
EN SALLE LE 02 AVRIL 2025
SONGE
Titre original : Passing dreams
Réalisé par Rashid MASHARAWI
Avec : Ashraf Barhom, Adel Abu Ayyash, Emilia Al Massou
Distribué par Coorigines Distribution
Genre : Drame
Origine : Palestine, France, Suède
Durée : 1 h 19
Synopsis :
Sami,
12 ans, est obnubilé par la recherche de son insaisissable pigeon
voyageur à travers les territoires palestiniens. Persuadé que l’oiseau
est retourné sur son lieu d’origine, Sami entame un périple le
conduisant de son camp de réfugiés près du mur de séparation jusqu’à
Haïfa.
Chemin
faisant, il convainc son oncle et sa cousine de l’accompagner, passe la
ligne « verte », entre à Jérusalem et rencontre d’autres Palestiniens.
Peu importe le pigeon finalement, ce voyage apporte espoir et assurance,
que l’envol du pigeon symbolise.

Ma critique :
Quelle bonne surprise que ce film sans prétention et pourtant bien plus profond qu'il n'y paraît.
Alors que le jeune Sami attend patiemment le retour de son pigeon offert par son oncle, voyant que celui-ci ne revient pas comme il devrait le faire, il décidé d'aller de son camp de réfugiés jusqu'à chez son oncle à Bethléem, où se dernier réside avec sa famille. Tout cela sans prévenir sans mère.
On apprendra plus tard que le père de Sami est enfermé dans un camp et que sa mère ne parle plus à son frère, l'oncle de Sami.
De là, le jeune garçon, son oncle et sa cousine vont accomplir un périple afin de tenter de récupérer ce fameux pigeon.
L'histoire que le réalisateur nous conte va nous mener de Cisjordanie, jusqu'à Bethléem, et Haïfa. Ensemble ils vont rencontrer de nombreuses personnes qu'elles soient palestiniennes, juives, croyantes, non croyants, catholiques, musulmanes et même russes.
Même si l'idée est de rechercher un pigeon, le fond de cette histoire est bien plus poussée que cela. En effet, nous pouvons voir que ce pigeon relie Sami à son père, et que des faits qui sont survenus dans le passé vont refaire surface pour mieux comprendre certaines choses qui ont pu avoir lieu dans leur famille.
Le réalisateur, qui a dernièrement supervisé le documentaire le très intéressant From Ground Zéro, a filmé Songe avant le 7 octobre 2023. On y voit des personnages qui cohabitent ensemble sans que cela ne pose aucun problème.
Rashid Masharawi apporte de nombreuses touches d'humour aux dialogues, ce qui rend ce film encore plus attachant. Les interprètes sont plus que convaincants, et l'on roule avec eux dans une vieille guimbarde vers différents lieux.
Le scénario est très bien construit et avec une durée de seulement 1 h 15, ce film résume bien dans un court délai, une histoire qui pourrait se dérouler n'importe où pour n'importe qui.
Toutes les furtives rencontres que vont faire les protagonistes sont intéressantes pour les différentes cultures, religions et manière de vivre des tous ces gens croisés.
De même les trois personnages principaux apportent tous quelque chose par leur manière d'être et de penser.
Ici pas question de guerre, pas de combats, pas de disputes, ce qui importe à l'oncle c'est de faire plaisir à son neveu. Un long métrage léger tout en restant intéressant et qui peut donner à penser sur ce qu'est devenu le monde d'aujourd'hui. On comprend bien que les querelles ne sont pas nécessaires et que l'on peut vivre sans et sainement. Un film qui pousse à la réflexion.
Pour en savoir plus :
A propos du réalisateur
Rashid Masharawi est un réalisateur, scénariste et producteur palestinien, né en 1962 dans le camp de réfugiés de Shati, à Gaza. Issu d'une famille de réfugiés, il grandit dans un contexte de conflit et d'occupation, ce qui influence profondément son œuvre cinématographique. Masharawi s'intéresse particulièrement aux thèmes de l'identité, de l'exil et des conditions de vie des Palestiniens. Premier réalisateur à avoir un film sélectionné sous pavillon palestinien au Festival de Cannes, Rashid Masharawi commence sa carrière dans les années 1990 et se fait connaître grâce à des films tels que COUVRE FEU (Semaine de la Critique, Festival de Cannes, 1993), HAÏFA (Un certain regard, Festival de Cannes, 1996), ou encore Un ticket pour Jérusalem (2002), Attente(2005), L'Anniversaire de Leila (2008), qui remportent de nombreux prix internationaux. L’ensemble de ses films, qui alternent entre documentaires et fictions, reflètent l’ironie du quotidien palestinien tout en explorant des sujets politiques et sociaux avec sensibilité. Ils sont aujourd’hui étudiés dans de nombreuses universités.
Figure incontournable du cinéma palestinien contemporain de par ses contributions artistiques, il l’est également par son engagement pour la promotion du cinéma palestinien : en 1996, il a créé le Centre de Production et de Distribution Cinématographique à Ramallah, où il vit et travaille, pour promouvoir le cinéma local dans des camps de réfugiés. De nombreux réalisateurs palestiniens qui connaissent une carrière internationale ont fréquenté cette institution. Aujourd’hui, Rashid Masharawi poursuit ce but en formant de nouvelles générations de réalisateurs par le biais du fonds Masharawi pour les films et cinéastes de Gaza. Il supervise actuellement le projet From Ground Zero, co-produit par Laura Nikolov (production Coorigines), une œuvre chorale de 112 minutes, composée de courts-métrages tournés dans le chaos de la guerre à Gaza depuis le 7 octobre 2023 par 22 artistes palestinien.nes - fictions, documentaires, animations. From Ground Zero, sorti le 12 février en France, était présélectionné dans la catégorie meilleur film international pour les Oscars 2025.
Pour Songe, Rashid Masharawi était en plein montage de ce nouveau long-métrage, SONGE,
dans les locaux de la production rennaise Coorigines, lorsque les
attaques du 7 octobre 2023 ont été menées en Israël par le Hamas.
Note d'intention du réalisateur
"Pour moi, le voyage de Sami avec son oncle et sa cousine, à la recherche d'un pigeon disparu, est bien plus qu’une simple quête. C’est une exploration des liens humains, des lieux et des souvenirs. C’est aussi une tentative de préserver les rêves, malgré la dureté de la réalité et l’absurdité du quotidien.Ce périple devient une découverte de la beauté qui réside en chaque être humain et dans chaque endroit, une manière d’inventer l’espoir et de forger des protections intérieures contre les désillusions constantes, issues de l’inconnu et de l’irrationnel.Le film SONGE est, pour moi, une expérience cinématographique qui invite le spectateur à parcourir une Palestine où les rêves individuels s’entrelacent avec le rêve collectif.Parce que le cinéma est une langue capable de préserver nos rêves, notre identité et notre mémoire, il est crucial, en tant que Palestiniens, de réinventer notre patrie sur le plan cinématographique. Cela passe par des récits audacieux et novateurs qui nous représentent et participent à la construction de notre histoire.SONGE est un road movie qui cherche une route et qui la crée en chemin". - Rashid Masharawi
A propos des interprètes
Ashraf Barhom est un comédien Israélien, qui a joué dans des séries, téléfilms et films. Parmi les longs métrages on notera Paradise Now, Le royaume, Lebanon, Agora, Le choc des titans, Ennemis jurés, Héritage, Le chanteur de Gaza, The curve, Exodus, Farha... Il interprète l'oncle de Sami dans ce film.
Sa fille est interprété par Emilia Al Massou, une actrice Palestinienne. C'est son premier rôle au cinéma et y est formidable.
Sami est joué par le jeune Adel Abu Ayyash qui lui même est Jordanien. Un premier rôle pour lui également et il prouve qu'en mêlant les origines avec les trois acteurs principaux que tout est possible.
MA NOTE : 3.9/5
Crédits photos et vidéo : Coorigines Distribution
EN SALLE LE 02 AVRIL 2025 SONGE Titre original : Passing dreams Réalisé par Rashid MASHARAWI Avec : Ashraf Barhom, Adel Abu Ayyas...