Cinéma : Jusqu'à la garde de Xavier Legrand avec Léa Drucker et Denis Ménochet- critique
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Jusqu'à la garde est le film choc de cette semaine. Un film vu il y a déjà quelques semaines, mais qui est encore bien ancré dans ma tête. J'ai d'ailleurs attendu pour vous en parler, car je voulais qu'il vous reste bien en mémoire avant sa sortie, afin de vous inciter à aller le voir. Ce long métrage Jusqu'à la garde est une claque cinématographique aussi bien au niveau du sujet, de la réalisation et de l'interprétation. Un film COUP DE COEUR et COUP DE POING.
Ce n'est pas seulement parce que le sujet des femmes maltraitées, abusées, éclate en pleine lumière en ce moment qu'il faut se rendre au cinéma pour visionner jusqu'à la garde mais pour voir le premier film d'un réalisateur, que l'on avait déjà pu repérer avec des courts métrage, où il abordait déjà le même thème et avec les mêmes acteurs. La douce et belle Bénédicte, du blog Princesse Acidulée a d'ailleurs visionné ce dernier et vous en parle dans son billet.
Xavier Legrand nous livre là une oeuvre rare, dure, mais réelle.
La première scène est lente, froide, tellement procédurière, mais tellement réelle, si bien que l'on se retrouve de suite plongé dans l'ambiance du long métrage, mais aussi dans la vraie vie.
Le sujet : une femme et un homme ayant un enfant divorcent et de là le film va aller crescendo. Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous dévoiler ce film car on peut se poser bien des questions au cours de l'histoire. En effet, la justice n'est pas toujours aussi efficace qu'on peut le prétendre. On se pose des questions car la mère dit elle toute la vérité, car en fait on ne voit rien, ne fait-elle pas cela pour détourner son fils de son père. Il y a des cas ainsi. Le père est-il aussi violent que ce que l'on veut bien nous faire penser ?
Ce film vous fera vous poser des tonnes de questions et vous dévoilera bien des choses.
Les conflits conjugaux existent, qu'ils soient physiques ou moraux, et Jusqu'à la Garde va les évoquer les uns après les autres.
On pense bien entendu à "Kramer contre Kramer" mais ici nous sommes dans un autre registre car le film penche du côté du thriller.
Là où Xavier Legrand, est fort c'est qu'il arrive à faire monter la tension, et surtout la notre, au fur et à mesure que les images défilent sur l'écran. Il a écrit un scénario en béton et maintient une intrigue haletante.
De plus, toujours les mêmes cadrages, les mêmes lieux au film, donne un sentiment d'emprisonnement, comme le fait le père envers son fils et son ex femme.
Le plus angoissant est la non musique tout au long du film. En mettre aurait été une gageure. Dans une certaine scène celle-ci est présente, mais elle trouve tout son sens et est même extrêmement forte car il s'agissait d'une sorte de libération.
Les autres moments, ou justement le film est dépourvu de musique, on peut entendre tous les bruits. Vous savez ceux que vous pouvez percevoir la nuit et qui font bien flipper. Là idem, le bruit d'un ascenseur, ceux des pas qui s'approchent font que le malaise se fait de plus en plus oppressant.
Xavier Legrand nous emporte dans son film et nous transmet la peur que Léa Drucker, Miriam dans le film ainsi que Thomas Gioria, Julien dans le long métrage, peuvent ressentir.
Parlons justement du jeu de Léa Drucker. Tout en retenue elle est bouleversante. On vibre à ses côtés et parfois ça fait horriblement mal. Parfois on a du mal à comprendre pourquoi elle reste en retrait et n'agit pas plus, mais la peur qu'elle a de son mari la paralyse presque. Peut être également une sorte de pitié, mais surtout une grosse emprise qu'exerce son ex mari sur elle, fait qu'elle n'arrive pas vraiment à se défaire de lui. Léa Drucker l'interprète très bien et nous oppresse autant qu'elle l'est.
Le jeune Thomas Gioria, pour qui c'est le premier film, est saisissant. Dirigé de main de maître par Xavier Legrand et entouré par deux grands comédiens, ce jeune garçon est d'une authenticité rare dans son jeu. Il trouve là déjà un grand rôle car il tient une place plus qu'importante et est l'une des figures maîtresses de ce film. D'un naturel désarmant, pour l'avoir rencontré par la suite, il a le don pour jouer et à coup sur on va le retrouver bien vite sur les écrans.
Je finirai au niveau des comédiens, car très bon casting, avec Denis Ménochet, un acteur français avec une carrière internationale. Vous allez peut être le détester dans ce film et pourtant quand on le rencontre par la suite il est tellement accessible, sympathique. Dans jusqu'à la garde, il interprète Antoine, ce père pour qui au début on aurait presque de l'empathie, va se révéler un être tyrannique, monstrueux et c'est en ce la que Denis Ménochet nous livre une composition incroyable car il fait passer tellement d'émotions. Son jeu est monstrueux, tout comme l'être qu'il est dans ce long métrage. Quelque part, ce père est presque dans le déni. Jusqu'où ira sa folie. Il oeuvre tellement bien que parfois on aurait presque mal pour lui et c'est là où Denis Ménochet donne le la profondeur à son rôle car il peut nous faire laisser croire des choses qui ne sont pas.
Le choix du titre jusqu'à la garde n'est pas bénin, comme nous le disait
le réalisateur, car jusqu'à la garde peut avoir plusieurs
significations, comme celle de ne pas la baisser, celle aussi de porter
un coup d'épée, jusqu'à la garde de garder cet enfant. Celle-ci peut aussi avoir une connotation sexuelle. Un titre fort et très intelligent.
Les non dits sont parfois plus difficile à entendre et à visionner, et c'est le cas de Jusqu'à la garde ce qui rend ce long métrage encore plus puissant et intense. Coup de maître de la part de Xavier Legrand avec ce premier film qui nous propose une oeuvre magistrale et nous tient en haleine pendant 1 h 30 . On le savait bon comédien, on le retrouve en formidable réalisateur.
Ce drame social, qu'est Jusqu'à la garde, nous prouve qu'il ne faut pas baisser celle-ci. Un film malheureusement tellement d'actualité dernièrement, mais qui a toujours existé, est un film à voir.... vraiment !!!!
Ce n'est pas pour rien que Jusqu'à la garde a obtenu 4 prix dont ceux de la Mise en Scène et du meilleur premier film à la Mostra de Venise.
Réalisé par Xavier Legrand
Avec : Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria, Mathilde Auneveux, Florence Janas, Mathieu Saïkaly, Sophie Pincemaille, Saadia Bentaïeb, Jean-Marie Winling, Martine Schambacher, Martine Vandeville, Jean-Claude Legay
Distribué par Haut et Court
Genre : Thriller
Nationalité : Française
Durée : 1 h 33
Récompenses : Prix du public Long métrage aux premiers plans d'Angers 2018, Chistera du meilleur film au Festival International des Jeunes réalisateurs de St Jean de Luz 2017, Lion d'Argent prix de la Mise en Scène à La Mostra de Venise 2017, Lion d'Argent Meilleurs premier film à la Mostra de Venise 2017
En salle le 7 février 2018Le synopsis :
Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.
BONUS
Une fois de plus, quand j'ai le plaisir et le privilège de pouvoir échanger et rencontrer les artistes, je vous montre quelques photos prises chez Canal Plus que je remercie pour l'invitation.
Thomas Gioria, Léa Drucker, Xavier Legrand, Denis Ménochet
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Crédits photos et vidéo : Copyright Haut et Court - Autres*Dame Skarlettte
(Photos prises avec l'appareil Panasonic Lumix FZ300)
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