à septembre 15, 2019

Cinéma, Portrait de la jeune fille en feu avec Adèle Haenel et Noémie Merlant - Critique

septembre 15, 2019 1 Comment

Portrait de la jeune fille en feu est un film d'une femme, plus exactement de Céline Sciamma, avec pour oeuvres "Naissance des pieuvres" qui l'a réellement fait connaître, ainsi que son actrice fétiche Adèle Haenel, "Tomboy" ou encore "Bande de filles".

Synopsis :

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.

Ce film, uniquement féminin, a deux jeunes têtes d'affiche : Adèle Haenel et Noémie Merlant.

Adèle Haenel est une actrice connue et reconnue depuis des années désormais. Après des prix comme celui de Romy Schneider en 2015, le césar de la meilleure actrice dans un second rôle dans "Suzanne" et celui pour un rôle principal dans "Les combattants", elle vient de nouveau nous surprendre dans le rôle d' Héloïse.

Cette comédienne accroche la lumière par sa beauté, elle livre une composition remarquable. Contenue, Héloïse se soumet aux décisions prises pour elle par sa mère, pourtant elle va sortir peu à peu de sa réserve. Comme toujours elle rayonne Adèle rayonne.

En me rendant à la projection, je pensais qu'Héloïse serait Noémie Merlant. Déjà première surprise car la réalisatrice a fait le choix de donner le rôle de la femme libérée à cette dernière qui interprète Marianne la peintre, et c'est une excellente idée. Véritablement révélée dans "Le ciel attendra", elle fait jeu égal avec Adèle Haenel. Elle sait y être sensuelle mais aussi vraiment émancipée. Dans de nombreuses scènes, cette dernière a les mains dans les poches de sa robe et a une attitude plus masculine que la douce Héloïse.

Deux autres femmes complètent la distribution. La toute jeune Luàna Bajrami, qui est la servante Sophie, que l'on retrouve également actuellement dans "Fête de famille". La mère d'Héloïse est Valéria Golino, juste comme bien souvent.

La manière d'aborder le film au travers de la peinture est une bonne idée. Certains plans sont comme des toiles mises bout à bout qui nous donnent un magnifique tableau. La réalisatrice nous livre un long métrage pur, doux, mais aussi parfois brûlant par la tension montante des deux jeunes femmes irrémédiablement attirées l'une par l'autre.

De nombreux gros plans, qui mettent en valeur les comédiennes. Les regards valent parfois mieux que les mots, d'ailleurs certaines scènes se passent de dialogues. Certains plans sont des plus troublants.

Outre la prestation des actrices, le point fort de ce film est indéniablement la photographie qui est remarquable.

Bien que se passant au XVIIIème siècle, la réalisatrice aborde le sujet de l'homosexualité, de l'avortement, du mariage arrangé qui sont toujours d'actualité alors que les siècles se sont écoulés.

Une sorte de pudeur entoure le film, les sentiments sont omniprésents, avec en toile de fond la peinture, et une jeune fille soumise aux désirs de sa mère. L'autre est émancipée et mène sa vie comme elle l'entend. Dans toutes époques des femmes voulaient plus d'égalité et c'est ainsi que vit Marianne. D'ailleurs le fait qu'elle soit peintre, dans un siècle où étaient plus présents les hommes, est voulu sciemment par la réalisatrice.

Céline Sciamma sait sublimer la femme, avec cette passion amoureuse entre ces deux êtres. Portrait de la jeune file en feu est une belle oeuvre, sobre, romantique, bouleversante, avec beaucoup d'émotions, qui vaut la peine d'être visionnée.