, elles iront jusqu’au bout.
Rikita Shimu, est Shimu dans le film. Engagée, elle se veut libre. L'actrice a appris beaucoup aux côtés de Novera Rahman, qui interprète Daliya et qui est dans la vie vraie une réelle ouvrière.
Les conditions dans lesquelles travaillent ces ouvrières sont détestables. Nous sommes au XXIe siècle et par rapport au profit, comme toujours, la société ferme les yeux et fait comme l'autruche.
Dès lors qu'une femme est de classe moyenne, ou pauvre, elle est exploitée et il est difficile pour elle de s'en sortir. Le pire c'est que ce sont souvent de jeunes femmes qui sont sous l'emprise de patrons peu scrupuleux et dans le cas présent au Bangladesh.
Ces dernières ont peu de moyens afin de s'en sortir. Où bien un mariage très jeune et forcé, bien souvent avec un homme plus âgé, ou travailler dans de pénibles endroits. Leur destinée n'est guère enviable, tout cela pour un salaire de misère, avec de nombreuses heures, souvent supplémentaires et guère payées quand elles le sont. Quant on sait le nombre de pièces qui sont produites par jour par ces sociétés - plus de 1600 - et que le prix d'un produit en Europe équivaut à un salaire d'une ouvrière au Bangladesh il faut ouvrir les yeux et de notre côté agir afin d'essayer d'arrêter que ce genre d'exploitation puisse encore avoir lieu.
Bien que le Bangladesh soit dirigée par une femme, il n'en reste pas moins que la condition féminine et la masse salariale est à 80 % féminine. L'industrie textile apporte tellement au pays que l'on ferme les yeux sur beaucoup de choses.
La réalisatrice dépeint très bien son pays. Elle n'occulte rien. Les rues sont recouvertes d'immondices, les Ministères remplis de dossiers poussiéreux, les transports bondés et c'est pourquoi on voit ces ouvrières marcher tout au long du film car elles ne peuvent compter que sur leur courage pour avancer dans tous les sens du terme.
Les hommes n'ont plus le pouvoir qu'ils avaient jusqu'alors. Reste à trouver le moyen d'arriver à stopper un système corrompu, et une administration qui l'est tout autant.
Malgré un sujet grave, une musique joyeuse, de nombreuses couleurs apportent tout de même une certaine joie de vivre, car ces femmes aiment la vie, danser, s'amuser malgré tout.
Comme le dit Rubaiyat Hossain : "Les classes sociales sont très structurées au Bangladesh. Mais les femmes s’entraident au-delà de leurs différences".
Si à notre échelle, nous cessions d'acheter dans certaines enseignes, nous ferions, peut être, cesser ce commerce immonde et quelques manufactures fermeraient peut être leurs portes car tant qu'elles agiront de cette façon elles n'ont aucune raison d'exister.
La dernière scène du film est très prenante et la réalisatrice fait clairement passer un message. Ne voulant spoiler la fin je ne dévoilerai rien, mais de façon simple et subtile, elle fait naître un espoir, qui espérons le améliorera la vie de ses Bangladeshies.
MADE IN BANGLADESH
Titre original : মেড ইন বাংলাদেশ
Réalisé par Rubaiyat Hossain
Avec : Rikita Shimu, Novera Rahman, Parvin Paru, Deepanwita Martin, Mayabi Maya, Mostafa Monwar, Shatabdi Wadud
Distribué par Pyramide Distribution
Genre : Drame
Nationalité : Bangladesh, Danemark, Portugal
Durée : 1 h 35En salle le 4 décembre 2019
Bon à savoir :
Le Bangladesh est le deuxième plus grand exportateur mondial de vêtements derrière la Chine. Environ 4 millions d’ouvriers sont employés à bas coût dans quelque 4 500 ateliers, fabriquant à tour de bras des vêtements pour les distributeurs occidentaux comme H&M, Primark, Walmart, Tesco, Calvin Klein, Gap, Carrefour ou Aldi.
Les exportations du secteur textile représentent 80% des exportations totales du pays. Au total, 60% des habits vendus en Europe proviennent des usines bangladaises. Les Etats‑Unis sont aussi un très grand gros client. C’est un gigantesque business qui rapporte 30 milliards d’euros par an.
Salaire et droit de grève :
Les ouvriers et les ouvrières du textile au Bangladesh sont les plus mal payées au monde. À noter que les femmes (parfois mineures) représentent 85% de la force de travail. Il n’y avait pas eu d’augmentation du salaire minimum depuis la catastrophe du Rana Plaza en 2013, quand un bâtiment industriel abritant plusieurs usines de confection s’est effondré, tuant plus de 1130 travailleurs et travailleuses.
Le ministère du travail a annoncé en décembre 2018 une revalorisation du salaire minimum mensuel à hauteur de 8 000 taka (82 EUR) contre 5 300 taka (54 EUR) auparavant : une hausse insuffisante selon les syndicats de travailleurs et travailleuses. En janvier 2019, une semaine de grève pour tenter d’obtenir de meilleurs salaires a été largement suivie. Une manifestation dans la banlieue de Dacca a réuni plus de 50 000 personnes. Elle a été durement réprimée par la police locale. Près d’un millier de grévistes ont été licencié.es au terme du mouvement. Au Bangladesh, où les grands patrons du textile sont très liés au parti ultra-majoritaire, la Ligue Awami, les libertés syndicales, le droit de manifester ou le droit de grève, sont régulièrement bafoués.
Des conditions de travail indignes :
Les usines se trouvent souvent dans des immeubles construits sans permis, qui ne répondent généralement pas aux normes de sécurité : installations électriques défectueuses, sorties de secours bloquées ou inaccessibles et absence d’alarmes incendie. Plus de 500 ouvrières ont trouvé la mort dans des incendies depuis dix ans.
Les ouvrières subissent des pressions importantes quand la date de livraison d’une commande approche. Elles peuvent travailler jusqu’à minuit sans pause. On leur demande même de travailler de nuit, les prévenant le soir même, sans qu’elles aient le temps de s’organiser, notamment pour la garde des enfants.
Le travail de nuit est légal au Bangladesh mais les enquêtes montrent que ces horaires nocturnes sont considérés comme de simples heures supplémentaires, effectuées par les équipes qui viennent de faire leur journée. Les ouvrières sont régulièrement menacées de licenciement si elles refusent de travailler de nuit.
Crédits photos et vidéo : Pyramide Films
#madeinbangladesh
# মেড ইন বাংলাদেশ
J'ai très envie de le voir, il a l'air très beau. Pour ma part j'ai résolu de ne plus acheter de neuf dans les enseignes dont les vêtements sont fabriqués en chine et au Bengladesh (entre autres !). Parce que je pense qu'on devrait produire moins mais mieux, et partout dans le monde. Que ces femmes et ces hommes puissent travailler pour un salaire décent et pas à la pièce pour un prix dérisoire. Changer un peu la loi du marché par notre manière de consommer. J'espère le voir ce weekend !
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